Dans une ambiance décontractée et malgré, à l’en croire, une journée chargée, le Premier ministre a reçu l’équipe du journal Le Quotidien. Prétextant la célébration des dix ans de l’Alternance et du cinquantenaire de l’Indépendance du Sénégal, il a tenu à répondre à toutes les questions. Sans verser comme il dit dans «la querelle de chiffonniers»
Propos recueillis par Mamadou BIAYE, Madiambal DIAGNE & Momar DIENG (Photos : Abdou CISSE)
Monsieur le Premier ministre, être Premier ministre au moment où le Sénégal célèbre ses cinquante ans d’Indépendance, c’est assez prestigieux.
Oui, c’est un grand honneur, car si je regarde le tableau sur lequel sont apposées les photographies de mes illustres prédécesseurs, j’ai le sentiment d’appartenir à une catégorie de personnes privilégiées. Etre nommé Premier ministre dans son pays, il n’y a pas un honneur plus grand. Je le perçois donc comme un privilège, plus que tout autre qualificatif.
Etre Président, c’est plus élevé quand même.
Oui bien entendu. Président, c’est le peuple qui élit, mais c’est le Président qui nomme le Premier ministre. Et le Président avait peut-être douze millions de choix possibles et il m’a choisi. Pour cette raison, je dis toujours que je préfère mourir à la tâche que d’être taxé de fainéant ou de ne pas mériter la fonction à laquelle le Président m’a porté.
C’est pour cette raison donc que vous avez perdu du poids depuis votre nomination ?
Voilà ! Parce que je ne mange jamais à l’heure, je ne dors jamais suffisamment. C’est normal, en plus des pressions de toutes sortes.
Vous attendiez-vous à autant de pression ?
Je n’avais aucune idée de la fonction. Mais vraiment aucune idée de ce que le Premier ministre pouvait subir comme pression. Mais je savais bien qu’être Premier ministre du Sénégal, surtout être Premier ministre du Président Abdoulaye Wade demandait quand même un tout petit peu d’endurance parce que j’ai vu comment travaillaient les différents Premiers ministres à partir de Macky Sall. Je voyais que Macky Sall rentrait tard, Aguibou Soumaré aussi, et donc j’ai pu dés le départ me rendre compte de l’immensité de la tâche qui m’attendait.
Avez-vous eu à remarquer chez vos prédécesseurs des insuffisances que vous avez tenu à éviter ?
Non. Franchement, je n’ai jamais essayé de juger mes prédécesseurs, parce que chacun a son style. Nous sommes tous différents, de Moustapha Niasse à moi, en caractère, en formation, en expérience.
Avez-vous une ambition présidentielle, monsieur le Premier ministre ?
Je ne pense même pas à cela. Dans ma vie, je n’ai jamais cherché à devenir quoi que ce soit. La première fois que Me Wade m’a appelé, en 2000, j’allais tout tranquillement, un lundi matin, prendre mes audiences de référé au tribunal. Arrivé à hauteur de ce qui est devenu aujourd’hui la Porte du Millénaire, mon téléphone portable sonne. Je précise qu’à cette période, l’interdiction du téléphone portable au volant n’existait pas encore. Au bout du fil, une certaine Mme Kane me dit : «Me Ndiaye, ne quittez pas vous êtes avec le président de la République.» C’était le premier contact que nous avions eu depuis la prestation de serment. Il m’invite à le rejoindre au Palais, c’était la première fois que j’y mettais les pieds. Je suis passé au Palais de justice pour confier mon rôle à un confrère avant d’aller répondre au Président. Arrivé à destination, le Président propose de me nommer soit ambassadeur du Sénégal à Paris, soit porte-parole, en m’indiquant toutefois que si je voulais faire une carrière politique, il me suggérerait de rester à ses côtés. Il me précise aussi que j’ai la liberté de choisir. Je suis parti et j’ai appelé deux de mes amis, Me Pape Leyti Ndiaye et Macky Sall ; chacun m’a fait part de ce qu’il pensait. Une semaine après, je retourne voir le Président qui revenait juste d’une cérémonie au Méridien. Et sur les escaliers, il me dit : «Boo taanna ?» (Ndlr : Qu’as-tu choisi ?). Je lui réponds : «Djéulna bi ngua ma taannal» (Ndlr : J’ai pris la fonction que vous avez choisie pour moi) et il me lance : «Tanna lou mala been. Djeulal bou la neex» (Ndlr : Je n’ai fait aucun choix pour toi. Opte pour ce que tu préfères). Alors je lui précise : «Djeulna porte-parole bi» (Ndlr : J’ai choisi d’être porte-parole). C’était en 2000 tout cela ! Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.
