Mariama Bâ, jeune musicienne sénégalaise, est dotée non seulement d’une belle et suave voix, mais aussi d’un physique pour ne pas dire d’une poitrine qui ne laisse personne indifférent. Se disant porte-parole des sans voix, ses chansons retracent les maux qui gangrènent actuellement la société sénégalaise.
Je me nomme Mariama Ba, je suis chanteuse, auteur interprète contemporaine. Je suis issue d’une famille métissée puisque ma mère est sérère et est originaire du village de Jobbasse et mon père est Peulh du Fouta. Je suis née et j’ai grandi à Dakar.
Avez-vous fait des études ?
Je suis allée à l’école, mais je n’y ai pas duré. Car j’étais trop limité, pour ne pas dire très nulle. Mais actuellement, je suis des cours d’anglais et de français à domicile parce qu’il est temps pour moi de pouvoir lire mes contrats et communiquer avec des personnes sans pour autant avoir recours à un interprète. Ce n’est pas la peine de cacher ma nullité en ce qui concerne les études. J’ai réalisé qu’on ne peut rien faire dans cette vie sans pour autant étudier. C’est la seule clef de la réussite et j’en ai pris conscience.
Comment êtes-vous arrivez dans la musique ?
J’ai toujours aimé faire de la musique et ce depuis mon enfance. Et je ne savais pas qu’un jour, je finirais par être chanteuse car j’étais une fille très timide. Mes amis me disaient tout le temps que j’avais une belle voix et un jour Coura, une amie ainsi que la sœur cadette de ma mère, m’ont amené dans un studio appelé «Tabala», qui se trouvait à quelques mètres de la maison de ma mère à Grand-Yoff. Arrivée sur les lieux, on a fait la connaissance de Libasse qui m’a fait entrer en studio. Ébloui par ma voix, il m’a demandé de venir chaque fois que de besoin pour chanter et répéter avec d’autres artistes. C’est comme ça que j’ai commencé à faire le chœur. J’ai commencé par faire un Single qui était titré «Def ma ni sa dom» et quelques mois plus tard le deuxième single intitulé «Boul ma nakh» est sorti. Par la suite, je suis allée à Paris faire des play-back et c’est de là que j’ai rencontré le groupe «Domou Djolof» qui a produit mon premier album «Nguiropo» qui sera bientôt sur le marché.
Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?
Les thèmes que j’aborde dans mes chansons sont des sujets qui commencent vraiment à avoir de l’ampleur dans ce pays. Et je crois qu’il était temps qu’un jeune comme moi se lève et ose parler de ces sujets sans les voiler à la jeunesse sénégalaise. Je ne dirais pas que ce que je chante est très osé, mais il faut que je dise les choses telles qu’elles sont. La génération actuelle ne comprend pas bien le Wolof, il faut parler donc leur langage et c’est ce que je fais dans mes chansons. Je fais partie de cette génération et c’est pourquoi dans mes morceaux, j’opte pour ses thèmes sensibles afin qu’ils comprennent davantage le message, les maux qui gangrènent la société actuelle. Dans mes chassons comme «Boul ma nakh», je parle des lesbiennes et c’est facile à comprendre. Parfois, c’est la belle fille qui parle de son beau-père qui ne cesse de le lorgner une fois dans les toilettes ou dans sa chambre. Ou cette employée qui en a marre de la manière dont son patron se comporte avec elle et pour avoir une promotion, il faut passer au canapé d’abord. Ce sont des actes qu’on rencontre tout le temps dans les sociétés et entreprises et que je dénonce à travers mes chansons.
On peut dire alors que vous êtes une chanteuse engagée ?
Je suis engagée à fond et je n’ai pas peur de ce que je fais. La preuve, quand j’écris quelque chose on me dit souvent d’adoucir mes mots car étant trop durs ou trop osés. Mais sachez que si j’ai des thèmes plus engagés à chanter et je le ferais. Parce que je ne chante pas pour moi. Tout ce que je fais, je le fais pour les autres. Je suis en quelque sorte leur porte-voix.
Croyez-vous avoir des fans avec le genre musical que vous faites, vu qu’au Sénégal les gens penchent plus pour le Mbalax que l’acoustique ?
