Eriger un Etat « développementiste », autrement dit un Etat au service du développement des entreprises privées créatrices de richesses d’emplois. Voilà la recommandation qui a été faite récemment par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) de l’Union africaine (UA) aux gouvernements africains dans son rapport économique 2011 sur l’Afrique. Cette option qui suppose un soutien sans faille au secteur privé national et la promotion de la création d’entreprise constitue le moteur de la croissance dans tous les pays émergents. Elle tranche nettement avec la volonté claironnée par Karim Wade de fournir à la Sénélec 650 000 compteurs électriques importés pour un coût estimé à 30 milliards de FCFA. Des plus inattendues, cette décision va contribuer à amonceler de sombres nuages sur la tête des dirigeants de l’unique entreprise fabricant de compteurs électriques domestiques au Sénégal, pour le compte de la Sénélec et dans l’espace Uemoa. Et c’est précisément dans le cadre du plan Takkal que Karim Wade a choisi d’inscrire sa malheureuse et inopportune intention d’importer des compteurs pour, dit-il, équiper les abonnés de la Sénélec. Cette décision surprenante qui prend à rebours les intérêts nationaux a été accueillie avec stupeur par les travailleurs la Simelec (Société industrielle de matériels électriques). Ils auraient pu en rire si elle n’était pas révélatrice de la méconnaissance dont fait montre le ministre en charge du secteur en plus du lourd danger qu’elle fait peser sur l’avenir de l’entreprise. Voudrait-il couler la société qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Spécialisée dans la fabrication de compteurs électriques monophasés, sous licence de Itron ex Schlumberger electricity metering, n° 1 mondial dans le domaine du comptage, la Simelec détient depuis 2003 l’exclusivité de la fourniture en compteurs domestiques à la Senelec, par ailleurs sa principale cliente. « Une exclusivité stipulée par la convention liant les deux sociétés, courant jusqu’en 2013 et renouvelable par tacite reconduction », soupire le cœur serré le Dg de la Simelec, Papa Allé Dieng. Une convention qui s’oppose à l’approvisionnement de la Sénélec chez un fournisseur autre que la Simelec. Quand bien même autorise-t-elle en son article 5 la Sénélec à lancer une consultation internationale sur le prix du compteur, elle prévoit que la Simelec puisse bénéficier le cas échéant de la préférence nationale, conformément au code des marchés publics. Autrement dit, il n’est pas permis à la Sénélec de s’approvisionner auprès d’un autre fournisseur que si le prix pratiqué par la Simelec excède celui proposé par le fournisseur auquel est appliquée la marge de préférence nationale de 15%.
Ignorance ou mépris de la convention
C’est ce schéma qui était respecté de 2003 à 2008, date à laquelle a été reconduite la convention liant les deux entités jusqu’en 2013. Démarche innovante et sécurisante que la décision prise par Karim Wade pourrait déconstruire. Par ignorance ou mépris de la réglementation. Dans tous les cas si le projet aboutit, ce sera la liquidation assurée d’une unité industrielle de fabrication de compteurs électromécaniques monophasés dont l’installation a eu un impact positif sur la réduction des délais d’abonnement. La preuve, entre 2003 et 2011, la Simelec a fabriqué pour le compte de la Sénélec 450 000 compteurs soit la moitié de son parc, alors que l’autre moitié lui a été fournie entre 1889 et 2003. Une prouesse qui a été rendue possible grâce à la production mensuelle de 5000 à 6000 compteurs qui sortent de ce labyrinthe de mécanique de précision pour le compte de la Sénélec dont la consommation est estimée annuellement entre 80 000 et 100 000 l’année.
En dehors du Sénégal, la réputation de la Simelec s’est faite dans la sous région où elle a opéré une percée remarquable. En effet, suite à un appel d’offre international remporté, elle fournit en compteurs post-payés Electricité du Mali (Edm), pour un marché estimé à 700 millions de Fcfa. Sur la même lancée, elle a également remporté le marché de compteurs prépayés et industriels au pays de Amadou Toumani Touré. Outre le Mali, le Niger lui a fait confiance. Idem pour le marché burkinabé qu’elle est en train de pénétrer. La Simelec aurait pu imaginer que le gouvernement accompagnât son pari, mais il n’en est rien. Au contraire cette entreprise qui semble porter son succès comme une croix est dans le collimateur de Karim Wade qui, à cette occasion, s’avère être un piètre homo-economicus. Pour qui le patriotisme économique n’a aucune signification.