Par la suite, vous êtes passé ministre d’Etat, directeur de cabinet…
J’ai été d’abord ministre-directeur de cabinet. Avant cette fonction, j’ai été ministre de la Fonction publique parce que là aussi, il m’a appelé pour me dire : «Souleymane, d’ici quelques temps je vais procéder à un remaniement et je veux te nommer ministre de la Fonction publique parce qu’il paraît que tu es un bon négociateur.» Je pense qu’il s’en était ouvert au Premier ministre de l’époque Macky Sall. J’étais pressé donc de rentrer dans un gouvernement et tous les deux ou trois jours, je demandais à quand le remaniement. Le jour du remaniement, il me fait appeler par Mme Mbaye (Ndlr : assistante du Président Wade) pour me dire qu’il va tenir sa promesse et qu’à 18 heures je devrais aller voir le Premier ministre. Je sors du bureau du Président et je passe par celui de Abdoulaye Baldé où j’avais l’habitude de prendre mon café. Et là, le Président m’appelle à nouveau pour me demander où j’étais. Je lui explique que j’attends 18 heures pour aller voir Macky Sall, comme il me l’avait demandé. Mais là il me demande d’y aller séance tenante. Je suis parti et j’ai rencontré là-bas Assane Diagne qui devait remplacer Seydou Sy Sall et moi je devais prendre la place de Yéro Dé. Avec Assane Diagne, depuis lors nous nous appelons «mon condisciple» parce que nous sommes entrés dans le gouvernement le même jour. J’ai travaillé six mois comme ministre de la Fonction publique avec mon style quand un jour le Président me confie son intention de me nommer Directeur de son cabinet, avec rang de ministre tout court, en me disant : «Le poste de ministre d’Etat, il faut le mériter.» Qu’à cela ne tienne, j’ai dit oui et j’ai commencé à travailler. Au bout d’un mois, vers la fin des audiences, il me dit : «Souleymane, je vais te nommer ministre d’Etat, demain.» Et le lendemain, il annonce la décision en Conseil des ministres. J’y suis resté deux ans avant d’être nommé ministre de l’Env-ironnement avant de devenir un mois après ministre de l’Economie maritime. Et puis un jour, tout le monde l’a appris en même temps que moi, vers 17 heures Mme Mbaye m’appelle pour me demander de venir voir le Président. J’étais loin de penser que c’était pour me nommer Premier ministre. Dans son bureau, le Président me fait part de son choix sur ma personne avant de me tendre le décret que j’ai lu avec beaucoup d’émotion.
Cette décision a-t-elle été une aussi grande surprise d’autant plus que certaines informations précisaient que des personnalités étaient au parfum de votre future nomination comme chef du gouvernement ?
Vous savez, en général le président de la République ne confie pas certains secrets aux gens. Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, personne ne peut l’influencer. Quand il décide de nommer quelqu’un, il peut, une fois la décision mûrie, s’en ouvrir à une ou deux personnes, mais rarement à tout un groupe. Peut-être qu’il a pu avertir certains de ses collaborateurs ou des proches. En tout cas, la veille de ma nomination, nous étions à Thiaroye pour inaugurer le centre frigorifique. De Thiaroye, nous sommes venus au Port pour inaugurer le baliseur…
Et il vous demande de l’accompagner dans sa propre voiture…
Effectivement, mais pour moi cela ne signifiait rien. Le lendemain en Conseil des ministres, j’ai eu la surprise d’entendre Aguibou Soumaré dire : «M. le Président, je voudrais respectueusement vous rendre ma démission.» Alors là, mon sang n’a fait qu’un tour ! Quand le Premier ministre démissionne, il n’y a plus de ministres. Après, je suis parti rejoindre mon bureau, car j’avais l’habitude d’y prendre mon repas. Tous les midis, ma femme nous amène le repas et je mange avec tout le monde. Donc ce jour-là…
Laquelle de vos femmes ?
Ma première femme, parce que la deuxième n’était pas là. Alors vers 15 heures, Daouda Diouf (Ndrl : journaliste à la Rfm) m’appelle pour me dire que mon nom circule dans le landernau. Amicalement, je lui demande de ne pas entrer dans ce jeu. Et avant même d’en finir avec lui, je reçois un double appel. C’était Mme Mbaye qui me faisait savoir que le Président voulait me voir. Une fois sur place, je trouve Pape Diop et Abdoulaye Baldé dans le bureau du Président. Ils sont sortis aussitôt et le Président me dit : «Bon voilà, j’ai décidé de te nommer Premier ministre.»
Mais vous aviez compris quand vous avez trouvé Pape Diop et Baldé sur place…
Oui. Quand je les ai trouvés sur place, j’ai vite compris que le Président voulait prendre une décision importante. Et franchement, c’était un jour pas comme les autres.
Qu’est-ce qui a été déterminant dans votre nomination comme Premier ministre ?
Franchement, je n’ai jamais posé la question au président de la République. C’est juste la confiance. Je sais et lui aussi sait qu’avec moi, il peut compter sur un homme fidèle, engagé, prêt à mourir à la tâche.
Et qui ne lorgne pas son fauteuil ?
Et qui ne lorgne pas du tout le fauteuil.
Mais Macky Sall était également un homme engagé au service de Wade !
Certainement ! Mais il faut y voir également la main de Dieu. Il ne faut pas occulter cet aspect des choses. Si Dieu décide que Souleymane sera nommé Premier ministre, personne n’y peut rien. C’est pourquoi je ne pense même pas au jour où je devrais quitter parce que ce jour arrivera. Je suis prêt à quitter la fonction et à tout moment.
