Un e-mail de Dominique Strauss-Kahn, envoyé depuis son portable, aurait été lu à l’UMP. Ledit portable aurait ensuite été perdu et mystérieusement désactivé.
L’affaire Strauss-Kahn, dans son volet « Sofitel », semblait à peu près close. Le procès au pénal pour tentative de viol a été évité grâce aux contradictions de la plaignante Nafissatou Diallo.
DSK, pour sa part a admis une « faute morale », mais nié toute violence dans le rapport qu’il a eu (en moins de sept minutes) avec la femme de chambre.
Un article à paraître ce weekend dans la New York Review of Books, signé par Edward Epstein, journaliste d’investigation chevronné, vient ajouter une belle zone d’ombre sur l’affaire.
1-DSK découvre que son BlackBerry a été piraté
Dans la matinée de l’épisode dramatique du Sofitel, Dominique Strauss-Kahn a reçu d’une de ses amies, travaillant comme documentaliste au siège de l’UMP à Paris, un message pour lui dire qu’au moins un de ses e-mails à sa femme, envoyé sur son BlackBerry, avait été lu à l’UMP.
Inquiet, Strauss-Kahn a appelé sa femme à 10h03 (depuis son BlackBerry) pour lui dire qu’il soupçonnait son téléphone d’avoir été mis sur écoute.
Il lui demande d’alerter Stéphane Fouks, son ami de l’agence Euro-RSCG, afin qu’il puisse rapidement faire examiner son BlackBerry et son iPad par un expert, une fois qu’il sera de retour chez lui, place des Vosges à Paris.
2-Une étrange célébration de joie
A 13h33, selon les images d’une caméra de surveillance, deux hommes de la sécurité, Brian Yearwood et un autre qui n’a pas été identifié (mais qui est celui qui a accompagné Nafissatou Diallo à la sécurité de l’hôtel) s’isolent pour une sorte de danse de célébration : ils se tapent mutuellement dans les mains, cela dure trois minutes. Puis, ils se postent près de l’entrée de service, attendant visiblement la police.
Le journaliste s’interroge sur les raisons de cette célébration de joie. De même il s’étonne que ces hommes aient traîné plus d’une heure avant d’appeler la police de New York, et note qu’ils l’ont fait juste après un coup de téléphone de leur supérieur John Sheehan.
Epstein rappelle que le directeur de la sécurité d’Accor est René-Georges Querry, ancien patron de la brigade antigang et qu’il connaît bien Ange Mancini, coordinateur national du renseignement en poste à l’Elysée, un autre « grand flic ».
3-Le mystère de la chambre 2820
Nafissatou Diallo, après sa rencontre avec DSK, est entrée dans la chambre 2820. Elle a d’abord omis de le dire à la police. Mais sa carte magnétique l’indique.
Elle est entrée également dans la chambre 2820 AVANT d’aller dans la suite de Dominique Strauss-Kahn. Le groupe Accor a refusé de dire à Ed Epstein qui occupait cette chambre.
4-Le BlackBerry n’a jamais été retrouvé
Dominique Strauss-Kahn, depuis l’aéroport qui devait l’emmener vers Paris dans l’après-midi, a appelé l’hôtel pour demander si d’aventure son Blackberry avait été trouvé (sa fille l’a d’abord cherché en vain au restaurant où ils ont déjeuné). L’employé, en présence de la police, lui a répondu (faussement) que oui, et lui a fait savoir qu’il lui serait porté à l’aéroport.
En réalité, ce BlackBerry, avec tous ses messages, a disparu. Il n’a jamais été retrouvé. Tant la police que les détectives privés de DSK ont depuis fait chou blanc.
Plus intrigant : à 12h51, trois quarts d’heure après la rencontre DSK-Diallo, selon les données recueillies auprès de Blackberry, le téléphone a été non seulement déconnecté, mais aussi privé de son système de géolocalisation GPS.
Selon des experts interrogés par le journaliste, il n’est pas donné à n’importe qui de réussir à désactiver ainsi le GPS d’un BlackBerry. Il faut le vouloir, et il faut une connaissance technique de l’appareil.
Ed Epstein ne donne pas les réponses aux questions qu’il soulève. Mais il remarque qu’à la lumière de la récente affaire du Carlton de Lille, on comprend que l’ancien directeur général du FMI s’inquiétât que son BlackBerry eût pu être « hacké ».
Epstein constate enfin que la disparition du Blackberry a empêché Strauss-Kahn de vérifier, comme il comptait le faire à son retour, s’il a été trafiqué pour permettre à d’autres de lire ses messages.
avec rue89.com