La chance vient des mains de Dieu. Ce que je fais, c’est de l’acoustique. Mais il y a des gens qui l’aiment. Il y a des personnes qui m’aiment grâce à ce que je fais. Je fais toujours que ce que je sens, c’est-à-dire que je chante sur différents instruments chaque fois que j’en ai envie. Qu’il s’agit de Kora, de balafons ou autre, l’essentiel c’est que j’en ai envie et il y aura toujours des personnes qui adoreront mon style musical.
Pourquoi ce mélange ethnique décelé dans les paroles de vos chansons quand vous faites vos prestations ?
Ma mère est Sérère et j’aime bien cette ethnie. J’ai l’habitude de dire que les Sérères sont des êtres très intelligents, simples et modestes et j’aime ce genre de personne. Dieu a gratifié les Sérères des couleurs noir et blanc pour ne pas dire le savoir. Ce qui fait d’eux des personnes sages. Et le Peulh aussi est un être digne. J’ai eu la chance de naître entre deux cultures différentes. Raison pour laquelle mon nouvel album est titré «Nguiropo» qui veut dire en Sérère bonsoir. Dans cet album, inspirée par ces deux cultures de ma naissance (Peulh et Sérère), je chante également en Soninké et j’envisage même d’ici peu de sortir un single interprété en langue Peulh. Et dans cet album, il y a aussi des titres phares comme «Fagarulen», «Sida», «Jobbasse», entre autres.
En regardant vos clips, on a l’impression que vous avez réellement vécu ce que vous chantez ou que vous avez connu quelqu’un qui était dans cette situation. Qu’en est–il ?
Dans mes chansons, c’est juste des personnages que j’interprète. La hargne et l’implication totale dont je fais preuve permettent aux autres de croire et de faire attention à ce que j’essaie de véhiculer. Je sors ce qui est vraiment dans mon cœur pour que le message passe. Cependant, j’ai attendu tous les mots du monde lorsque mon clip est sorti. D’aucuns allaient même jusqu’à dire que ce que je chante, je l’ai réellement vécu. Plus encore, ils disaient qu’ils me connaissaient, qu’on était voisin et qu’on me faisait vivre un enfer chez moi. Alors qu’il n’y’avait rien de tel. C’est pourquoi dans mon nouvel album, j’ai chanté «Yaye sama chéri» et dans cette chanson j’interprète le rôle d’une femme mariée alors que dans la vie réelle, je suis célibataire. Je crois que lorsqu’ils l’entendront, ils sauront vraiment que ce sont simplement des personnages que j’interprétais et ce n’était pas ma vie que je relatais, mais celle de toutes les personnes victimes de ces genres de violences.
Etes-vous conscient que c’est un risque que vous prenez en interprétant ces rôles ?
Je suis effectivement consciente que c’est un risque que je prends en jouant ces rôles. D’autant que parfois tu es obligé de supporter les rumeurs jusqu’à preuve du contraire. Néanmoins, je rends grâce à Dieu, car il y a des personnes qui l’ont vraiment vécu et qui n’ont pas osé se dévoiler. Le faire à leur place a permis de leur défaire un peu de leur poids. Mes chansons servent à quelque chose et c’était mon but.
N’avez-vous pas regretté, à un moment donné, de vous être aventuré sur ce terrain ?
J’avoue qu’il m’est effectivement arrivée de regretter cette situation. Notamment lorsqu’un parent est allé un jour à un deuil et qu’il a entendu une femme dire qu’elle était témoin de tout ce qui se passait chez moi. Car elle y venait souvent pour apaiser les disputes. Et cela a fait tellement mal à ce membre de ma famille qu’il est rentré à la maison tout en pleurant. C’en était de trop, car cette femme ne me connaissait même pas. De mon côté, je pouvais tout supporter, mais ma famille non. Et cela m’avait fait très mal car j’étais la seule responsable et pas eux. Je suis musulmane, j’ai appris le coran et j’ai foi en Dieu. Mais cette histoire n’est pas la mienne, c’est celle que des femmes de ma génération ont eu à subir.