Mais le Président joue toujours avec un échiquier…
Non ! Le Président nomme une personne en qui il a confiance. Et il a toujours eu confiance en moi. Il faut reconnaître que j’ai fait du chemin avec le président de la République. Je l’ai vu pour la première fois à Oussouye. C’était en 1976. Mon père y était affecté pour des raisons politiques parce que n’étant pas du même camp que le maire de Gossas de l’époque, Théophile James. Je l’ai revu pour la deuxième fois lors de la campagne électorale de 1978 à Diourbel, derrière la gare. La campagne avait coïncidé avec les vacances de cinq jours au mois de février. Mais c’est le Pr Serigne Diop qui m’a présenté à Me Wade. Serigne Diop, jeune assistant à l’époque, m’a été présenté par un ami. Nos relations se sont renforcées par la suite. A l’époque, j’étais très actif dans l’Amicale de la faculté de droit. Un jour, on a organisé une conférence sur la démocratie au Sénégal et Serigne m’a introduit auprès du Président en appelant Meïssa Sall (Ndlr : sénateur libéral). Je lui ai parlé du thème et c’était parti ! Et plus tard, en étant avocat, je suis toujours aux côtés de Me Abdoulaye Wade quand il est interpelé, étant même avocat stagiaire. (…) Lorsque le magistrat Abdoulaye Gaye avait théorisé durant cette période le flagrant délit continu, un ami qui était à la bibliothèque de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar m’a photocopié tous les documents de droit pénal relatifs au flagrant délit que j’ai amenés à Me Abdoulaye Wade. (…)
Je le voyais donc de temps en temps. Je me rappelle quand Ousmane Ngom a quitté le parti, je suis allé le voir ce jour-là.
Pour lui dire quoi ?
Non juste par solidarité. C’était en 1998. Je suis allé chez lui, je l’ai trouvé dans son salon et il m’a tiré vers la piscine. On a eu une longue discussion là-bas et il a fallu que Bocar Sédikh Kane et Idrissa Seck arrivent pour que je trouve l’occasion de prendre congé de lui. Mais je ne pouvais pas partir, je suis resté avec lui cinq heures de temps durant.
Il était comment à ce moment ?
Ah non, il était dans un état extraordinaire…
Déçu ?
Déçu, surpris… il ne comprenait pas.
Maintenant quand vous partager la table du Conseil des ministres avec Ousmane Ngom, avec Wade, quelle impression cela vous fait ?
Aucune impression. Je fais partie des jeunes, à la limite qui ont été formés par Ousmane Ngom. Nous nous avions deux modèles dans le parti à part Me Wade, c’étaient Serigne Diop et Ousmane Ngom. Moi je voulais ressembler à Ousmane Ngom pour son courage, pour son engagement à côté de Me Wade. Serigne Diop et Ousmane Ngom sont mes modèles. Le Pr. El Hadji Mbodj aussi. Malheureusement, je ne le vois plus, mais il m’a beaucoup marqué.
On a lu dans la presse que vous auriez dit que si vous êtes Premier ministre, c’est parce que vous êtes compétent et que vous avez un boulot.
Je n’ai jamais dit cela. J’ai dit que si je suis nommé Premier ministre, c’est que j’ai le profil de l’emploi. C’était pour répondre à des personnes et leur faire savoir que l’intrigue ne sert à rien.
Quelles personnes ?
Je préfère taire leurs noms.
Vous pensez être victime d’intrigue ?
C’est clair, à ce poste. Et de la part de frères libéraux.
Ils veulent donc votre place ?
Non, ils ne peuvent pas prendre ma place.
Vous les avez donc identifiés ?
Ah oui ! C’est clair mais je préfère ne pas citer de noms.
En tout cas, on vous a vu vous en prendre publiquement à Farba Senghor.
C’est vrai. Vous savez, j’ai des relations de famille avec Farba Senghor, d’ordre traditionnel. Allez à Kahone pour enquêter. Ma mère s’appelle Fatou Diouf qui est la fille de Malantam Diouf. Ce dernier est le fils aîné du Bour Saloum Ndéné Diogop Diouf. Je suis de Kahone par ma mère. Et Farba aussi de par son père.
Oui mais quand arrive…
(Il coupe) Cela ne se passera pas comme ça. A chaque fois qu’il y a des choses à régler, j’appelle mes frères de parti un à un. On m’a interdit de me disputer avec Farba Senghor. Dans le parti, j’essaie de ratisser large parce qu’ils sont tous mes amis d’hier. Je peux citer encore Ousmane Masseck Ndiaye, Habib Sy, Oumar Sarr, Macky Sall, Babacar Gaye, Baïla Wane et tant d’autres. Nous étions ensemble dans la Coordination des cadres libéraux. Cette époque est différente de celle d’aujourd’hui.
On est en politique là. Est-ce que votre attitude ne tend pas vers une certaine naïveté ?
Je sais contenir l’adversité. Je suis plus belliqueux que tous ces gens-là. Mais les responsabilités que j’assume m’interdisent de me comporter en chiffonnier. Je suis obligé de jouer balle à terre. Ceux qui me connaissent savent de quoi je parle. J’ai le courage de mes idées mais j’assume quand même des responsabilités importantes.
Mon devoir à moi, c’est de faire en sorte que tous ceux qui sont en train de partir ne partent pas. Que tous ceux qui hésitent n’hésitent plus. Je suis obligé de battre campagne pour que Wade puisse être réélu en 2012 avec plus de 60 % des suffrages.
De ces problèmes, vous en ouvrez-vous au Président ?
Il y a des choses que nous devons régler à notre niveau parce que le Président est à un autre palier, avec d’autres responsabilités. Vous devez comprendre que ces petites querelles sont normales. Nous sommes tous des êtres humains. Il est normal qu’à un moment donné les gens soient jaloux pour ceci où cela. C’est compréhensible d’autant plus que nous étions partis sur la même ligne de départ et qu’il y a eu par la suite la promotion de Mademba ou Massamba. C’est ainsi ! Le Président Wade a des pions qu’il met à des places. Il met ceux-ci à telle place et demain à telle autre place. Je comprends tellement cela que je me dis qu’à tout moment, je pourrais changer de position.