Avec un capital de départ de 30 millions de FCFA en 1999, l’investissement global a été porté à plus d’un milliard de Fcfa à la faveur de la confiance du secteur bancaire. Un investissement qui a permis à l’entreprise de moderniser ses installations et de porter ainsi sa capacité de production à 6 000 compteurs par mois. Seulement pour jouer dans ce monde de la précision, les bons sentiments ne suffisent pas. Aussi a-t-il fallu s’en tenir à la volonté de Sclumberger qui avait assujetti l’octroi d’une licence à Simelec à la prise de participation de la Sénélec dans le capital de l’entreprise pour lui assurer un marché pérenne mais également à la condition que l’Etat ne soit pas majoritaire. C’est dans ce souci que l’entreprise est détenue à 66% par le privé africain (15% pour Cauris, une filiale de la Boad et 51% pour le privé sénégalais) et 34% pour la Sénélec sur la base d’une convention qui lui fait obligation de s’approvisionner exclusivement à la Simelec en compteurs électriques dont les procédés de fabrication « respectent les dispositions de la loi ».
Procédés conformes à la loi
Dans les différents secteurs de l’unité industrielle, toutes les taches sont exécutées avec minutie. De l’assemblage au réglage jusqu’à la vérification de la minuterie au montage final de compteur en passant par le pré étalonnage et l’étalonnage à une température de 22°C pour mesurer les erreurs que la loi fixe à plus ou moins 2% puis la marche à vide pour constater de visu les éventuelles imperfections.
Les investissements consentis ont également permis à l’entreprise de diversifier ses activités en se lançant dans la fabrication de matériel de réseau : connecteur à perforation d’isolant, ensemble de suspension, pince d’ancrage de réseau, pince d’ancrage branchement.
Avec un chiffre d’affaires de 3 milliards cette année, la Simelec emploie 40 personnes dont l’avenir dépend du maintien ou non de la décision de la Sénélec, dont le marché représente 65% du chiffre d’affaires de la Simelec, de violer la convention. Mais tout cela ne semble pas émouvoir le ministre en charge de l’Energie. Brandissant l’idée, selon ses propres déclarations, de s’approvisionner en compteurs normés, Karim Wade montre ainsi son indifférence au sort de ces employés et promoteurs privés. Encore que dans le milieu, la notion de compteur normé ferait sourire. De l’avis de nombre d’experts, la norme ne fait que fixer les caractéristiques minimums alors la loi fixe les limites de précisions de qualité beaucoup plus exigeantes que la norme. Variant entre – et + 2%, cette marge d’erreur sur les compteurs fabriqués par la Simelec est contrôlée chaque semaine par la division de la Métrologie du ministère du commerce intérieur. En témoigne le bordereau brandi par le technicien en charge de l’étalonnage des compteurs où sont consignés les différents contrôles qui attestent de la fiabilité des compteurs fournis à la Sénélec. Valeurs qui sont également archivées dans un ordinateur dédié pendant une durée de vingt ans, ajoute le technicien les yeux rivés sur les marges d’erreurs affichées par le banc d’étalonnage, le regard inquiet. Une inquiétude généralisée, loin de se dissiper pour une quarantaine d’employés et leur directeur général qui veut encore croire que ce n’est pas pour des intérêts étrangers qu’on veut saborder la Simelec.
Comment ne pas s’élever devant tant d’indifférence frisant un véritable pied de nez à l’entreprenariat local. Car le miroir que renvoie cette affaire est celui d’une mise à mort programmée d’une unité industrielle. Une gesticulation de plus d’une autorité qui a la particularité de freiner l’essor d’un membre du secteur privé national au moment où la croissance est en panne, où le chômage augmente vertigineusement. Alors que dans un environnement de plus en plus concurrentiel et mondialisé, le rôle attendu de l’Etat devrait être de jouer à améliorer l’environnement des affaires afin de permettre aux entreprises nationales de faire face à la concurrence des entreprises offshore sur le marché national et la préservation de milliers d’emplois directs ou indirects créés par les entreprises nationales. Mais pas d’orchestrer leur mise à mort, pour ne pas dire leur électrocution.
Mamby DIOUF
C’est normal qu’il commande les compteurs dehors, il touche sa commission de 15% avec les toubabs. Karim la gaffe ne deale pas avec les Sénégalais car ils parlent trop.
Maintenant il faut lancer le plan « Karim Takal sa bagages té abal gnou »
MIAS QU’EST CE QUE CE KARIM VEUX FAIRE ???? REGARDE T IL COMMENT LES GRANDS PAYS PROTÈGENT LEUR ENTREPRISES???????