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A la fin du bal, je paie l’Artiste You ! (Par Habib Demba Fall)

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« C’est à la fin du bal qu’on paie les artistes ! », dit l’adage. Une précaution de gouvernance budgétaire. Avec You, nous pouvons nous permettre de donner un chèque en blanc à l’Artiste. Ce que j’ai fait sans arrière-pensée lorsque j’ai eu vent de son projet de spectacle à domicile sous l’appellation « Fii Tey ». Pour l’histoire de ses chansons, ma rencontre avec « Fii Tey » s’est faite après la première édition du Grand Bal en 1998, à l’orée du nouveau millénaire. Un texte sublime. Une invite à l’action patriotique au-delà des complaintes. Une citoyenneté à l’horizontale dans une démocratie sociale qui gagnerait à trouver un ancrage dans notre action économique. Une action émancipatrice car, au lieu de se calfeutrer dans la complainte sur la situation de la Nation, il importe de se retrousser les manches et d’apporter sa pierre à l’édifice. Le bonheur et le malheur restent, dans ce concept, les deux faces du quotidien d’un peuple. « Fii Tey », si mes souvenirs sont bons, n’a pas connu d’autre version, à parti un bout inséré dans un pot-pourri de l’album « Mbalakh da fay wakh » en 2011. Le texte est resté sans rides…
Un choix conceptuel qui fait honneur à la stature de l’artiste : une des grandes voix de l’Afrique dans le monde. Cela la fâché un peu dans les années 2000 que j’ai écrit, dans un texte paru dans « Le Soleil », qu’il doit hisser sa prise de parole à la hauteur des attentes légitimes de nos peuples. En ces temps-là, il y avait, en tant que grandes voix de l’Afrique, Alpha Blondy, Salif Keïta et lui Youssou Ndour. Des échos insistants soutenaient qu’il n’a pas aimé. Qu’importe, pour un journaliste ! La critique est l’exercice de la liberté et une boussole pour les routiers de l’excellence. Peu de temps après, il s’est lancé dans le social à travers l’expérience du micro-crédit Birima. Ce que j’ai salué. Il a sans doute aimé. C’est encore l’exercice de la liberté.
Retour au présent. Sa prestation à domicile a été pendant une semaine mon infusion du soir. C’est un récital artistique savoureux et, je le crois, pas en direct (il suffit d’observer la synchro entre les séquences). Un voyage au fil des hits. Le plaisir de retrouver, au bout de la discographie, des classiques comme « Jere Demba », « Massamba Dièye » avec une remise au goût du jour de « Docteur », bel hommage au personnel médical engagé dans la lutte contre la COVID-19 et exposé à la contagion au coronavirus. J’ai écouté et apprécié les indémodables « Birima » et « Ndiadiane Ndiaye », le très à-propos « Solidarité », les hymnes à l’émancipation de l’Afrique « Pithie mi » et « Africa dream » et les perles de la nouvelle tendance « conseil de père de famille » comme « Yité », « Réseaux sociaux », etc.
You n’a pas besoin d’entonner « Gotto gotta yakoul derou beuy, ndanane laa » dans « Yolele » pour convaincre de son talent et, du coup, répondre à ses contempteurs. Il est déjà éternel. Les critiques relèvent quelques taches sur l’œuvre sans lui faire ombrage. Et si elles sont malveillantes, le silence est aussi éloquent que le champ qui apaise. D’ailleurs, parlant de critique, je dois dire que j’ai moins aimé le refrain « Boul ma laal, boul ma diégué ». J’en comprends le sens. Cependant, il tue la relation sociale interpersonnelle en laissant croire que dans la distanciation sociale, on s’éloigne de l’homme plutôt que de la maladie. L’autre est un partenaire dans la lutte contre le coronavirus plutôt qu’une nouvelle peste dont on se méfie en lui intimant l’ordre de de se tenir loin de nous. C’est donc : « coronavirus, boul ma laal, boum ma diégué ». La distance physique ne tue pas la proximité sociale.
Mais oui, c’est de la petite monnaie par rapport aux masterpieces servis par You et une partie du Super Etoile. Le bal est terminé (du moins provisoirement) ce mercredi 22 avril 2020. Jeudi, à l’heure du couvre-feu, les salons se sont dépeuplés de cette fraîcheur qui change des cas positifs qui s’égrènent ici et ailleurs. Alors, par notre reconnaissance de sa bonne foi, payons à l’artiste le prix de ses visites mélodieuses du soir et ses mots qui nous apaisent en nous tirant de nos engourdissements de mi-confinés. Car, n’eût été le couvre-feu, le reste du monde aurait payé pour regarder You nous sensibiliser! Un merci, c’est gratuit…

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