Et le Président Wade en est si conscient que dernièrement il a annoncé en Conseil des ministres qu’il n’a pas l’intention de changer de Premier ministre.
Oui, c’est ça parce que tous les deux ou trois jours il y a quelque chose qui est annoncé. Ousmane (Ndlr : Ngom) était le plus emmerdé parce qu’il m’a appelé du Canada où il se trouvait pour me dire qu’il n’a jamais… (Il ne termine pas la phrase.) Ce matin (Ndlr : Mercredi 17 mars) encore Mbaye Diouf, qui est mon cousin et qui travaille avec madame Wade, m’envoie un Sms pour me dire que madame Wade se désole d’apprendre par la presse qu’elle serait en train de tout faire pour que vous quittiez le gouvernement. Je dis à tous, ceci : écoutez, je ne peux même pas croire en ces choses-là. L’autre jour, c’est Karim qui me dit : «Ecoute Souleymane, ne crois pas en ce qui se raconte.» Je lui dis : «Karim, tu dois comprendre que je suis un roc et que seul Dieu peut tracer le destin des êtres humains. Moi je suis un être humain.»
Mais d’où vient donc cette information, elle n’est pas tombée du ciel quand même pour atterrir chez les journalistes ?
Je ne sais pas et je n’essaie même pas de comprendre.
Mais quand en Conseil des ministres on entend le Président dire qu’il n’a pas l’intention de nommer Ousmane Ngom comme Premier ministre à la place de Souleymane Ndéné, qu’est-ce cela vous fait ?
Cela ne me fait rien du tout. J’occupe une fonction qui n’est pas pérenne. Donc que cela intervienne aujourd’hui, demain, où le 4 avril, franchement cela m’est égal. Je fais mon travail sans me soucier du jour où je quitterai ma fonction. Je travaillerai comme si je n’allais jamais quitter la fonction, je travaillerai comme si j’allais quitter la fonction demain.
Le fait que M. Karim Wade vous appelle pour vous rassurez, est ce que cela ne vous…
(Il coupe) Non. Malheureusement les gens ignorent le type de relations que j’ai avec Karim. Nos relations ne datent pas de l’Alternance, mais de bien longtemps. Quand lui-même rentre de voyage, et lit cela dans la presse, il est quand même mon ministre, Karim Wade. C’est aussi le fils du Président. Peut-être que le Président n’avait pas lu cela et il lui a demandé s’il a voulu changer Souleymane. Et il lui a dit jamais de la vie. Moi, je n’irai pas lui demander cela. Je sais que le Président ne procède pas ainsi. S’il a envie de me changer, il me dit Souleymane j’ai besoin de te changer demain et moi je lui serrerai la main et je lui dirai merci. Et rien ne peut changer mes rapports avec lui.
Il paraît qu’il n’informe pas souvent quand il change ses hommes de poste.
Oui, en ce qui concerne les ministres. Mais le Premier ministre, il est obligé de l’appeler pour lui signifier son limogeage. Le Président est un sentimental, je suis sûr que s’il veut changer un ministre et que ce dernier est informé il ne le fera plus. Vous ne lui connaissez pas cette qualité-là. Wade est trop sentimental.
Généralement, le poste de Premier ministre signifiait aussi assumer le poste de numéro 2 au Pds. Ce qui n’est pas le cas avec vous.
C’est un choix du Président et aussi parce que le poste de numéro 2 n’existe plus au Pds. Néanmoins, le Président me fait jouer à ses côtés un rôle politique extrêmement important et il me fait l’honneur de me demander parfois mon avis sur bien des questions concernant la vie politique.
Ne pensez-vous pas que ce poste de n°2 doit revenir dans le parti ?
Je le crois bien. Le poste doit revenir parce que le président de la République n’a pas toujours le temps de s’occuper au premier chef des questions politiques qui se posent à nous.
Apparemment, c’est un poste dangereux ?
Oui, peut être… Ce qu’il faut, c’est…
Les deux derniers numéros 2 du Pds sont passés à la trappe.
Oui, ils sont passés à la trappe. Tout dépend de ce qu’on cherche en assumant les fonctions de numéro 2 du parti. C’est la fonction qui créé l’ambition. Vous êtes numéro 2, légitimement, dans votre tête et votre entourage, on vous fait croire qu’après Dieu, c’est vous…
Mais après le numéro 1, c’est le numéro 2 !
Oui c’est cela. Donc légitimement, on va vous faire croire que vous êtes le dauphin et cela crée toujours des ennuis et des problèmes. Alors franchement, je ne demande pas à être nommé numéro 2. Je suis bien là où je suis.
Actuellement, il y a des renouvellements au sein du Pdsl, et vous ne semblez pas y jouez un grand rôle. Frustrant ?
Non, ce n’est pas frustrant, parce que j’ai d’autres tâches à faire que de m’impliquer de façon directe ou indirecte dans les renouvellements. Ce que je sais, c’est que je contrôle bien ma base.
Vous n’avez pas de crainte que cette opération sur laquelle vous n’avez pas une emprise se retourne contre vous ?
