Après l’obtention d’un Baccalauréat D, Moustapha Fall Mendy s’était envolé pour la Belgique pour poursuivre ses études. Alors qu’un bel avenir se dessinait pour lui grâce à ses brillants résultats en classes prépa de Maths-Sup, il n’a pas su résister à la tentation de la drogue. Ainsi, à la place d’un ingénieur, c’est un toxicomane qui est revenu au Sénégal.
Parmi tous les accusés qui ont comparu ce vendredi 16 décembre à la Cour d’assises de Dakar, le cas ou plutôt la vie de Moustapha Fall Mendy a retenu toutes les attentions. Pour cause, contrairement à ses co-accusés, Moustapha Fall Mendy est né avec une cuillère d’argent dans la bouche
Grand taille, la tête chauve, il a vu le jour dans la capitale sénégalais un certain 18 octobre 1967. Né d’une bonne famille comme l’on a coutume de dire, à cinq ans, il est privé de la joie d’être couvé par papa et maman. Car en 1972, ses parents se séparent. Malgré cette situation, Moustapha Fall Mendy, persévère dans les études. Après le cycle primaire il décroche le Bac avec brio avec la mention Bien.
Son père, Henry, qui nourrissait l’espoir de voir son fils réussir, l’envoie en Belgique pour que Moustapha y poursuive ses études. Titulaire d’un Bac D, l’étudiant sénégalais s’inscrit en prépa mathématiques.
Parallèlement, il obtient un Deug A et s’inscrit dans une prestigieuse école d’ingenieur.
Hélas, cette volonté de réussir sera compromise par la drogue dure. Car, en 1990, le brillant étudiant sénégalais succombe en effet à la tentation de la drogue et finit par abandonner les amphithéâtres au profit des restaurants : Il doit travaillee à mi-temps pour se payer sa dose.
Au bord du précipice, une étoile s’illumine devant lui. Il tombe amoureuse d’une Belge et finit par l’épouser.
Comblé par la naissance de sa fille âgée aujourd’hui de 23ans, Moustapha Fall Mendy décide de rentrer au bercail avec femme et enfant pour se refaire une nouvelle vie.
Hélas quelques temps après, il n’a pas pu résister aux démons de la drogue et recommence à sniffer. Ne pouvant plus vivre avec un toxicomane, Mme Fall finit par quitter son mari au bout de trois ans de mariage.
Seul, il est récupéré par son père qui tente de le réinsérer. Un espoir vain, car Moustapha Fall à qui son père avait confié la gestion de son poulailler passait son temps à détourner les recettes.
A partir de là, les relations entre le père et le fils commencent à se détériorer. Le clash survient quand Moustapha Fall Mendy, né de confession chrétienne, se convertit à l’islam. Conséquence, c’est la rupture totale avec sa famille. Rejeté et solitaire, il noie ses problèmes dans la drogue.
Diminué financièrement et mentalement, il est sans repère et mène une vie d’errance. Sans désemparer, sa mère vole à son secours en le faisant interner en février 2008, dans une célèbre clinique de Dakar puis à l’hôpital psychiatrique « Dalal Xel » de Thiès.
Privé de sa dose quotidienne, le patient n’attend même pas le quitus de son médecin traitant pour sortir de l’hôpital. Une fois dehors, Moustapha Fall s’enfonce davantage. Toxico, il n’avait plus de moyens pour s’acheter de la came. Comme solution, il commet de petits larcins et connait ses premiers déboires avec Dame justice car il est arrêté plusieurs fois pour vol. « Une fois, j’ai été condamné pour six mois à cause d’une bouteille de wisky que j’avais volée pour acheter de la drogue », a-t-il révélé avec une voix rauque devant la Cour d’assises.
Une Cour devant laquelle, il a comparu après 38 mois de détention préventive. Et loin de se plaindre de cette longue incarcération pour des faits de trafic de drogue, Moustapha Fall Mendy le considère comme une aubaine.
Parce que, a-t-il soutenu à la barre : « Je rends grâce à Dieu de m’être fait arrêter ce jour-là, ( Ndlr : 17 octobre 2008) car aucune cure de désintoxication n’avait pu me sevrer de la drogue contrairement à la prison qui m’a permis d’arrêter ».
Jugé ce vendredi pour association de malfaiteurs et trafic de drogue en compagnie de sept autres accusés dont une dame nommée Léontine Nafi Camara, Moustapha Fall Mendy encourt avec ses co-accusés, 15 ans de travaux forcés et une amende de 5 millions de francs Cfa.
C’est lundi prochain qu’ils seront édifiés sur leur sort.