On a constaté que Mariama est une femme sexy avec une belle poitrine. Et on dit de vous que vous êtes une femme qui n’a pas froid aux yeux. Est ce vraiment le cas ?
Mon habillement n’a rien à voir avec ma personnalité. C’est ce qui induit en erreur beaucoup d’entre nous et je ne veux pas en dire plus sur ce sujet. Quand je faisais ce clip, je n’avais pas une expérience en vidéo-clip. En fait, ce sont les téléspectateurs qui, après avoir vu la vidéo, m’ont fait savoir que j’avais une belle poitrine, une jolie et une grosse paire de seins. C’est vrai que j’ai de gros seins, mais sachez que je porte des soutiens gorges comme tant d’autres filles et je n’ai pas besoin de les bomber pour qu’il soit visible. Non. Seulement, dans ce clip, on ma dit de porter un body simple et tout de suite j’ai opté pour ce body à col V. je n’avais pas l’intention de mettre en valeur ma poitrine d’autant plus que mes seins se dévoilent tous seuls, ils sont gros et jolis, je le sais.
Comment expliquez-vous ce laisser-aller dont vous avez fait preuve dans votre premier clip en laissant le plaisir aux téléspectateurs de voir ne serait ce qu’une partie de vos seins ?
C’est le cameraman en personne qui m’a fait savoir que j’avais les seins en l’air et il a fait exprès de zoomer là-dessus en se disant que cela allez faire la promotion du clip. Mais tout cela, c’est de l’expérience et parfois en regardant le clip, je me surprends à dire est-ce vraiment moi qui aie fait cela. Tout cela, c’était de l’ignorance et je ne le regrette pas, parce qu’ il y a des personnes qui, à force de regarder cette image dans ce clip, arrive à aimer la chanson en tant que telle au moment où d’autres écoutant les paroles de ma musique ne faisaient même pas attention à cela. Je ne suis qu’une simple mortelle et je ne peux pas me réveiller un jour en faisant tout parfaitement. C’est quand j’ai su que j’avais une belle poitrine que j’ai commencé à mettre mon balcon (rire…) en valeur. Et je crois qu’il n’ y a rien de grave à cela.
Et vous dites que cela ne vous gêne nullement…
Le seul hic dans cela, c’est le contraste entre l’importance des thèmes abordés dans cette chanson et l’image que j’ai donnée de moi en faisant ressortir ma poitrine. Mais dans mon second clip, j’ai fait exprès de mettre en valeur ma poitrine car j’ai un joli balcon qui fait ma promotion. Je me suis dit que cela a vendu mon single d’avant, alors autant faire pareil encore. Par contre, il y a des personnes qui aiment ce que je fais et qui m’apprécient vraiment. Ces derniers, faisant attention à ma présence dans ces clips, m’ont demandé par respect pour eux de modérer un peu mes tenues. Et tel est le cas dans «Nguiropo».
Donc c’est une manière pour vous d’en faire baver des hommes ?
Je ne vous le cache pas, il y a des personnes, des hommes, mais aussi des femmes, qui m’appellent uniquement pour me dire que j’ai une belle poitrine. Et sur Internet, ils me disent «boy toj nga fi» ou «di nga ma ray» et cela me fait rire. Tout cela fait partie de la vie et je continue à dire que ce qui est dans le clip ne reflète pas ma personnalité.
Il se dit que des hommes riches sont dans ce pays et n’ont d’yeux que pour les filles dotées d’une généreuse poitrine. Avez-vous reçu des avances de leur part ?
Aucune personne de cette trempe ne m’a fait d’avance. Certes, des gens m’appellent pour m’exprimer leur affection, mais c’est à moi de faire un tri afin de savoir ce qui est le mieux pour moi.
Mais vous admettez quand même qu’il y a des tentations dans le milieu artistique dans lequel vous évoluez ?
Je n’aime pas dire que dans la musique il y a des tentations ou autres de ce genre. Les hommes qui sont dans cet art ont des femmes très belles et sont des pères de familles. La tentation existe partout. Que cela soit au port, à l’université, partout ailleurs, il y a toujours des hommes malintentionnés. C’est la personne qui doit simplement savoir ce qu’elle veut vraiment et savoir là où elle met les pieds.
