Une des marques de fabrique de l’opposition politique
sénégalaise, c’est sa division pour ne pas dire son
morcellement. Prompte à bâtir des coalitions électorales dans
l’urgence, elle se divise et diverge dès qu’il s’agit de stratégies
de survie postélectorales. Chaque organisation en effet,
notamment ceux qui la dirigent, aspire à ne pas traverser trop
longtemps le désert en se mettant à l’abri moyennant
strapontins, prébendes ou sinécure. Ce modus operandi,
codifié sous le vocable pastoral de « transhumance » a atteint
des niveaux de sophistication tels que la classe politique
sénégalaise n’a plus de frontières. Tant elles sont poreuses et
permissives. Il y’a longtemps déjà qu’il était devenu incongru
de parler d’idéologies de référence, de famille de pensée
philosophique et politique. L’on est maintenant rendu à l’ère
du « gangstérisme » politique : les trahisons et les chasses à
l’homme, les mises à mort sociale et les exécutions
sommaires sont devenues monnaie courante. Pire, on
parvient même à faire faire à la Loi des actes «
illégaux » maquillés pour la circonstance ! Si.. si ! Et lorsque
les circonstances changent on fait refaire à la Loi le chemin
inverse en lui ôtant tous les artifices qui la défiguraient alors…
le schéma étant : accusations, procès, emprisonnement,
grâce, amnistie et, éventuellement révision de procès ! C’est-
à-dire levée des accusations et effacement de toute trace… la
boucle est bouclée ! Impossible n’est pas sénégalais ! Certains
magistrats sont des orfèvres, que dis-je ? Des
prestidigitateurs !
Pendant ce temps, et aux dires de la presse et de certains
hommes politiques, des milliards changent de mains au
détriment du Trésor Public. Si cela était avéré, de hauts
fonctionnaires sont nécessairement complices puisqu’il n’y a
pas eu effraction ni attaque à main armée. LOL… Comme
disent les jeunes. On en mourrait de rire si ce n’était
tragique !
Dans ce contexte de fin du monde, et face aux enjeux
colossaux dont il est question, on se demande pourquoi
l’opposition sénégalaise semble aphone ou réduite à des
combats en mode solitaire sur des enjeux qui ne sont, au
fond que des dossiers bien particuliers. Même s’ils illustrent
la mauvaise qualité de gouvernance en cours dans notre
pays. Tant le dossier sur le pétrole et le gaz, que le dossier dit
des 94 Milliards, ce ne sont que les éléments d’un dispositif
plus global de prévarication et de pillage dont les racines
mériteraient d’être clairement identifiées. Il y’a,
véritablement, un disfonctionnement systémique et des
distorsions de fond dans les modes opératoires de l’Etat du
Sénégal qui doivent être corrigés définitivement ! Sinon
certaines culbutes, si elles sont avérées, seraient impossibles.
Ce travail de fond, une opposition organisée, méthodique,
mutualisant ses réseaux d’information et de communication
pourrait faire œuvre utile en l’élaborant au lieu de s’épuiser
en vaines querelles de préséance sur fonds d’égos
surdimensionnés. Surtout qu’elle compte en son sein de fins
connaisseurs de l’appareil d’État…
Le pays vaut des sacrifices. L’avenir de nos enfants aussi. Cela
suppose de la Grandeur d’âme et du volontarisme. Se rendre
au dialogue national sans un dialogue préparatoire des forces
significatives de l’opposition me semble pour le moins
aventureux. Il faut, ne serait-ce que par respect pour les
interlocuteurs au Pouvoir des équipes de négociateurs
pertinents et chevronnés avec des dossiers bien ficelées sur
tous les points d’achoppement entre le Pouvoir et
l’opposition. Sinon, le Sénégal continuera à donner l’image
d’un pays de palabres sans fins dont les réseaux sociaux sont
devenus le réceptacle sans fond… Et ça c’est pas bon. Pas bon
du tout !
Amadou Tidiane WONE
[email protected]
Je suis navrée de remarquer l’impertinence de Tidiane dans l’analyse relative à une opposition jugée divisée. Ce grand intellectuel si talentueux m’avait habituée à des analyses plus fouillées que ça ! Dans tous les pays à partis politiques multiples, toute obédience confondue, les oppositions s’entendent pour appeler à reporter les voix de leurs partisans sur le candidat de l’opposition arrivé au deuxième tour. Cela a toujours été ainsi, en France comme ailleurs dans le monde, et la dernière stratégie de l’opposition, a été la bonne malgré la défaite programmée. Il faut s’atteler à créer une cohésion politique entre les opposants d’hier ( présidentielle de février 2019) sans aucune soustraction pour gagner sans problème en 2024, contre le sortant Macky Sall ou un des siens.