Il n’y a pas qu’un seul Cissé en Europe capable de terroriser les défenses. Il y en a deux. Si Djibril est le plus connu, il n’est pas le plus décisif en ce début de saison. L’autre, c’est Papiss, l’artilleur en chef de Fribourg, déjà auteur de six buts en Bundesliga cette saison, alors que son club reçoit le Borussia Mönchengladbach samedi pour le compte de la 8e journée. Outre le nom de famille en commun, ces deux attaquants ont été formés en France. L’international français à Auxerre et le Sénégalais du côté de Metz. Mais la comparaison s’arrête là. Alors que l’ancien élève de Guy Roux a brillé dès son plus jeune âge, celui qui débuta à l’AS Douanes de Dakar a eu besoin de davantage de temps pour exploser.
«C’EST UN TUEUR FACE AU BUT. QUASIMENT CHAQUE OCCASION FINIT AU FOND DES FILETS». SIMON POUPLIN.
Après des débuts intéressants à Metz (2004-2009), qui le prêta successivement à Châteauroux (L2) et Cherbourg (NAT), Papiss Cissé a réellement pris son envol la saison passée avec Fribourg, où il a marqué la bagatelle de 22 buts en 32 matches de Championnat et a été en concurrence avec Mario Gomez pour le titre de meilleur buteur. À vingt-six ans, le Sénégalais est devenu l’un des attaquants les plus craints d’Allemagne et a tenu une part tellement active dans la bonne saison 2010-2011 de Fribourg que la presse locale l’a surnommé « FC Cissé ». Le style entre les deux Cissé diffère totalement. Le Français est un joueur d’espace, tandis que le Sénégalais est de la race des renards, toujours idéalement placé dans la surface, tout en étant particulièrement habile avec ses pieds. De lui, Francis De Taddeo, son formateur et entraîneur à Metz, disait, il y a quelques années :«C’est un joueur de surface à l’état brut.» «C’est un tueur face au but. Quasiment chaque occasion finit au fond des filets», surenchérissait Simon Pouplin, son ancien coéquipier à Fribourg, dans France Football.
Depuis son arrivée outre-Rhin, ce fan de Didier Drogba et de Samuel Eto’o s’est étoffé physiquement et a gagné en confiance. «Je travaille très dur chaque jour pour me maintenir à ce niveau. Avant chaque match, je ne cesse de penser que j’aurai une ou deux occasions. La concentration est fondamentale.» Une qualité nécessaire s’il veut réaliser son rêve : décrocher le titre de meilleur buteur, avant de partir exercer son talent ailleurs, lui qui était convoité par Fulham, le Rubin Kazan, un club français et Wolfsburg l’été dernier, mais s’est finalement résolu à rester une saison de plus. Histoire de livrer un remake de son duel avec Mario Gomez.
Alexis DANJON lequipe.fr