En réalité, Mariama qui êtes vous vraiment ? Êtes-vous une femme «Ciip-Ciip» ?
Je suis une femme battante, courageuse, stoïque, tranquille. Je peux régler mes problèmes sans pour autant crier gare. Ce n’est pas parce que vous êtes devant moi que je m’invente une personnalité, mais c’est tout juste que je suis comme je suis, comme vous m’avez trouvé chez moi. Je ne fais pas de «Ciip-ciip» et ceux qui disent cela c’est tout simplement parce qu’ils ignorent qui je suis. Je suis une femme très simple. Je suis casanière, je n’ai de relation avec personne. Mis à part mes répétitions, je ne sors pas. Je reste chez moi et j’aime bien cette tranquillité. Je n’ai pas la chance d’avoir des amis bien que j’en ai tout le temps envie, mais je n’en trouve pas. Les amitiés que j’ai eues à avoir n’ont pas duré, peut-être que c’est lié à de la jalousie ou autre chose comme ça. Mais ça a été toujours sans lendemain. Ces ruptures ne viennent pas en général de moi, car je m’investis toujours dans mes amitiés. Mais peut-être que Dieu me réserve une amitié sincère et durable dans l’avenir.
Vous avez eu une déception amicale alors ?
Je ne vais pas rentrer dans ce domaine parce que ce sont des choses personnelles, mais je n’utiliserais pas le mot trahison. Je n’ai pas de fréquentation, un point c’est tout.
Quelles sont vos relations avec les autres artistes ?
Je n’ai pas beaucoup de fréquentations avec les artistes. Il y en a quelques-uns que je connais. Je viens de faire mes débuts dans ce milieu, ceux que j’ai eu à connaître c’est parce que j’ai eu à faire le chœur pour eux, c’est tout.
Vous avez dit tantôt que vous êtes célibataire, mais avez-vous des enfants ?
Je n’ai jamais eu de mari, encore moins d’enfants. J’avais un petit ami, mais on s’est séparé et depuis lors je ne vois personne. Je me consacre entièrement à ma musique. Je vis seule dans cet appartement où vous m’avez trouvé que je paye avec l’aide de ma famille.
Pensez-vous à vous marier ?
Si je voyais un homme qui serait prêt à m’épouser, j’y vais de bon cœur. Mais je ne suis pas dans des relations sans lendemain. Je ne dirais pas que j’attends un mari car ce n’est pas un poids que je porte, mais c’est tout juste pour vous dire que je suis une femme comme toutes les autres et chacune d’entre nous attends patiemment de trouver chaussures à son pied. Je ne veux pas d’un garçon qui n’est pas sérieux et aucune femme au monde ne le veut d’ailleurs.
Êtes-vous une femme «Jonge» avec des «Salañ-salañ» hors du commun ?
Je ne peux pas vous parlez de mes «Salañ-salañ» parce que je n’ai pas de mari. Demandez ça à ceux qui en ont un. Tout cela, j’en prendrais acte le jour où j’aurais un foyer, un mari à qui le montrer. Mais sachez que je sais aussi bien cuisiner que communiquer. Et être un cordon-bleu fait partie des «Salañ-salañ» dont vous parlez. Certes, je suis jalouse comme c’est le cas de toutes les femmes, mais avant toute chose je suis musulmane et je m’attends à avoir des coépouses. Et si j’en ai pas aussi, tant mieux.
Quelles autres activités pratiquez-vous à part la musique ?
À part la musique, je fais de petits commerce avec l’argent que je récolte dans mes tournées et autres prestations. Je n’ai personne qui me sert de financier, donc je me débrouille toute seule avec l’aide d’un membre de ma famille qui réside aux Etats-Unis.
Quels sont vos projets…
Mes projets, c’est mon nouvel album qui vient de sortir qui est «Nguiropo». J’espère qu’il va faire des ravages pour qu’on puisse faire beaucoup de prestations nationales comme internationales.
Cheikh DIALLO
(Photo)
ki thiaga rek la dou artiste.