Non jamais de la vie. Ce que je sais, c’est que tant que je le veux, ma base politique sera toujours derrière moi. Je sais comment faire pour amener les gens qui se détournent de moi à revenir vers moi. C’est l’intelligence qui le permet. Je peux aussi, en regardant les gens, savoir s’ils sont fâchés ou s’ils sont contents. Je ne crains pas pour ma position politique. Maintenant, les renouvellements n’ont pas encore dit leur dernier mot. C’est à l’échelle du Sénégal. Et le Président a raison de dire que 16 ans après les derniers renouvellements, il est temps que le parti renouvelle ses bases pour savoir qui est qui. Nous n’étions pas majoritaires en 1994, nous le sommes aujourd’hui. Mais cette majorité-là est portée par quel responsable ? C’est à cela que doivent nous conduire ces opérations de renouvellement.
Vous êtes un ancien du Pds. Aujourd’hui qu’est-ce que cela vous fait de voir les anciens du Ps dans vos rangs ?
Mais c’est la politique qui est ainsi faite, parce que dans un parti politique s’il n’y a pas de nouvelles adhésions, le parti ne grandit pas. Donc la vocation d’un parti au pouvoir, c’est de rester longtemps au pouvoir. Mais comment y rester ? Essayer de maintenir les militants qui sont là mais aussi essayer de capter certains responsables qui viennent avec d’autres militants. Cela ne me fait aucune peine de voir… Donnez-moi un exemple. Un Mbaye-Jacques Diop, un Djibo Kâ ou un Abdourahim Agne, c’est un plaisir pour moi de travailler avec eux. En étant étudiant, j’ai eu à négocier avec Djibo Kâ qui était ministre de l’Education. C’est un personnage politique de premier ordre au Sénégal pour nous autres jeunes. Et l’avoir à mes côtés est un grand honneur pour le «jeune» acteur politique que je suis.
Avez-vous la mainmise nécessaire sur tous les ministres de votre gouvernement ?
Ah oui, tous les ministres sont mes ministres, les ministres du gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye. Ils me rendent compte tous de leurs activités.
Il n’y a pas des têtes qui dépassent ?
Non jamais de la vie, aucune tête ne dépasse.
Et si jamais une tête dépasserait ?
Je pense qu’on n’en arrivera jamais là. Chaque ministre tient son rôle. Ils savent tous, ministres ou ministres d’Etat, qu’il n’y a qu’un seul Premier ministre.
Est-ce qu’il n’y a pas un Premier ministre dans l’ombre ?
Non, il n’y a pas de Premier ministre dans l’ombre. Il n’y a qu’un seul Premier ministre.
Est-ce que vos relations avec les membres du gouvernement sont excellentes ?
Je n’ai jamais eu d’incidents avec un ministre, jamais. Par nature, Dieu a fait que tous les ministres qui sont dans le gouvernement, j’ai des relations personnelles et particulières avec eux. Faustin Diatta, nous avons fait le collège ensemble à Oussouye. Il était mon aîné d’un an. Moustapha Guirassy, c’est moi qui l’ai amené vers le président de la République. Amadou Niang, je l’ai connu alors qu’il était directeur du commerce intérieur. Thierno Lô, je partage avec lui Touba. Fada a grandi un peu avec moi dans le parti. Aliou Sow, c’est un jeune que je connais depuis longtemps, de même que Fatou Gaye Sarr. Quant à Thérèse Coumba Diop, son mari est mon oncle. Les autres Bécaye, Ousmane Ngom, Habib Sy sont les anciens du parti. J’ai fait la faculté de droit avec Awa Ndiaye et Innocence Ntap. Nous étions même ensemble dans le comité exécutif des étudiants. La première formation politique à laquelle j’ai milité, c’était à la Lct (Ndlr : Ligue communiste des travailleurs, tendance Quatrième internationale Trotskiste) en 1976.
Quelle mutation ! Vous avez été trotskiste !
A l’époque, les gens étaient communistes ou marxistes. Nous cherchions à reconstruire notre carrière internationale.
Donc on peut dire qu’il y a une génération de jeunes Libéraux qui sont arrivés en maturité au Pds et qui exercent aujourd’hui le pouvoir ?
Oui, je peux le dire. A un moment donné de la vie du parti, nous avons assumé des responsabilités et aujourd’hui, nous nous retrouvons dans le même gouvernement. Et c’est la preuve que Abdoulaye Wade est un homme très fidèle à ses vieilles relations. Nous avons travaillé ensemble avec lui, il nous a vus grandir. Nous avons milité au Pds au moment où il était plus aisé pour nous d’aller militer dans d’autres partis comme le Ps. Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, nous sommes restés auprès de lui.
On vous sent très Tic, avec un site Internet très performant et une domiciliation sur Facebook, c’est pour être proche des gens ?
Tout à fait.
Sur Facebook, c’est vous qui répondez ?
Directement oui.
Où trouvez-vous le temps de faire tout cela ?
Quand je quitte le bureau pour venir ici (Ndlr : à son domicile au petit Palais) entre 23h et une heure du matin, je ne me couche jamais avant deux heures du matin (il insiste). Donc je trouve le temps d’ouvrir ma boîte et de répondre quand je le peux.
Vous fonctionnez donc un peu à la Obama ?
J’ai aussi un Blackberry, et il arrive qu’entre ma maison et mon bureau ou entre mon bureau et l’aéroport, je sois sur mon Blackberry, et je réponds très rapidement.
Quels genres de messages recevez-vous le plus souvent ?
