Formés dans des pays pauvres, plusieurs médecins exercent leur profession dans des pays riches. C’est ce qui ressort d’une étude présentée hier, lors de l’ouverture d’un atelier où seront présentées 37 études sur la radioscopie de cette migration en nette augmentation.
Les pays pauvres paient un lourd tribut de la migration hautement qualifiée. La conférence organisée hier par le Consortium pour la recherche appliquée sur les migrations internationales (Carim) donne une cartographie alarmante des effets néfastes de l’émigration choisie pour les pays en voie de développement.
Le Pr Philippe Fargues de l’Université de Florance a donné un aperçu sur la fuite des cerveaux des médecins formés dans les pays pauvres. « 23 % des médecins formés en Afrique au Sud du Sahara exercent dans des pays riches. Cela constitue une perte de ressources rares pour les pays en voie de développement et une inversion de l’aide publique au développement », a noté le Pr Fargues qui introduisait une communication sur la migration hautement qualifiée.
Selon l’universitaire, un adulte sur 10 des pays pauvres ayant fait des études supérieures, vit et exerce sa profession dans les pays avancés. « La circulation des personnes hautement qualifiées s’accentue de plus en plus. C’est un phénomène montant avec des effets négatifs pour les pays en voie de développement », a-t-il encore soutenu. Il est impensable de freiner les flux migratoires. Par contre, il est possible d’atténuer les conséquences en instaurant des taxes comme l’avaient recommandé des scientifiques, des Prix Nobel. « Les fruits de la formation des pays pauvres sont récoltés par les pays riches. C’est un manque à gagner. Certains ont pensé qu’il faut imposer une taxe aux pays hôtes », a souligne le Philippe Fargues. Au total, c’est près de 37 études qui seront publiées les 22 et 23 mars à l’Agence universitaire francophone de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Cette migration a aussi des avantages parce que le migrant reçoit une formation supplémentaire et contribue mieux à la croissance de son pays que les autres émigrés. « Contrairement à ce qu’on dit, les migrants hautement qualifiés remettent en moyenne 298 dollars américains de plus que les migrants moins qualifiés », a semblé rectifier M. Fargues.
Insertion des doctorants expatriés
L’un des conseillers techniques du Premier Ministre, Youssou Diallo, a axé son intervention sur l’apport des émigrés dans le développement. Il fait savoir que le Sénégal étudie la possibilité d’insertion de ses doctorants de la diaspora.
« Le Premier ministre est en train de travailler à mettre en place un programme de suivi et d’insertion des doctorants expatriés. C’est un problème qui est posé. Mais il faut avoir des connaissances sur le profil, le lieu de résidence, les postes qu’ils occupent dans leur pays d’accueil », a relevé Youssou Diallo. Selon le recteur de l’Ucad, Abdou Salam Sall, les migrants hautement qualifiés se préoccupent du développement de leur pays.
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