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Relations entre Idrissa Seck et les confréries : le grand écart de Mara

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Avant-hier, il était chez Cheikh Bethio, hier chez Cheikh Tidiane Sy, aujourd’hui, chez Ahma Mbacké, comme dans ses jeux de yoyo en politique, Idrissa Seck semble ruser aussi avec les chefs religieux. Au moment où les chefs de parti se bousculent dans les foyers religieux pour solliciter des consignes de vote, Idrissa Seck snobe tout ce beau monde. Aujourd’hui, il s’avère difficile de le clicher dans une confrérie, car il ne serait ni tidjane, ni mouride, ni khadre, ni layène. Il serait simplement un musulman. Le 21 février 2007, les disciples de Cheikh Béthio attaquent le convoi du candidat de la Coalition Dekkil Yaakaar à Mermoz, des véhicules brûlés et de nombreux blessés. Ainsi, les rapports entre Idrissa Seck et Cheikh Bethio s’étaient désagrégés après la main sanglante des thiantacounes. Il leur aura fallu quatre longues années pour se réconcilier. Idrissa pose les premiers jalons, en allant présenter ses condoléances à Cheikh Bethio, qui venait de perdre sa sœur à Diamaguene Thiès. Le guide des thiantacounes dit à Idrissa, dans un langage à peine voilé, qu’aucune considération sociologique ne devrait le freiner pour diriger le Sénégal. Pour étayer son argumentaire, Cheikh Béthio avait donné son exemple, puisque malgré ses origines, des milliers de Sénégalais se prosternent devant lui pour lui prêter acte d’allégeance. Une manière subtile pour le Cheikh de doper Idrissa Seck qui semble mal guéri de ses origines. Une alliance stratégique entre les deux hommes serait profitable pour Idrissa Seck. Il est clair que si le ndigël est de moins en moins suivi par les fidèles, il n’en est point pour les talibés du Cheikh qui appliquent à la lettre ses consignes. Cheikh Béthio draine des milliers de talibés qui sont de potentiels électeurs. Il leur exige même de se présenter lors de leurs manifestations avec leur carte pour vérifier s’ils se sont inscrits sur les listes. Si Idrissa Seck venait à bénéficier du soutien des thiantacounes, il pourrait faire une belle performance en 2012. Cependant, rien n’est encore gagné, car le Cheikh fait partie des marabouts qui croient que le Sénégal sera dorénavant dirigé par un mouride. Les partisans de Seck soutiennent que bon nombre de marabouts se rapprochent de leur mentor pour élever les enchères, subtile manière de faire chanter et de ferrer Me Wade. Cheikh Béthio compte dans son carré, Abdou Khadre Diaylani Tall, demi-frère de Ndèye Penda Tall, épouse de Idrissa Seck, un élément clé dans le dispositif du Cheikh qui pourrait huiler la machine. D’ailleurs Diaylani Tall, parti en France, conceptualise le site du Cheikh qui sera bientôt sur orbite.

Aujourd’hui, certains cercles mourides influents croient dur comme fer que Touba pèsera lourdement sur la balance pour l’élection du futur Président. Chaque foyer religieux cherche à propulser son talibé. Ainsi reprochent-ils à M. Seck de n’avoir jamais fait acte d’allégeance à aucun khalife général. Il est établi que Idrissa Seck ne serait pas mouride. D’ailleurs, ces cercles lui reprochent d’avoir rabroué, une fois, Serigne Bara Mbacké Dolli. En effet, un jour à l’Assemblée nationale, Idrissa Seck était en séance de travail avec les députés de la mouvance présidentielle. La liste du jour dressée procédait à l’appel des participants. «Serigne Bara Mbacké Dolli.» «Mbacké», répondit le marabout-député pour marquer sa présence dans les lieux. «Je ne veux pas de Mbacké à l’Assemblée nationale. On répond présent», rétorqua Idrissa (Directeur de cabinet du président de la République) qui venait de verser un seau d’eau glacial sur le vieux marabout. Ainsi, l’attitude de Seck fut doublement interprétée. Pour les uns, Idrissa a scrupuleusement voulu imposer le respect des institutions, alors que pour les autres, il a toujours eu le dessein de désacraliser le mouridisme. C’est pourquoi, il n’avait pas hésité à ramener à une dimension purement péjorative le titre vénéré de khalife en mettant sur les listes électorales feu Serigne Saliou Mbacké. Un acte que certains fanatiques soulèvent pour dire que, quelle que soit l’origine de la consigne, ils ne voteront jamais pour Idy. Les rapports heurtés de Seck avec les mourides sont aussi liés à la mort de Khadim Bousso. Cela était un sacrilège lorsqu’il avait sommé les policiers de le cueillir alors que le marabout s’était réfugié à Touba. La thèse du suicide est rejetée par les mourides qui ne lui ont jamais pardonné d’avoir traqué jusque dans ses derniers retranchements, le marabout-homme d’affaires.