Les gens m’envoient des messages qui pour demander à être introduits pour faire un stage, qui pour demander de l’argent pour se faire opérer, qui pour demander un peu d’argent pour compléter le billet pour rentrer en France pour étudier. Et à chaque fois que je le peux, je règle ces problèmes-là.
Il y en a qui se plaignent certainement de l’action du gouvernement ?
Oui il y en a qui se plaignent.
Est-ce qu’il est vrai que le Président Wade ignorait qu’il y avait des Sénégalais qui vivaient encore sous les eaux ?
Oui. En fait, c’est l’ampleur du phénomène qui l’a surpris. Le gouvernement a fait beaucoup d’efforts et malgré cela, il y a encore beaucoup d’eau. Et c’est lors du dernier Conseil des ministres que j’ai insisté parce que l’avant-veille, j’ai reçu un bulletin y afférent car je tiens toujours des réunions sur les inondations une fois par mois. Et j’ai reçu d’ailleurs sur mon adresse e-mail, une note d’un jeune qui m’a dit qu’il habite à Yeumbeul. Il a souligné qu’il y a 59 quartiers de Yeumbeul qui sont encore sous les eaux. J’ai envoyé un collaborateur sur le site pour vérification. Vous savez, en Conseil des ministres, le président de la République pose toujours la question sur les inondations. Il a insisté et on lui a dit que les gens sont encore sous les eaux car à un moment donné, le budget pour finir certains ouvrages n’a pu être réuni du fait qu’il fallait attendre la loi de finances rectificative. Et cela a un peu ralenti ce que nous devions faire. Samedi dernier, il a pris tranquillement son hélicoptère pour se rendre compte de la situation de lui-même.
Le problème est d’autant plus grave que des maisons ont été données à des gens qui ne sont pas victimes des inondations.
Justement, j’attends de voir cela. Nous allons auditer le plan Jaxaay pour voir exactement ce qui a été fait des maisons destinées à des personnes
qui sont dans les eaux. Il est inadmissible que des maisons soient attribuées à des gens qui n’ont rien à voir avec les inondations. Le plan Jaxaay, c’est pour les gens qui vivent dans les eaux.
Avec le prochain hivernage, les populations vont-elles continuer à demeurer là-bas ?
Non, le président de la République m’a demandé de sortir toutes les populations qui sont dans les eaux et de les mettre, au besoin dans des tentes en attendant que les maisons soient construites. Pour lui, il n’est pas question qu’au prochain hivernage il y ait une seule personne dans les eaux. Et j’ai demandé au ministre de l’Urbanisme, au ministre des Finances et de l’Economie de trouver les moyens d’installer des tentes dans ces endroits-là que le ministère de l’Urbanisme est chargé d’identifier en attendant que la solution pérenne et définitive soit prise. En tout cas d’ici le 30 avril, je voudrais bien que la décision soit mise en œuvre.
Est-ce que les populations seront forcées de quitter si elles ne le veulent pas ?
Non, les populations n’ont pas intérêt à ne pas le vouloir. Mais aussi elles n’ont pas intérêt à résister.
Elles peuvent vouloir rester.
Non elles ne peuvent pas choisir de rester dans les eaux, mais dans tous les cas elles seront évacuées. Evacuées certes, mais nous n’utiliserons pas la force. Nous leur dirons l’intérêt qu’elles ont à aller vivre en dehors des eaux. Je pense qu’elles y trouveront leur compte.
Monsieur le Premier ministre, il y a eu les dépenses extra budgétaires, les audits de l’Armp. Dernièrement il y a le dossier de l’Artp transmis à la Justice. Le Président a demandé récemment en Conseil des ministres que le ministre de la Justice s’occupe un peu du rapport de la lutte contre la corruption. Est-ce qu’on peut s’attendre aujourd’hui à ce que tous les dossiers de ce genre épinglés soient traités de la même façon ?
S’agissant du dossier d’audits de l’Autorité de régulations des marchés publics, le rapport qui a été diffusé à l’époque était provisoire et les ministres interpelés ont fait des observations en ce qui les concerne. Je vous demande de lire le rapport définitif, il est élogieux vis-à-vis de certains ministres et de certains ministères. C’est que l’Armp n’avait pas certaines informations, qu’elle a pu obtenir après son rapport provisoire. Mais dans tous les cas de figure, nous sommes obligés de prendre les mesures que nous dictent les conclusions des rapports. Qu’il s’agisse du rapport sur la lutte contre la corruption ou de celui de l’Artp…
C’est destiné à la Justice pour certains ?
C’est volontairement que le gouvernement a mis en place ces structures pour rendre transparentes toutes les opérations qui portent sur les deniers publics. Et comme vous le savez, dans la composition même de l’Autorité de surveillance des marchés publics, vous notez que l’Etat est minoritaire. Il n’est représenté que par trois personnes sur les neufs membres de l’Autorité. Et la directrice de la Banque mondiale a salué cet état de fait quand elle est passée à Dakar.
Ceci procède justement d’exigences de la Banque mondiale.
Non, ce n’est pas une exigence de la Banque mondiale. Si c’était le cas, cela aurait été valable pour tous les autres pays d’Afrique. Or, la composition actuelle de l’Armp au Sénégal est telle que ceux qui représentent l’Etat ne peuvent pas prendre des décisions qui prévalent sur l’avis des autres membres du Conseil.
Est-ce que ce n’est pas le niveau de corruption qui explique tout cela ?
