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Plaidoyer pour un planning volontaire chez les femmes et les jeunes

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A l’occasion du grand rendez-vous du planning familial à Dakar (29 Nov.-02 Déc. 2011), des milliers de spécialistes ont fait un fort plaidoyer en faveur des femmes en particulier, afin que donner la vie ne soit plus une question de vie …et de mort.

En cette matinée du mercredi 30 Novembre 2011, le hall de l’hôtel Méridien de Dakar est très animé. Atmosphère arc-en-ciel, des centaines de personnes de différentes nationalités s’y attèlent aux dernières inscriptions et formalités pour participer à ce grand forum. Dans les couloirs, c’est la tour de Babel également, avec une pointe anglaise. Même ambiance dans les différents amphis et salles qui débordent de monde. Pris d’assaut dès 9 heures le matin, ils sont occupés non-stop jusqu’au soir, souvent assez tard. Avec plus de 140 sessions réparties sur trois jours, c’est toute une série d’échanges et d’expériences qui se sont retrouvés au cours de cette conférence, creuset du donner et du recevoir. La plus grande, jamais organisée sur la planification familiale. Elle aura réuni plus de 2300 participants parmi lesquels, les plus grands spécialistes du monde pour présenter les dernières technologies contraceptives et débattre sur l’impact de la planification familiale sur la vie des populations et des femmes en particulier. Evident, vu qu’elles sont les premières concernées, les premières défavorisées et les premières à laisser leurs vies pour donner la vie. En effet, malgré la tendance à une certaine modernité, les femmes, spécifiquement en Afrique et en Asie du Sud, se voient souvent refuser ce droit vital de choisir quand et comment faire des enfants. À l’origine de cette sentence, les perpétuelles résistances liées à l’ignorance, la pauvreté, les réalités coutumières, sociétales ou religieuses.

Conséquence : des grossesses non voulues, des souffrances et des décès inutiles par milliers. « Au total, quelque 215 millions de femmes dans le monde souhaitent éviter une grossesse ou la retarder, mais n’utilisent pas de méthodes modernes de contraception ou n’y ont pas accès », relèvent de récentes études. Lorsque les services et établissements de santé ne sont pas rares, c’est la demande qui ne répond pas. « Il faut veiller à ce que les femmes aient des enfants par choix car il y a chaque année 15 milliards de dollars perdus à cause des décès de femmes et d’enfants. Il faut diversifier davantage les méthodes contraceptives afin de toucher le maximum de femmes et dépasser les éventuelles barrières », préconise le Dr Juddy Manning chargée de la promotion de la santé à l’Usaid.

L’Afrique de l’ouest encore à la traîne

Avec une moyenne de 15% de femmes mariées ayant recours à la contraception (toutes méthodes confondues), la zone ouest-africaine est le mauvais élève du continent. Dans les autres contrées les stratégies affichent des chiffres très reluisants : 49% en Afrique du Nord, 58% en Afrique australe, 29% pour l’Afrique de l’est et 18% en Afrique centrale.

Au Sénégal par exemple, 10% seulement des femmes mariées ont régulièrement recours à la contraception. Chacune aura, en moyenne, cinq enfants au cours de sa vie et court une chance sur 46 de succomber pendant la grossesse ou l’accouchement. « Ces dernières années, il y a une tendance positive par rapport à l’utilisation du dispositif intra-utérin (Diu) et du stérilet. Mais de manière générale l’Afrique de l’ouest est très en retard par rapport aux autres régions du continent », rappelle le Dr Bocar Mamadou Daff, chef de la Division de la santé de la reproduction (Dsr). Pourtant, au Sénégal, les autorités sanitaires semblent conscientes que le recours au planning familial constitue l’une des principales stratégies pour réduire la mortalité maternelle, celles néo-natale et infanto-juvénile, qui restent toutes toujours très élevées.

Depuis cette année, le budget de la Dsr a connu une hausse de 100 %, passant de 477 millions à 977 millions FCFA, avec un impact positif sur l’achat de produits contraceptifs qui est passé de 65 à 100 millions FCFA. De même, le gouvernement britannique par la voix de son ministre du Développement international, Stephen O’Brien, a pris l’engagement de soutenir cet objectif en octroyant 5 millions de livres (environ 3,8 milliards de francs CFA) destinés à l’achat de préservatifs féminins et éviter ainsi les ruptures de stocks. En réalité, c’est plus au niveau de l’Afrique subsaharienne où les contraintes sont hélas encore multiples. Ressources financières limitées, accessibilité géographique, formation insuffisante des personnels de santé, effets secondaires liés aux différentes méthodes de contraception, contrefaçon des médicaments et autres préservatifs…La quadrature du cercle ! « Nous sommes engagés à galvaniser l’appui politique et financier du moment où cela sauve des vies, réduit la pauvreté et dope la croissance. Nous sommes là pour appuyer les gouvernements pour qu’ils atteignent leurs propres objectifs. A Kampala en 2009, il s’agissait de mettre en œuvre les programmes de plaidoyer. Maintenant, il faut passer à la pratique. Cette conférence aura permis de focaliser davantage nos efforts sur la planification volontaire pour les femmes et les jeunes vivant dans des zones difficiles d’accès », explique Werner Haug, chef de la division technique du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap).

Par ailleurs, le planning familial n’est pas seulement une affaire de femmes. La cible jeune a également été au centre des échanges pour une meilleure prise en charge. « En Afrique, 60 à 70% de la population a moins de 30 ans. On ne peut pas continuer à planifier à leur place. Si les jeunes sont réticents à aller dans les structures de santé pour se faire conseiller, le planning doit aller vers eux avec la création d’espaces-jeunes de proximité », plaide Dr Dorothy Nyasulu, représentante-assistante de l’Unfpa au Malawi. L’autre clou de cette rencontre a été la loi sur l’avortement. Car même si tous les pays africains sont aujourd’hui favorables à l’avortement, l’environnement juridique demeure peu favorable quant à son application qui pose encore problème.

Pour le Dr Suzanne Konaté du Fnuap, cette conférence doit servir de cadre d’accélération pour permettre aux pays africains de voir les services qui marchent mieux dans les structures sanitaires et y greffer la planification familiale. Selon elle : « la situation n’a pas beaucoup changé puisque les mêmes problèmes sont là depuis vingt ans. Nous ne serons pas au rendez-vous dans cinq ans, mais commençons déjà par quelque chose ». Ce à quoi se sont employé les 2300 participants qui ont promis d’amplifier la lutte au quotidien menée par tous les partisans d’une bonne planification familiale.

Papa Adama TOURE

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