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Urbanisation : la poussée démographique absorbe le camp de Thiaroye

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Du gigantesque et célèbre camp, théâtre d’un massacre de tirailleurs en 1944, il ne reste presque plus rien. Le Bataillon des parachutistes qu’il héberge est aujourd’hui confiné sur une petite superficie. Le reste des terres étant occupé par de nombreuses autres infrastructures. Accéder au camp militaire de Thiaroye en venant de la Poste de Thiaroye n’est pas de tout repos. Pour cause, sur le long de la route qui y mène, du reste fortement dégradée par endroits, une forêt de garages de mécaniciens, encombre la circulation.
A la devanture de ce qui fut la porte centrale du camp du Bataillon des parachutistes, point de sentinelle. Les portails ont même disparu. Du coup, on y entre et sort à sa guise. Un grand panneau lumineux signale l’hôpital de Pikine, situé un ou deux kilomètres plus loin à l’intérieur. Mais avant d’atteindre ce joyau au plateau technique relevé, le Cem Thiaroye 44 s’impose aux visiteurs dès le franchissement de la porte. Un Cem non clôturé, séparé en deux par la route qui mène à l’hôpital. Sur place, quelques potaches, venus récupérer leur bulletin de notes du 2è semestre, poireautent devant le bureau du surveillant général.

Les vestiges de Thiaroye 1944
De temps à autre, des groupes de joggeurs suant à grosses gouttes surgissent de nulle part. Si ce ne sont des jeunes recrues de l’armée aux crânes rasés et en tuniques bleues qui déboulent en chantant. En effet, le camp de Thiaroye a toujours été squatté surtout par les équipes de « navétanes » de Thiaroye, de Diamaguène et de Pikine qui y ont leur aire d’entraînement.
L’écurie de lutte « Lansar » y a également installé ses quartiers dans un coin dunaire. En face de l’établissement scolaire, au milieu des herbes folles, de grosses buses sont soigneusement alignées. De l’avis du gardien du Cem, elles appartiendraient à l’Apix, maître d’œuvre de l’autoroute à péage, un ouvrage dont la tracée aura une emprise sur l’école. D’ailleurs, c’est ce qui explique la construction d’un autre Cem non loin de l’hôpital. Les travaux semblent bien avancés avec les principaux bâtiments déjà debout. Des dizaines d’ouvriers sont visibles sur le chantier. Non loin de là, au milieu d’un des nombreux jardins maraîchers érigés dans le camp, se dresse une vieille bâtisse en partie écroulée semblable à une forteresse.
« C’est une fosse commune. Un vieil homme m’a rapporté que c’est ici qu’ont été jetés les corps des martyrs de Thiaroye 44 », soutient le maire de la commune d’arrondissement de Thiaroye-Gare, Babacar Sène. Une information qui conforte la thèse selon laquelle le cimetière militaire de Thiaroye 44 est sis sur la Route nationale n’accueillerait aucun corps de ces tirailleurs tombés sous les balles des Français alors qu’ils réclamaient leur paie.
Ce vestige historique cohabite depuis avec la modernité, l’hôpital de Pikine ayant été inauguré en 2006. Son plateau n’a rien à envier aux établissements sanitaires les plus huppés de la place. Comme pour la plupart des infrastructures similaires du pays, la devanture de celui de Pikine a déjà donné naissance à de petits commerces et à l’implantation d’un garage de taxis « clandos ».
En plus d’un ensemble d’infrastructures scolaires que sont les écoles primaires « Les Martyrs » A et B en plus du lycée de Thiaroye.
Sans oublier l’inspection départementale de l’Education de Pikine dont le siège est constamment en proie aux eaux de pluies, du fait qu’il se trouve sur l’un des points les plus bas du camp. En témoigne cette sorte de marre qui s’est formée derrière le bâtiment.
Plus loin, à l’intérieur du camp, du côté de la porte qui donne sur le marché de Thiaroye, se trouve le Cem Thiaroye 2 reconnaissable avec la texture rouge de son crépi.
Curiosité, au milieu des salles de classe disparates qui constituent les écoles primaires « Les Martyrs » A et B, des bâtiments aux tuiles rouges servent encore de logements à des familles de militaires. Ces bâtiments font partie du lot de ce qu’on a appelé jadis le « camp des mariés ».
On en trouve dispersés un peu partout dans le camp. Certains parmi eux sont à un étage, à l’instar de ceux qui font face au lycée ou ceux implantés à quelques pas du Cem de Thiaroye 2.

Un centre commercial de 10.000 cantines
Leur peinture défraîchie et leurs murs lézardés font penser qu’ils ne sont pas habités, alors qu’ils concentrent une forte concentration humaine. D’ailleurs, en 2009, un décret présidentiel avait sommé les occupants de libérer les logements au plus tard le 31 décembre de la même année. Mais à la suite d’une marche des concernés, l’autorité avait renoncé. En contrepartie, les occupants acceptent de payer l’électricité dont, pendant longtemps, ils ont bénéficié de la gratuité. L’eau reste par contre toujours gratuite pour eux.
Par la suite, un autre décret avait été publié demandant que tous les travaux de morcellement et de construction sur le domaine du camp soient arrêtés. C’est ce qui explique, selon Abdoulaye Ndiaye, adjoint au maire de Thiaroye-Gare, que le siège de leur mairie n’est jamais sorti de terre sur le terrain d’un hectare que leur avait octroyé l’Etat. En plus de ce siège, le vœu le plus cher du conseil municipal, c’est de voir l’Etat leur donner un espace dans le camp pour ériger un cimetière.
Parce que, tous les cimetières de Thiaroye, celui de Diamaguène et de Pikine sont pleins, selon M. Ndiaye.
Tout de même, un centre polyvalent a pu être construit, disposant d’un terrain de basket, de handball, d’une arène, d’une bibliothèque, d’une salle informatique, d’une cuisine, d’une garderie et d’un salon de coiffure géré par la mairie.
Comme d’ailleurs a pu l’être le stade municipal qui accueille les matches « navétanes » de la Zone 5 de Thiaroye.
Une infrastructure dont ils éprouvent du mal à achever la construction, c’est bien l’immense centre commercial de Thiaroye. Erigé sur une superficie de sept hectares, il y est prévu l’ouverture de 10.000 cantines. Si l’infrastructure est sortie de terre, les travaux de finition, eux, sont en l’état : les portes sont absentes et la peinture fait défaut. Toutes choses qui n’ont pas empêché des commerçants d’occuper les cantines et les allées du centre commercial. La cour centrale a fini de se transformer en bourbier, du fait de son occupation anarchique et de la pluie.C’est au milieu de tout cela : hôpital, lycée, Cem, centre commercial, habitations, que se niche ce qui reste de l’état-major des parachutistes baptisé du nom du lieutenant Amadou Lindor Fall, ce parachutiste célèbre qui avait trouvé la mort en mer.
Seule la zone concentrant les services, l’état-major, le foyer, le cercle mess, le terrain de football a été clôturé et interdite d’accès au public. Toutefois, on peut apercevoir de loin, devant les bureaux, deux statues immortalisant des parachutistes et un avion militaire hors service. L’infirmerie, elle, se trouve un peu en retrait car continuant à recevoir de nombreux malades des quartiers environnants.Qu’il est loin le temps où les bambins venaient d’un peu partout pour assister aux exercices de parachutage en scandant « Dyna, Dyna », du nom de cet autre héros du corps du Bataillon des parachutistes.

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