On parle toujours de niveau de corruption. Il n’y a pas de niveau de corruption élevé au Sénégal. Pour lutter contre la corruption, il y a des dispositions à prendre. Il faut d’abord mettre les agents de l’Etat qui sont les plus exposés à la corruption hors de portée de corruption. Il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs. Quand le président de la République est arrivé au pouvoir, il avait dit qu’il allait faire de la discrimination positive. D’où l’augmentation des salaires des magistrats, des fonctionnaires même si ceux-ci peuvent toujours réclamer plus… Donc le Président a pensé que l’une des premières mesures à prendre consistait à les mettre dans les meilleures conditions de vie et de travail afin qu’ils ne soient plus exposés à la corruption. C’est pourquoi nous avons mis en place un dispositif institutionnel pour contrecarrer ce fléau.
Des poursuites judiciaires ont été ouvertes dans l’affaire de l’Artp et on annonce des poursuites suite à un rapport de la Commission de la lutte contre la corruption. Le ministre de la Justice est déjà dans le collimateur de certains, ne craignez-vous pas qu’on parvienne à le fragiliser ?
Personne ne sera fragilisé. Le ministre de la Justice a l’avantage d’être un avocat. Il connaît le droit pénal, la procédure pénale et il a l’avantage aussi de connaître le président de la République. Et s’il est à ce poste-là, c’est parce que Wade a confiance en lui. Il sait que c’est un homme honnête qui ne prend pas de décisions à la légère. C’est un homme du sérail. Je ne pense pas que le ministre de la Justice puisse subir ou croupir sous le poids des pressions qui s’exercent sur lui. Vous savez, dans toutes les justices du monde, le ministre de la Justice est sous la pression de tout le monde, des groupes de pression. Parce que les groupes de pression, c’est cela leur vocation. Mais Me Amadou Sall, qui connaît bien ce que dit la loi, ne va pas se laisser faire.
A propos de la corruption, il y a eu beaucoup de rapports de certains instituts, de certains organismes qui tombent chaque année. C’est le cas de Transparency international, de l’Usaid, de la Banque mondiale. Et c’est souvent peu reluisant pour le Sénégal.
Vous savez moi, Transparency international…
…Pas seulement Transparency, mais aussi l’Usaid…
…c’est une Ong composée de gens qui sont contre le gouvernement, des politiciens, de vrais politiciens qui appellent au Bennoo. Franchement, ces gens-là ne sont pas mes références. Maintenant, les rapports qui tombent souvent ne prennent pas en compte un certain nombre d’éléments qui ne sont peut-être pas à leur disposition, parce que dire que le Sénégal fait partie des pays les plus corrompus, c’est ne pas savoir ce que le gouvernement fait dans le cadre de sa politique de lutte contre la corruption. Je ne peux pas dire que le Sénégal est un pays avec zéro corrompu, mais le Sénégal n’est pas un pays de corrompus. (Il se répète) Les corrompus sont toujours intéressés par les corrupteurs. Les corrupteurs, c’est qui ? (Il se répète encore) Donc le Sénégal n’est pas un pays aussi corrompu que certains veulent le faire croire. Je suis désolé. La corruption est érigée en délit depuis un certain temps. Elle n’était pas un délit jusqu’à récemment.
Quand l’Usaid s’émeut du niveau de corruption au Sénégal, est ce que cela ne peut pas remettre en question des programmes comme le Mca ?
En tout cas, ce que je sais est que ces Sénégalais qui écrivent à ces institutions pour demander que des programmes soient ajournés ou retardés n’aiment pas leur pays. Parce qu’il n’y a pas pire criminels que cet opposant qui cherche juste à empêcher que tel projet soit réalisé pour ne pas être comptabilisé demain à l’actif du gouvernement. Le projet du Mca, c’est un projet pour les Sénégalais, pas pour le gouvernement du Sénégal. C’est un projet qui, réalisé, va contribuer à la lutte contre la pauvreté.
Croyez-vous l’opposition capable d’une telle démarche ?
Ah oui, c’est clair. Je ne dis pas que l’opposition est en train de le faire mais, il y en a parmi eux qui le font. Il y en a parmi eux qui passent leur temps à écrire aux sénateurs et au gouvernement américain pour raconter des histoires. Il y en a qui le font parce que de toutes les façons, le calcul mesquin qu’ils font est que si Abdoulaye Wade réalise cela, demain il va le comptabiliser comme actif. Des calculs politiciens ! Mais on verra bien. En tout cas, le secrétaire américain au Commerce que j’ai reçu m’a donné l’assurance que cela n’a rien à voir avec le projet Mca, les premiers décaissements ont été opérés. Le projet est lancé. Si les Américains prennent leurs billes, on va en prendre acte, mais je crois que de toute façon ils ne le feront pas. Le Sénégal est un exemple pour beaucoup de pays.
La Sunéor semble bien protégée au point que le Sénégal refuse par exemple un don du Programme alimentaire mondial
Alors là c’est dans la presse que j’ai appris que le Sénégal a refusé un don du Pam.
…C’est dans Le Quotidien.
Je n’ai pas encore une information officielle. Le problème des huiles de palme, c’est que le taux d’Acide gras saturé dépasse la norme Oms. Il paraît que l’huile de palme n’est pas une bonne huile, surtout pour la santé des êtres humains.
