Les accusations selon lesquelles le Khalife général des Mourides, Cheikh Sidy Makhtar Mbacké, aurait reçu un milliard de FCFA du président Wade chagrinent profondément bon nombre de disciples mourides, mais aussi une bonne partie des chefs religieux de la ville sainte. C’est le cas Serigne Fallou Dieng, petit-fils de Serigne Massamba Mbacké et non moins responsable moral du «Cercle des Intellectuels Soufis», qui en veut à leur auteur, Serigne Yadaly Mbacké : «Ce que Yadaly Mbacké a dit n’est pas conforme à la vérité ; je vous assure que le Khalife Général des Mourides n’a reçu aucun franc de l’Etat», a-t-il indiqué dans l’entretien qu’il nous a accordé.
Qui est Serigne Fallou Dieng ?
Je suis le fils de Sokhna Mame Faty Mbacké, fille de Serigne Modou Faty Khary Mbacké, défunt khalife de Serigne Masamba Mbacké. Ce dernier est le frère cadet de Serigne Touba, Khadimou Rassoul. Je suis, aujourd’hui, à la tête d’une structure qui s’appelle le «Cercle des Intellectuels Soufis», mis sur pied depuis 2002. J’ai fait mes humanités auprès de Serigne Souhaïbou Mbacké Khadimou Rassoul, qui me chérissait beaucoup. Après, je me suis rendu au Maroc pour poursuivre mes études. Très tôt, j’ai eu une réelle passion pour la culture générale et l’écriture.
Que vous inspire ce récent chassé-croisé des politiques dans la ville sainte de Touba ?
Je vous signale que je suis le principal artisan de la venue du M23 dans la ville sainte. Ce rush en dit long sur l’importance du religieux vis-à-vis du temporel. Touba est bien dans son piédestal. On dit trivialement que les chefs religieux sont des régulateurs sociaux. J’allais dire qu’ils sont des facteurs de stabilité. Historiquement, quand l’arène politique était en passe de dégénérer, les marabouts venaient en sapeurs-pompiers. Les exemples de Serigne Touba et Blaise Diagne, Mame Cheikh Ibra Fall et François Carpot, Serigne Fallou avec Senghor, ou encore Serigne Abdou Lahad et Abdou Diouf sont mille fois révélateurs. Nous sommes plus importants que la société civile.
Comment, ça ?
Le président Wade, par exemple, a été réélu en 2007 par 2.900.000 Sénégalais de votants. Le Magal de Touba draine, annuellement, plus de quatre millions de pèlerins, le Gamou de Tivaoune plus d’1 million .Réunies, des associations de la société civile comme le RADI, Réseau Siggil Jiggen, Anéfa ne font pas 2000 membres .Elles sont bien inférieures aux dahiras Mame Diarra, les Moustarchidines, dahiras Sokhna Bally ou Sokhna Momy. Nous devons alors avoir voix au chapitre.
Roulez-vous pour Bennoo ?
Mon camp c’est le Sénégal. Lui seul m’intéresse. Cependant, je vous dis que je suis un membre actif du M23. Dans cette organisation, il faut plus de transparence. Nous avons beaucoup à faire. A Touba, il peine à convaincre les populations. Ces dernières restent encore fidèles au Président Wade qui vient toujours à leur rescousse.
Un mot sur la candidature de Wade pour 2012 ?
D’éminents constitutionnalistes ont démontré l’extra-légalité de sa candidature pour 2012. Ces derniers ont démontré avec pertinence et force détails l’impossibilité de l’actuel président à se présenter. Qu’il nous prouve le contraire !
Restons à Touba où votre oncle maternel, Serigne Yadaly Mbacké vient d’accuser le Khalife Général des Mourides d’avoir encaissé 1 milliard de F CFA du Président Wade.
Sidy Moctar Mbacké (yalla naïf yagg té wéer !) est un pur «soufianké». Il est détaché des biens de ce monde. C’est un homme soucieux de la paix sociable, un homme de dialogue. Il cherche toujours à jouer la carte de l’équilibre. Pression ne peut s’exercer sur lui. J’ai également des relations particulières avec Cheikh Bass Abdou Khadre qui le soutient dans sa noble mission. Quant à Yadaly Mbacké, ce qu’il a dit n’est conforme à la vérité ; je vous assure que le Khalife Général des Mourides n’a reçu aucun franc de l’Etat. La raison de son courroux, c’est qu’il a été boycotté lors de la «Journée Cheikh Massamba Mbacké» par Farba Senghor, Habib Sy et Madame Ngoné Ndoye. C’est ainsi qu’il a pris la résolution de faire dans le chantage en tirant sur le régime.
