Le ministère des Sport est en train de renouer avec ses vieilles habitudes, consistant à manœuvrer pour placer ses hommes à la tête des fédérations. La démarche est d’autant plus inopportune et inquiétante que les présidents des disciplines ciblées, à savoir le basket et le tennis, ont fini de marquer de leur empreinte la promotion et la relance de la «balle orange» et de la «petite balle», au plan national et international.
Par Hyacinthe DIANDY
On pensait qu’avec la Fédération sénégalaise de football, qui a vu son président élu démocratiquement par l’ensemble des délégués de club du Sénégal, le ministère des Sports allait s’inspirer de ce bel exemple de démocratie pour ne plus intervenir dans le choix des dirigeants des autres fédérations sportives. Laissant le soin au mouvement associatif d’en décider. Mais c’est sans compter avec les habitudes de manœuvres qui rythment la vie quotidienne des différents ministres qui se sont succédé à la tête du département des Sports.
Hier, Daouda Faye et Bacar Dia avaient joué leur partition, aujourd’hui c’est au tour de Mamadou Lamine Keïta et de ses collaborateurs de renouer avec certaines vieilles habitudes, consistant à vouloir, par une démarche de proximité et par la voie de la cooptation, placer leurs hommes à la tête des fédérations. On en veut pour preuve ce qui se passe en ce moment à la Fédé de basket où la tutelle est en train de manœuvrer à grande échelle pour débarquer le président Ass Gaye. En effet, après avoir participé à leur manière au départ de Mountaga Barry à la tête de la Ligue de Dakar, Mamadou Lamine Keïta et son cabinet, de connivence avec certains membres du Comité directeur fédéral, sont en train de dérouler leur plan de liquidation. Et cette lettre envoyée au président de la Fédé de basket le sommant de tenir l’Assemblée générale avant le 29 mars, en dit long sur l’intention affichée de la tutelle d’avoir la peau du patron de la «balle orange».
D’ailleurs pour revenir à l’objet de cette lettre, dont des extraits ont été publiés par nos confrères de Walf Sports le mercredi 10 mars 2010, on peut s’étonner que le ministre fasse diligence quant à la tenue de l’Ag de la Fédé de basket, oubliant peut-être d’avoir la même démarche concernant la liste des cooptés du Comité directeur de la Fédération sénégalaise de tennis, qui dort depuis plusieurs semaines dans son tiroir.
Et cette démarche de la tutelle est d’autant plus condamnable que les commanditaires de ce qu’on pourrait appeler un vrai complot, brandissent des arguments qui n’ont rien à voir avec la gestion fédérale du président Ass Gaye pour faire passer leur putsch. On peut les comprendre, car n’ayant pas grand-chose à reprocher à l’actuelle équipe fédérale qui, en dépit des difficultés financières auxquelles elle est confrontée, a réussi à faire démarrer sur fonds propres son championnat garçons et filles, qui se déroule en ce moment régulièrement, ainsi que les compétitions de Coupes qui viennent de débuter.
Sur le plan international, le retour des Lionnes sur la scène africaine, avec leur sacre à l’Afrobasket 2009, est venu confirmer le gros travail abattu par la Fédé au niveau du basket féminin, en attendant que le basket masculin retrouve ses lettres de gloire. D’ailleurs en vue du Mondial féminin, la Fédé a lancé son programme de préparation avec la première phase qui ne concerne que les joueuses locales. Et sous ce chapitre, le ministère des Sports, au lieu de manœuvrer pour débarquer le président Ass Gaye, ferait mieux de respecter les engagements pris par le président de la République. Recevant les Lionnes après leur sacre, Me Abdoulaye Wade, en présence du Premier ministre, avait donné des instructions fermes pour que les moyens soient déployés en vue de leur préparation pour le Mondial féminin. Ce qui ne semble pas être le cas actuellement, car depuis maintenant trois semaines que Moustapha Gaye et ses filles locales ont débuté leur stage à Dakar, aucun geste n’a été fait du côté de la Zone B. Pour le moment c’est la Fédé elle-même qui préfinance ce stage. Suffisant pour se demander pourquoi le ministère tient vaille que vaille à avoir la tête de Ass Gaye ? Qu’est-ce qui motive leur démarche ?