Sur le plan politique, on a noté le retour de Idrissa Seck au parti…
…Je salue le retour de Idrissa Seck dans le Pds. Tout comme je salue le retour de tous ceux qui étaient partis à l’occasion des élections locales, ils sont revenus. Comme vous le savez, Idrissa Seck est parti il y a quelques années, il a participé à l’élection présidentielle de 2007, il est sorti 2e. Donc quelqu’un comme ça qui revient dans le parti….
…Idrissa Seck était parti ou on l’a fait partir ?
Bon je ne sais pas. Il est parti, on l’a fait partir… Je ne sais vraiment pas. Mais le résultat est le même. (Rires) En tout cas, il n’était plus avec nous en 2007. Il est revenu dans le parti. J’applaudis des deux mains, parce qu’il faut rassembler dans un parti, il faut ajouter plutôt que de soustraire. Je suis partisan de l’addition plutôt que de la soustraction. Donc Idrissa Seck est revenu et bien revenu. Il redevient notre frère. Maintenant si nous pouvions aussi faire revenir tous les autres, nous le ferions.
C’est Macky Sall qui va vous manquer lors de la célébration de ces 10 ans de l’Alternance.
Il nous manquera certainement. S’il ne revient pas lui aussi, il nous aura comme adversaires sur le terrain politique. Voilà.
Vous pensez le combattre politiquement ?
Politiquement oui.
C’est votre ami
Oui, c’est mon ami. Mais sur le plan politique, ce n’est pas mon ami, nous sommes des adversaires.
Surtout qu’il s’est radicalisé depuis…
…Oui, il s’est radicalisé. Dafay soop reck. (Ndlr : il fait du saupoudrage) Da niou ko toudé niangal, dafay niangal reck. (Ndlr : il joue aux durs) mais dina nieuw. Kharal reck, bayiléén ko ack maan reck (Ndlr : il reviendra, laissez-moi avec lui).
Vous vous en chargez ?
Oui je m’en charge depuis longtemps. Il résiste certes. Il faut de la résistance. Il faut que mou yégal enchére yi touti reck (Ndlr : il élève seulement les enchères). Mais dou niou ko bayi, kharal reck (Ndlr : Nous ne le laisserons pas, attendez de voir). Mais même si nous n’avons pas Macky en 2012, nous gagnerons les élections car nous n’avons aucune crainte à ce niveau. Macky contrôle juste Fatick. Ailleurs qu’à Fatick, nous le battrons.
Et si l’élection présidentielle a lieu avant 2012 ?
Non, elle n’aura pas lieu avant 2012.
Macky Sall ne sera pas votre seul adversaire, vous le savez.
Oui, il y aura aussi Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse. Les autres ne se présenteront pas, ils se contenteront de soutenir, c’est le cas de Abdoulaye Bathily…, Et puis il est possible que Amath Dansokho vienne nous prêter main forte (sourire en coin). Le reste, je ne les connais pas…
Sous des airs de grande assurance, il y a un risque que Wade perde…
Ah, un risque kay kham nga né kou déme si élection… Beuré mom da niou naan rénou niambi la, mais lou ma guissa goum ni. Khalé mo kay dekk mais mak moy dann.
Vous allez encore dire qu’aux Locales, c’est le Pds qui a encore battu le Pds, mais quand même les Sénégalais ont voté…
Aujourd’hui nous, nous sommes sur le terrain politique. Nous ne sommes pas à Dakar, nous n’investissons pas les radios et les journaux pour dire ce que nous sommes en train de dire. Nous sommes sur le terrain politique. Moi, je suis maire d’une ville, je suis responsable politique d’un département. Je suis dans une région. Donc je vois un peu l’engouement que les populations expriment quand je suis là. Parce que même si nous n’avons pas réglé tous les problèmes, nous sommes en train de trouver des solutions les unes après les autres. Les gens de l’opposition, ils ne sont pas dans la brousse, chacun est chez lui. Tanor à Nguéniene, Moustapha Niasse à Keur Mame Tapha. C’est Macky qui fait encore l’effort d’aller chez ses parents toucouleurs. Mais les autres sont là à Dakar. Khamou niou lou khew si deuk bi (Ndlr : ils ne savent pas ce qui se passe dans ce pays). Pourquoi Abdoulaye Bathily a été battu à plate couture à Bakel ? S’il est un responsable national, pourquoi il ne s’est pas présenté à Bakel. C’est le Pds qui a remporté les élections là-bas. Vous avez vu la vague de démissions massives notées dans les rangs de Bennoo depuis quelques semaines. Les gens partent parce que ce sont des gens frustrés qui étaient là, mécontents des investitures. Gars yi oubil léne séni ay liste reck niou déme (Ndlr : les gens leur ont ouvert leurs listes, ils sont partis). Ils ont gagné sous le label de Bennoo mais ils reviennent à la maison.
lequotidien.sn
Acteur de premier plan de l’alternance dans ma localité qui est tristement sous les feux de l’actualité en ce moment, j’ y ai vécu de nombreux combats politiques contre des adversaires féroces regroupés au sein du PS.
Puis en 2000, l’aube d’un jour nouveau s’est levé…mais les rêves tardent à voir le jour . Je viens de lire en entier l’interview de S2N que vous proposez à vos lecteurs en ligne et je dois reconnaître que son propos est accrocheur parce qu’il dit ce qu’il est. Il ne renie rien. Il a le courage de ses idées.La politique retrouve ses lettres de noblesse avec un homme comme lui. Un politique comme lui il n’est pas malaisé de se retrouver face à lui parce que les choses sont claires dés l’entame.