PLUS PROCHE DE L’ORTHODOXIE RELIGIEUSE
Aucun tidjane ne peut dire que Idrissa Seck lui a fait acte d’allégeance. Abdoul Aziz Sy Al Amin couve Idrissa Seck qu’il considère comme un disciple de la confrérie tidjane. En effet, Idrissa a vécu dans la pure orthodoxie religieuse où la foi musulmane est plus profonde qu’ostentatoire, couvée par une maman tidjane, disciple de Serigne Cheikh Tidiane Sy et qui portait toujours le voile islamique. Les moustarchidine wal moustachidati constituent le plus grand soutien politique de Idrissa Seck qui passe, chaque année, la nuit du Leylatoul Khadr dans la manifestation organisée par Cheikh Tidiane Sy pour s’attirer un capital de sympathie du marabout et de ses affidés. D’ailleurs, Idrissa Seck soutient avoir enregistré un grand recul lors des élections locales parce que Serigne Cheikh avait demandé à ses talibés de ne pas voter pour lui, non content de ses entrées et sorties au Palais. Assane Seck, le père de Idy, est un fervent tidjane. Cependant, Idrissa Seck semble n’être ni mouride, ni layenne, ni khadre encore moins tidjane. Idrissa est plus proche des orthodoxes religieux par sa pratique de la religion. Quelques signes : en tenue occidentale, il porte des pantalons assez courts. En tenue traditionnelle, toujours en grand boubou blanc, couleur de la pureté. Il prie les mains sur la poitrine.

Quand il récite les versets du Coran, on croirait entendre l’imam Abdourahmane Al Soudaysi de la Mecque telle sa voix est limpide, fluide et mielleuse. «Idrissa se définit tout juste comme un musulman», confie un proche de sa famille. Idrissa Seck est à égal distance entre les confréries. Habile position d’un homme d’Etat qui ne veut frustrer aucune communauté, même si beaucoup de chefs de parti affichent clairement leur confrérie. A l’invite des fidèles, Idrissa n’élèvera jamais la voix pour afficher son appartenance confrérique comme aime si bien le faire Me Wade. Idrissa ne serait ni mouride, ni tidjane, ni khadre, ni layène. Il n’est d’aucun bord. Comme il aime à ruser en politique, il aime aussi à jouer avec les chefs religieux. Il serait seulement un musulman qui n’est d’aucune obédience confrérique.
Dans son entretien avec le magazine «Week-end» (n°170 ; de la semaine du 30 juillet au 5 août 2011), par rapport à d’éventuels soutiens des milieux religieux et l’état de ses rapports avec ces derniers, Idrissa Seck avait répondu : «Je veux le soutien de tous les Sénégalais, indépendamment de leur confession ou croyances puisqu’il s’agit du Sénégal qui est commun à tout le monde. J’en­tretiens de bonnes relations avec toutes les autorités religieuses de tout le pays.» Auparavant, dans le même entretien, soutenant la thèse du libre-arbitre en se référant au Coran, il avait estimé que «chacun doit vivre sa foi dans la liberté et le respect de la foi des autres».

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