En attendant de trouver les vraies réponses à ces questions, qui ne sont pas seulement liées à la candidature annoncée de l’Imprimeur Baba Tandian, il faut noter que ce n’est pas seulement le basket qui est dans le viseur de la tutelle. La Fédé de tennis se pose aussi des questions par rapport à la démarche du ministère des Sports. Ce jeudi, en marge du point de presse organisé pour les besoins du Tournoi Prize Money, le président Issa Mboup a déploré la démarche du ministère des Sports qui tarde toujours à livrer la liste des cooptés du Comité Directeur qui a été pourtant mis en place depuis le 16 janvier dernier. «Je ne comprends pas la démarche du ministère. En tout cas je n’accepterai pas n’importe quelle liste», a pesté Issa Mboup qui révèle dans la même foulée des manœuvres venant «d’un membre du Comité directeur qui serait en train de s’activer pour postuler au poste de président de la Fédération». Demain, ce sera au tour de quelle fédération ?
ISSA MBOUP, PRESIDENT DE LA FEDERATION SENEGALAISE DE TENNIS
« Je ne vais pas travailler avec des gens qui n’ont rien à voir avec le tennis »
SSA MBOUP, PRESIDENT DE LA FEDERATION SENEGALAISE DE TENNIS
« Je ne vais pas travailler avec des gens qui n’ont rien à voir avec le tennis »
par Ahmadou Lamine KANE
La cooptation, qui avait contribué à la mise à genou du football sénégalais en 2006, va-t-elle de nouveau semer la zizanie au sein de la Fédération Sénégalaise de Tennis ? C’est la grosse interrogation qui pointe, suite à la sortie du Président de l’instance. Issa Mboup, qui faisait face à la presse, a fait état d’informations officieuses, selon lesquelles, en haut lieu des tractations se font pour lui prendre le fromage qu’il détient depuis une dizaine d’années.
Tout est parti du retard accusé par le département des sports pour répondre à la lettre envoyée par la Fédération Sénégalaise de Tennis (FST) pour la composition du nouveau bureau. En effet, le ministère doit se prononcer comme l’exige la loi pour faire connaître à la FST, qui est délégataire de pouvoir, la liste des cooptés choisis par le département pour figurer dans le comité directeur. Rien de plus normal.
Seulement du côté des autorités fédérales, la lenteur accusée pose problème. D’habitude, la réponse leur était donnée dans les quinze jours et cette fois, ils sont à 6 semaines sans réponses. Ce qui les conforte dans leur idée que « des tractations se font pour placer des hommes dans le comité directeur et au poste de président ». Pour le président Issa Mboup, il n’est pas question pour lui « de travailler avec des gens qui n’ont rien à voir avec le tennis, qui n’y connaissent rien ». Ce denier de préciser qu’il n’a aucune appréhension pour quitter son poste de président qu’il occupe après Moustapha Ndiaye et Mamadou Diagna Ndiaye. Cependant, il n’est pas d’accord « avec un chamboulement des procédures ».
En fait pour le patron du tennis qui était entouré de son staff, « il existait un gentleman agreement dans la transmission du pouvoir au niveau de la fédération, mais si les manœuvres persistent, je suis prêt à le rompre ». Toutefois, précise –t-il, « je n’abandonnerai jamais le bateau au milieu du gué ».
Selon le Président de la FST, « la fédération est certes délégataire de pouvoir, mais nous avons des obligations de résultats. Nous sommes plus à même de savoir qui peut gouverner le tennis ». Ainsi donc, le feu couve dans les instances, car le pressenti pour occuper le fauteuil de président est un membre du Comité directeur, « même s’il n’y a rien d’officiel pour le moment », avertit Issa Mboup.
Ce qui demeure certain, c’est que la future installation du bureau issu de l’Assemblée générale du mois de janvier dernier, ne manquera pas d’intérêt.