Ils sont certes militaires et paramilitaires, mais avant tout des citoyens sénégalais. Ils ont le droit de voter comme tous leurs concitoyens. Pourquoi donc ne leur a-t-il pas été permis de suivre la campagne pour mieux orienter leurs choix ? Les pauvres ! S’ils changent d’avis en écoutant les partisans du Oui et ceux du Non, ce sera le médecin après la mort. « Bey wëy na mbuus ». Démarrer une campagne quand on vote déjà, c’est le comble de la mauvaise foi, la preuve évidente d’une mascarade. Résultat : peu de militaires et paramilitaires ont trouvé nécessaire d’aller aux urnes.
Et à vrai dire, le reste de la population n’est pas mieux traité. Le but du référendum était de réduire, comme promis, le mandat en cours et de limiter désormais tous les prochains à cinq ans. « Nguur neex lool », le souverain Macky a finalement décidé de s’accorder la chance de faire au moins douze ans au pouvoir et de limiter à dix ans le règne de tous ses successeurs, jusqu’à la fin des temps. Après moi, le déluge. Il décrète un référendum dans un délai de 29 jours alors qu’il n’y a aucune urgence. Pire, c’est seulement 18 jours auparavant qu’il fait publier le texte définitif de son référendum, temps insuffisant pour décortiquer tous les points obscurs de ce texte. Et dans ces 18 jours, juste une semaine pour la campagne référendaire. Signalons que cette semaine n’est que pour les partisans du Non, ceux du Oui ayant commencé leur campagne dés l’annonce du référendum, accaparant les médias de l’État, faisant des promesses mirobolantes, distribuant des billets de banque et même des sacs de riz. Mais ce n’est pas en dictateur et en acheteur de conscience qu’on consolide la démocratie.
On doit voter sans savoir exactement ce que dit le texte proposé. Du jamais vu. Cet empressement est suspect. Ça fait penser à ces commerçants malhonnêtes qui, pour vendre par exemple un panier de cola, mettent la bonne qualité au-dessus et ne veulent pas vous laisser voir ce qu’il y a en-dessous. Le temps ne jouant pas en leur faveur, ils mettent la pression sur les clients pour que le négoce se fasse « taf-taf ». La précipitation des dirigeants est telle qu’ils ne savent même plus comment on écrit « Un peuple, un but, une foi », la devise de la République.
Il y a de quoi penser que Macky a décidé de tripatouiller la Constitution pour des raisons inavouées et prétend consulter le peuple dans le but de lui faire porter le chapeau. On doit vraiment se demander ce qu’il y a derrière tout ce cirque. La prudence s’impose et dicte de voter « Non » en attendant des propositions plus claires car le boycott ne peut que renforcer le « Oui ».
Bathie Ngoye Thiam