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A chacun sa machine à Billet!!

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L’affaire des fausses monnaies du célèbre chanteur sénégalais a eu au moins le don de nous faire dépoussiérer nos vieux cours d’économie monétaire afin de mesurer encore la gravité que peut représenter cette forfaiture pour un pays à économie faible comme le Sénégal.
Chaque personne, une fois dans la vie, s’est posée la question à savoir comment se fabriquait la monnaie et pourquoi chaque personne ne pouvait fabriquer sa propre monnaie……Qui n’à jamais rêve d’avoir une planche à billet ?
Contrairement à toutes idées arrêtées, la monnaie dans une économie n’est pas le simple fait d’impression à la volonté d’un état ou de sa banque centrale. La masse monétaire qui circule dans un pays fait l’objet de contrepartie rigoureuse qui permet à une économie de garder son équilibre à travers les quatre grands agrégats que tous pays cherchent à maintenir à une position optimale (Croissance, emploi, stabilité des prix et balance des paiements commerciaux avec l’extérieur).
Les états et leurs banques centrales disposent de politiques économiques pour agir sur ces agrégats et maintenir un équilibre permettant à la nation de garder sa stabilité et sa paix sociale. La monnaie est avec le budget de l’état les principaux outils qui permettent accroître la croissance et/ou l’emploi, de stabiliser les prix et/ou la balance de paiements.
La critique que je me suis toujours formulée à mon endroit et qui englobe mes confrères économistes est de ne pas pouvoir expliquer en des termes « terre à terre » les éléments vitaux de l’économie, tels qu’en guise d’exemple, la création de la monnaie et son utilisation qui influence la vie de toutes les personnes quotidiennement.
En des termes que je suppose « terre à terre », comment une monnaie se créer?
Une banque centrale crée de la monnaie (au sens vraie impliquant l’impression du papier….) à 3 occasions :
1. Pour assurer le refinancement des banques sous-liquides, c’est à dire en transformant les créances (ou encours de crédit) détenues par les banques commerciales (genre CBAO, ECOBANK, BICIS etc.) en monnaie centrale. Si une entreprise emprunte de l’argent à une banque. Cette dernière a une créance sur l’entreprise. La banque peut « vendre sa créance » à la Banque centrale. Cette dernière va créer de la monnaie au profit de la banque commerciale. La dette de l’entreprise est alors transférée à l’actif de la Banque centrale qui fait payer aux banques commerciales un taux d’intérêt : le taux directeur. Ces taux influencent le coût du crédit que les banques commerciales accordent à leurs clients.
2. En faisant des avances au Trésor Public (les concours de la Banque centrale à l’Etat) ou en lui achetant des bons du trésor pour financer les besoins en trésorerie et une partie du déficit budgétaire de l’Etat (on appelle cela, faire fonctionner la « planche à billet »).
3. En transformant les devises en monnaies nationales. La banque centrale crée de la monnaie, en l’occurrence du FCFA, en contrepartie des devises étrangères (qui sont des créances sur l’extérieur) apportées par les banques commerciales et provenant de leurs clients. Tout excédent de la balance des paiements (Total Export-total import) se traduit par de la création monétaire puisque les exportateurs ont des excédents de devises qu’ils souhaitent échanger contre des CFA. Tout déficit par de la destruction monétaire (réduction de la masse en circulation).
D’après ce schéma, très simpliste à l’explication, mais beaucoup plus complexe dans la réalité, 1 000 milliards de FCFA en circulation dans un pays doit être plus ou moins l’équivalent du crédit à l’économie et/ou du crédit à l’état pour financer son déficit et/ou du crédit à l’extérieur pour garantir les échanges commerciales.
L’injection et la destruction de monnaie dans une économie permet aux gouvernants à chaque période de booster leur croissance, en maitrisant le hausse des prix des biens et services, l’emploi (et son opposé le chômage) et la réduction de la balance des paiements.
Les conséquences du faux monnayage peuvent se traduire en schéma simple ainsi illustré :
Ex: La création et l’injection de 100 F entraine une possibilité de multiplication de 1000 F dans la production de bien et service de crédit à l’économie, en considérant que l’effet réserve d’une banque commerciale peut lui faire créer 10 fois le montant imprimé par la banque centrale, qui peut s’estimer à 5 ou 6 fois en termes de valeurs ajoutée à environ 5000 F. La redistribution de cette valeur ajoutée de 5.000 F, permet de consommer d’autres biens (2000F), de constituer une épargne (2000F) et de réinvestir dans l’économie pour la création d’emploi et de croissance (1000F) en simple illustration.
Si les 100 FCFA, sont de la monnaie fausse qui est entrée dans le circuit, en finissant à la banque centrale, qui se rendra compte de sa nullité, elle est obligée de revenir à l’équilibre de la monnaie en détruisant ce surplus de 100 FCFA qui a gonflé l’économie à 5000 FCFA, en entrainant un récession de la même valeur, inflation, perte d’emploi……Effet domino ou château de carte qui s’écroule.
Si en plus ces 100 FCFA sont l’émanation de devises (monnaies étrangères), ça veut dire que la banque centrale a créé de la monnaie pour payer un supposé dette vis-à-vis de l’étranger et perdra forcément la même valeur qui devait permettre d’équilibrer les paiements des changes lors des exportations.
Au vue de cette démonstration très simplifiée et limitée du point de vue économique, imaginons un peu l’injection dans le circuit monétaire de l’équivalent en devises de 65 milliards de FCFA pour mesurer l’ampleur des dégâts que cela peut impacter sur une économie faible comme le Sénégal et au-delà la zone UEMOA.
En plus de cela une perte de crédibilité monétaire vis-à-vis des monnaies falsifiées entrainera inexorablement une baisse de sa valeur et un renchérissement des coûts des biens à l’importation et un affaiblissement des prix à l’exportation.
Si on voit des compassions, des appels aux soutiens, des témoignages envers des « présumés » (hélas la rigueur juridique ne nous permet pas de condamner avant le juge, même si les faits sont avérés) faux monnayeurs de cet ampleur, je n’en ressens qu’un profond dégout et amertume.
Dans certains pays, ce crime de falsification monétaire, surtout de ce niveau est passible de prison à perpétuité voir de peine capitale……

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