Interpellé en conférence de presse sur le retour des exilés politiques mais aussi la libération des prisonniers politiques, le président béninois Patrice Talon a répondu : « Il n’y a pas de détenus politiques au Bénin ». « Reckya Madougou, ex-garde des sceaux, et le constitutionnaliste Joël Aïvo, lesquels ont pris respectivement 20 ans et 10 ans de prison ferme, sont alors des prisonniers de droit commun ? », s’interroge La voix du Niger. Soutenant sa ligne de défense, le président de la République du Bénin affirme qu’il est « droit dans ses bottes » sur le sort de ces personnes. Par ailleurs, pour le chef de l’État béninois, ceux qui sont en exil ont choisi « de fuir leur pays, c’est pourquoi je leur demande de rentrer au pays pour « répondre de leurs actes afin d’être blanchis » ».
Sûrement senti visé, l’ancien maire de Cotonou Léhady Soglo, en exil en France, n’a pas gardé le silence face aux propos du chef de l’État. Selon Léhady Soglo, le Bénin a depuis 2016 basculé dans un régime « autocratique ». « En pensant le contraire, affirme-t-il, le président Patrice Talon est dans le déni. » Il estime qu’il ne faut pas se décourager pour autant car il est nécessaire de continuer le plaidoyer et faire toucher du doigt l’intérêt de décrisper la tension sociopolitique. Cette décrispation politique, précise Léhady Soglo, passe par la libération des détenus politiques et le retour des exilés au pays. Wakat Séra note la discrétion d’Emmanuel Macron : « Sur ce sujet, le président français a compris qu’il faut discuter avec ses homologues africains en évitant d’avoir des flirts trop poussés avec leurs oppositions. À trop approcher celle-ci pour porter la bonne nouvelle de la démocratie, on irrite facilement les pouvoirs en place qui n’hésitent plus à tomber dans les bras de soupirants plus entreprenants et moins exigeants ».
Une « curieuse coïncidence », relève le journal L’Événement précis
La Cour de répression des infractions terroristes a libéré, le jour de la visite d’Emmanuel Macron au Bénin, 30 détenus incarcérés pour des faits de violences électorales lors de la présidentielle de l’an dernier. Ils sont 30 au total à retrouver leur liberté de mouvement, dont plusieurs acteurs politiques membres du parti des démocrates. Il y a entre autres l’ancien ministre Houdou Ali et l’activiste Nadine Okoumassou.
La sécurité au centre des discussions entre Emmanuel Macron et Patrice Talon
« Depuis quelques mois, des incursions sporadiques de groupes terroristes dans le nord du Bénin troublent sans aucun doute le sommeil du président Patrice Talon », note Le Pays. Pour les chiffres, il faut rappeler que depuis 2021, le Bénin a recensé une vingtaine d’attaques de groupes terroristes. Cotonou a déjà formulé des demandes d’appui à Paris dans sa croisade contre le terrorisme. Réaction favorable de l’Élysée, qui s’est dit disposé à apporter un appui aérien, du renseignement, des équipements ainsi que davantage de formations.
La concrétisation d’une telle promesse suffira-t-elle à changer la donne sécuritaire au Bénin ? L’avenir nous le dira. Mais en attendant, « la requête de Cotonou devrait réjouir et requinquer le partenaire français qui, comme on le sait, se trouve depuis un certain temps de plus en plus en difficulté dans ses anciennes colonies, et particulièrement dans les pays du Sahel, sur fond de ressentiment anti-français prégnant », conclut Le Pays.
« Mais qui est donc Robert Bourgi pour dicter aux Sénégalais ce qu’ils doivent faire ? »
C’est le titre d’une tribune signée Ndiaga Loum, reprise par plusieurs médias sénégalais. « Qu’est-ce qui motive donc Robert Bourgi ces derniers temps ? Il commence par nous dire que les Sénégalais ne connaissent pas les qualités du président Macky Sall. Ensuite, il nous prévient des risques de collision des extrêmes en France et au Sénégal lors des prochaines élections présidentielles de 2024. Lui, le Franco-Sénégalais, « fils » de Foccart, avouait avoir incarné le « côté lugubre » de la Françafrique, mais avait, disait-il, décidé de changer depuis 2007 après un examen de conscience. Robert Bourgi, poursuivez donc votre examen de conscience ! Si le président sénégalais vous juge encore crédible pour vous écouter, c’est qu’il n’a rien compris », conclut l’universitaire Ndiaga Loum.