En ce lendemain de Tabaski, la banlieue respire mieux, au double sens du terme. L’odeur pestilentielle des carcasses de mouton commence à se dissiper ; et les jeunes collecteurs de peaux y trouvent un créneau financier intéressant. On les appelle «chasseurs de peaux de moutons», comme on parlait hier de ceux qui courent les primes. Il s’agit de plusieurs groupes de jeunes gens, rencontrés par seninfos, et qui ont trouvé une nouvelle activité financière le jour de la Tabaski et ses lendemains. Issa Seck, jeune habitant de Médina Gounas, a fait du porte à porte à Guédiawaye pour collecter des peaux de moutons. Durant plus de trois heures, sur sa charrette tirée par un cheval, il sillonne les maisons. D’autres le font en groupes de 2 ou 3.
Dans certains quartiers ils trouvent que les habitants ont procédé à la collecte pour déposer le lot à leur intention. Façon de se débarrasser le plus vite de ces peaux, avant qu’elles ne commencent à pourrir. Ces peaux sont rassemblées et vendues à des tanneurs. «Une bonne peau sans trous vaut 2000 francs. Trouée, elle ne vaut plus que la moitié. Les petites peaux et celles qui sont trouées se négocient selon leur état », explique Assane Thiam. Les acheteurs passent quatre jours après la Tabaski, quand ils sont certains que la collecte est terminée pour ramasser les peaux. « Ce sont des tanneurs ou des revendeurs comme nous qui cherchent juste à faire une plus-value », explique l’interlocuteur de seninfos. D’autres collecteurs ont une méthode moins contraignante et plus originale pour trouver des peaux de mouton. Ils passent dans les maisons quelques jours avant la Tabaski pour réserver les peaux. « On fidélise ces gens», révèle Toumani Dramé. « Ainsi je suis certain d’avoir au moins une centaine de peaux », affirme le jeune collecteur trouvé à côté de sa maison avec un tas de peaux étalées par terre. Cheikh Séne, son camarade de travail, indique qu’ils ont mis à contribution leurs relations amicales dans les cités environnantes pour ratisser large. « J’ai demandé à tous mas amis des cités Atépa, Ibrahima Diop Enseignants et autres de me garder les peaux. J’ai même rendu visite à certaines familles avant la fête pour leur expliquer ma démarche », déclare le jeune banlieusard avec son Tshirt maculé de sang. Interpellés, beaucoup de personnes apprécient cette activité. « Ils font un boulot qui rapporte de l’argent. En plus , ils participent à la propreté du quartier en enlevant les peaux qui empestent les quartiers », opine Alioune Fall, un habitant de la cité des enseignants. Pourtant certaines personnes qui habitent à côté des lieux de stockage de ces peaux ne partagent pas cet enthousiasme d’Alioune Fall. Elles pointent le retard dans l’enlèvement des tas de peaux qui polluent l’atmosphère quand elles commencent à se décomposer.
Amayi BADJI, SENINFOS.COM