Un professeur à l’Université de Yale, Ala Alryyes, a récemment publié « A muslim american slave, the live of Omar Ibn Saïd », titre en anglais de l’autobiographie rédigée en arabe par un natif du Fouta du Sénégal et vendu comme esclave en Amérique.
Cette ‘’autobiographie inédite d’un originaire du Fouta au Sénégal, vendu comme esclave aux Etats-Unis’’ est mise en lumière par Khadim Ndiaye, philosophe, chercheur en histoire à Montréal au Canada dans une contribution parue, mardi, dans le journal sénégalais Focus.
C’est un ‘’livre émouvant où l’on s’imprègne du récit d’un homme qui exprime ses peines et ses joies, rusant pour garder intact sa foi dans un milieu hostile, et où l’on découvre que l’esclave pouvait être plus docte que son propriétaire’’, écrit M. Ndiaye.
Selon lui, ‘’cette traduction constitue un évènement dans le monde de la recherche universitaire, car après une première traduction en 1925 faite par Issac Birds dans l’American Historical Review, le manuscrit a été égaré. Il n’a été retrouvé que 70 ans plus tard (…) et racheté par un collectionneur Derrick Joshua Beard’’.
En 1998, Derrick Joshua Beard, converti à l’islam se rend au Sénégal pour ‘’retracer les origines du célèbre esclave’’, écrit M. Ndiaye dans sa réflexion, soulignant que ‘’le texte d’Omar Ibn Saïd occupe une place importante dans l’histoire littéraire américaine, car elle est la seule autobiographie produite par un esclave’’.
Ce texte, initialement écrit en 1831, est rédigé avec une calligraphie en style maghribi, généralement adopté par les marabouts et les écoles coraniques de l’Afrique de l’ouest.
Omar Ibn Saïd, connu en Amérique sous les appellations de Prince Moro, Morro, Merroh, Uncle Moreau, Umeroh, Monroe, etc, est né au Sénégal, dans le Fouta, vers 1770. Son père s’appelait Saïd, sa mère Oum Hani.
Après ses humanités coraniques, il ‘’s’abreuva de connaissances auprès de plusieurs maîtres sur une période de 25 ans’’ et devint par la suite enseignant et commerçant, soutient Khadim Ndiaye.
Omar Ibn Saïd serait un des proches de l’Almamy Abdel Kader Kane qui furent capturés et vendus à la suite de l’assaut mené par les Bambaras du Kaarta contre le Fouta, écrit le professeur Ndiaye notant que ‘’l’année de la capture d’Omar (1807) correspondant en effet à la date de l’assassinat de l’Almamy’’.
Cette année, âgée de 37 ans, Omar sera vendu comme esclave à Charleston (Caroline du Sud). Pour faire face à la maltraitance de son geôlier, il s’enfuira et s’est rendu célèbre après pour avoir écrit une plainte en arabe sur les murs de sa cellule grâce à du charbon trouvé sur place.
Racheté par un certain Mitchell, il devient propriété du général James Owen de Bladen County avec lequel il restera jusqu’à sa mort en 1864. Il était âgé de 94 ans et n’avait pas laissé de descendance en Amérique.
Omar Ibn Saïd écrivait en arabe, et un journaliste du New-York Observer de remarquer en 1863 : ‘’Ses doigts effilés et le raffinement de sa démarche’’. Fascinés également par l’homme d’autres le surnommèrent le ‘’prince arabe’’, ‘’le noble’’ tombé par accident chez ‘’les sauvages’’ et même ‘’franc-maçon’’.
Si dans son autobiographie, Omar Ibn Saïd mentionne qu’il a embrassé le christianisme, ‘’c’est, selon le professeur Alryyes, pour ménager son entourage’’. ‘’Omar a fait de la résistance dans son texte qu’il faut lire entre les lignes’’, estime Khadim Ndiaye.
Il ajoute : ‘’Son manuscrit semble renfermer un sens ésotérique (…) des paroles à double sens (…) destinées à un cercle restreint de lecteurs. En témoigne l’usage qu’il fait des chapitres coraniques Al Mulk (La Royauté) et Al Nasr (La Victoire) invoqués par lui à l’intention de ceux qui n’acceptent pas le message du prophète Mohamed (PSL)’’.
Une mosquée à Fayetteville porte le nom de Omar Ibn Saïd. En face de l’édifice, l’Etat de Caroline du Nord a inauguré une enseigne officielle avec une brève présentation du personnage.
OID/SAB
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