14 Septembre 1997, un dimanche de toutes les peines, est venu gifler notre quiétude. Les cieux avaient quitté leur éclat, et arboré le noir du deuil. Ils étaient devenus orphelins, aux larmes grises, et sans brise, la mer était d’un bleu pâle, allaitant ses vagues sans caresse ni tendresse, Mame Abdou Aziz Sy venait de partir vers sa destination préférée; Dieu, rejoignant le cœur de son cœur, celui pour qui, il aimait tant chanter Darou Habibi.
Grand érudit au sourire si doux, aux paroles si sages, aux gestes si nobles, si pures, à l’intelligence si fine, Mame Abdou est parti, à jamais, laissant la porte du bien et de la générosité entrouverte. De ses petites parois suinte cette odeur de jasmin, qui essaime de partout, et qui laisse à la vie, un trésor, que la mort ne peut point cerner; la nostalgie.
Oui! Mame Abdou, tu nous manques, terriblement. Tu manques à ce Sénégal, qui souffre de ses dirigeants, le témoin que tu nous as passé est tombé, sur une surface de glace, brisée par un son, que les oreilles de ces hommes ont du mal à décrypter. Comment donc vouloir percevoir un message sans ouvrir les vannes qui doivent le recevoir?
Mame Abdou, tu manques à cette République, orpheline, piétinée, amputée de ses organes, dépouillée de ses substances, son frontispice sali, sa face fissurée.
Aucune forme de pression ne te faisait reculer face à l’injustice, aux anomalies et aux péripéties de la vie. Tu n’avais de maître que le Saint Illustre (psl), en lui, tu es éteint, sous le regard fin et admiratif d’Aboul Abbass Ahmada Tijani (ra), ton guide.
Les cieux étaient lourds en ce jour tragique, un habitué du périmètre sacré venait de tirer sa révérence, déférence aux mille essences, d’une telle sublimissence, les larmes de Diaksao et de Aïnou Maadi ne cessent d’inonder nos cœurs au fracas de la douleur que seule l’écoute de ta voix soulage
Les ondes d’une âme qui ont fait vibrer nos cœurs sous le soleil d’autres horizons entre vie illuminée et chemin croisé, nous couver et nous bercer furent des talents enfouis dans tes nobles jardins, ô Dabakh Malick
Ton sourire nous a rendu le bonheur dans le silence des hommes de haute science, t’aimer a hissé notre espoir sous la perche des signes incertains, et nous voici heureux, plongés dans la souvenance, après plus de 20 ans que tu aies pris ton envol vers ton Seigneur, que tu fréquentais en permanence nuit et aube.
Nous nous sommes attachés à toi ô père des orphelins, des démunis et des abandonnés, ô démiurge hors pair. Ton nom est gravé dans nos cœurs, incrusté dans nos pensées et estampillé dans le livre de l’histoire des valeureux hommes de notre pays, de l’univers et de tous les temps.
À toi, Cheikh Abdoul Aziz, Moulaye Dabakh, ces vers sont dédiés