Embauchée comme ingénieur depuis le mois de mai, une Nancéienne s’est fait licencier en vertu de la circulaire circulaire Guéant-Bertrand qui restreint la possibilité des étudiants étrangers de travailler en France après leur formation.
Le 10 mai, la vie lui souriait. Après une série d’entretiens, Anna Niang venait de décrocher un CDI dans l’industrie automobile, chez Altran, en région parisienne. Son job : « Faire des tests de validation ». Mais quelques mois plus tard, sa vie s’est brisée contre un texte.
Titulaire d’un Master automatique et traitement de l’information décroché à Nancy, cette Sénégalaise compte parmi les « victimes » de la circulaire Guéant-Bertrand qui restreint la possibilité des étudiants étrangers de travailler en France après leur formation. Elle a appris la mauvaise nouvelle plusieurs mois après son embauche. Le texte doit favoriser le recrutement de « nationaux ». Mais dans certains secteurs en tension, les recruteurs n’ont d’autres choix que de faire appel aux étrangers. « De toute façon, en France, il y a une pénurie d’ingénieurs », précise le manager d’Anna Niang qui déplore plusieurs cas semblables au sein de son entreprise. Ceci dit, l’employeur n’avait pas communiqué à la préfecture les CV des autres candidats à ce poste lors de sa demande d’autorisation de travail. Mais ces pièces ont bien été transmises au TA. Le désarroi d’Anna Niang s’est accentué quand le tribunal administratif qu’elle a saisi en référé a rejeté son recours. Du coup, ce pays la France, où elle a « construit » sa vie, où elle a des « attaches familiales », où vit son compagnon, c’est un peu « aimez-la et quittez-la », malgré l’attachement et le patriotisme dont a fait preuve sa famille. Son grand-père Galandou Diouf, premier élu africain provenant des colonies, ardent opposant à la discrimination, a en effet été député du Sénégal de 1934 à 1941. La circulaire Guéant tant décriée a suscité une telle levée de boucliers dans les grandes écoles, les universités et chez le patronat que le gouvernement a accepté de faire réexaminer au cas par cas son application. La petite file de Galandou Diouf qui se dit « profondément déçue » fonde tous ses espoirs sur cet ultime recours.
Saïd LABIDI
estrepublicain.fr
toute ta famille est dériere toi ANNA