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Multiples grossesses de malades mentales : le sexe déraille à Thiès

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La journée mondiale des malades mentaux a été célébrée en grande pompe à Thiès, ce lundi 10 octobre, dans les structures psychiatriques. Toutefois, les autorités n’ont pas pris en compte les malades mentaux qui errent dans les rues, en particulier les déficientes mentales, victimes d’abus sexuels. Or, les folles enceintes crèvent les yeux dans le périmètre communal, victimes de Thièssois de toutes catégories sociales, qui sans scrupule, abusent de leur état de santé. Si certaines identifient l’auteur de leur grossesse qui ne reconnaît jamais la paternité, d’autres sollicitées par plusieurs violeurs, sont incapables de désigner un coupable. Les déficientes mentales, ventre bedonnant, essaiment dans la ville où le mal est très profond. Les déréglées mentales fourmillent dans la cité du rail où leur silhouette, à l’image de la Promenade des Thièssois font partie du décor. Leurs va et vient incessants rythment la vie au quotidien. Ces folles, couche vulnérable de la société, sont les victimes de maniaques sexuels qui profitent de leur handicap pour abuser d’elles.

Fily 40 ans, a de fréquentes crises qui la plongent souvent dans une déchéance terrible. Demeu­rant au quartier Hersent Thiès, cette célibataire, confesse : «Je suis mère célibataire. J’ai 6 enfants avec un homme avec qui je vivais en concubinage. Nous ne vivons plus ensemble. Ainsi, il n’a pas reconnu mon dernier enfant âgé de 7 ans. Il m’accuse d’avoir contracté une grossesse dans la rue et que je veux lui faire endosser. Je travaille dans un restaurant de 7h du matin à 00h. Je ne dors pas assez. J’ai des problèmes psychiatriques. Si je ne prends pas mes médicaments, je plonge dans la folie. Exploitée à outrance, je suis payée 25 mille francs le mois. Je n’ai pas le choix, je dois me soigner et nourrir mes enfants.»

Quand elle plonge dans ses crises, elle squatte les rues. Et comme Fily, une multitude de femmes déréglées sont des proies faciles pour les Thies­sois. A certaines heures tardives où elles flânent dans les rues, elles sont attirées dans les infrastructures inachevées des Chantiers de Thiès. Aujourd’hui, ces infrastructures ina­che­vées du programme Indépen­dance 2004 sont devenues des lieux de débauche et de rendez-vous des pervers du sexe. Victimes d’abus sexuels dans ces milieux, les folles sont enceintées par des «invisibles». Leurs parents sont dépassés par le phénomène de ces grossesses, car certaines vivent dans leur maison familiale.

Binta Fatim Dieng, présidente de l’Association aide aux malades mentaux démunis (Ammd) fait le tour de la ville avec son association pour apporter de façon bénévole à manger aux malades mentaux. Elle paie leurs ordonnances et suit les folles enceintes jusqu’à leur accouchement. «Les malades mentales sont abusées puisqu’elles appartiennent à une couche vulnérable. Je rencontre souvent des cas qui m’émeuvent. J’ai connu une jeune femme qui a été traumatisée par le décès de ses parents et de ses frères et sœurs, la même année. Elle s’est mariée et a rejoint le domicile conjugal. On lui faisait faire des travaux ménagers pénibles qu’elle n’avait pas l’habitude d’effectuer. Surmenée, elle sombra dans la démence», raconte Mme Dieng qui poursuit : «Divorcée, elle traînait dans les rues. Puisqu’elle portait des habits excentriques, les hommes en ont profité pour l’engrosser. Le bébé va mourir. Une deuxième fois, elle va encore tomber enceinte. Elle ne connaissait pas l’auteur de ses grossesses. La nuit, elle dormait dans la rue où les hommes la retrouvaient pour abuser d’elle.» Et constate, notre interlocutrice : «Puisque les déficientes ont toujours faim, les pervers leur proposent des sandwiches pour coucher avec elles.» D’ailleurs ce jour, Binta Fatim Dieng s’apprêtait à se rendre à Tivaouane pour assister et prendre en charge une déficiente mentale sur le point d’accoucher.

Une ligature des trompes
Malika, squatte le marché Sam. Elle dort sous les étalages où elle vit depuis plus d’une dizaine d’années. Teint noir, la taille élancée, elle porte souvent des habits et des chaussures de valeur qu’elle paie de sa poche. Malgré son handicap mental, elle se fait toujours belle. Son maquillage à outrance renseigne sur son état d’esprit. Assise aux abords du Rond-point Diakhao, elle s’exerce à vendre des arachides, des produits qu’elle écoule à peine. Un homme, déficient mental, est son concubin. Ils dorment sous les étalages du marché Sam. Son partenaire est, semble-t-il, le père des 3 enfants de Malika qui tombe enceinte toutes les deux ans.

La paternité de ses enfants est une épine pour les Organisations non gouvernementales qui l’assistent au moment de ses grossesses puisqu’elle est abusée et trop bien sollicitée par les hommes, dont indique-t-on des gens riches et très aisés conduisant de rutilantes bagnoles, qui viennent la chercher de façon fréquente. Ils lui versent des sommes d’argent assez considérables qui lui permettent d’alimenter son semblant de petit commerce, renseigne-t-on.

Malika, tout comme Fatou Sylla a subi une ligature des trompes pour leur éviter une autre grossesse.  «Je prends des médicaments comme le déjakine et le gardenal. Mes crises sont maintenant moins fréquentes. J’ai subi une ligature des trompes pour ne plus tomber enceinte. Malgré mon errance, je rentre le soir à la maison», raconte Fatou Sylla.

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