Le G20 de Cannes s’était, avant même son coup d’envoi officiel et pour cause de tragi-comédie grecque, transformé en G2, avec l’Allemagne et la France convoquant Georges Papandréou pour lui faire savoir à quel point son comportement était jugé déloyal et déplacée son idée de mettre ses partenaires devant un fait accompli avec son projet de référendum. Mais l’arrivée d’Obama au Palais des festivals a élargi le cercle des pays ostensiblement leaders de ce sommet. Ceux qui, au-delà de la Grèce et de ses volte-face, avaient à discuter de l’avenir non seulement des Grecs ou de l’euro, mais, au-delà, du système monétaire global.
Comment prévenir un éventuel effet domino provoqué par la Grèce ? Comment obliger l’Italie et Berlusconi à être enfin fidèles à des engagements que jamais ils ne tiennent réellement ? Comment faire en sorte que le FESF, le fonds de solidarité européen, soit suffisamment crédible pour calmer les marchés et éviter des mouvements de yo-yo, comme celui qui, jeudi 3, a vu le CAC 40 ouvrir en forte baisse avant de remonter de plus de 2 % avant la clôture ?
Confiance
Sur tous ces sujets, il n’était pas inutile que le président des États-Unis participe, avec les pays de l’Union présents au G20, à la discussion et aux décisions éventuelles. Et notamment à celle qui a consisté à faire accepter par l’Italie un contrôle par le FMI des mesures de rigueur auxquelles elle s’est engagée. Sans que cette décision puisse apparaître comme une mise sous surveillance humiliante. Même si, sur le fond, c’en est bien une.
Mais pour cela, il fallait convaincre Obama, toujours un peu frileux et hésitant, de cautionner par sa présence les débats des Européens. Notamment sur le moyen de sauver l’euro. C’est là où les relations personnelles que Sarkozy a nouées avec le président des États-Unis ont joué positivement. Car, même les officiels américains le reconnaissent en privé, ces deux-là, après une phase d’incompréhension qui avait suivi une période de quasi-passion, jugée excessive à Washington, après l’élection d’Obama, ont maintenant des relations de confiance basées sur une mutuelle appréciation de leurs capacités respectives dans un monde qui change terriblement vite. Une preuve supplémentaire en est dans la participation d’Obama à un dépôt de gerbes aux monuments aux morts de Cannes en hommage aux soldats américains et français. De même, dans l’accord du président américain pour une interview télévisée aux côtés de Sarkozy sur deux chaînes de télévision françaises, TF1 et France 2, enregistrée dans le bureau du maire de Cannes transformé depuis 48 heures en studio de télévision.
Obama au chevet italien
Jeudi soir, en tout cas, c’est Nicolas Sarkozy, alors que ce n’était nullement prévu au programme, qui a donc convaincu Obama, après le dîner officiel, de rejoindre les Européens dans une salle de travail proche de la salle de réception où s’étaient réunis tous les membres du G20. Notamment pour mettre au point les détails des obligations à imposer à l’Italie.
Car, comme le faisait remarquer un expert du dossier, le système monétaire peut régler, même douloureusement, une faillite de la Grèce. Il aurait infiniment plus de mal, et les États-Unis en ont conscience, à encaisser un défaut du pays, dont Berlusconi, pour le plus grand malheur des Européens et sans doute des Italiens, est toujours le Cavaliere.
avec lepoint.fr