Ceux qui ont fait les bancs au lycée Delafosse de Dakar au milieu des années 80 se souviennent sans doute de la pièce de théâtre que j’avais écrite avec mon ami Amadou Dia portant sur la lutte anti apartheid. On y parlait du procès de Benjamin Maseleka MoloÏse pendu un certain 18 octobre 1985.
Nous étions jeunes en pleine lutte anti apartheid. Oliver Tambo tenait le flambeau ANC au dehors et Nelson Rolilahla Mandela gardait intacte la bougie de la lutte dans les geôles de Robben Island. Sam Nujoma basé à Dakar maintenait entier la SWAPO.
« L’Apartheid est un crime contre l’humanité ». Cette phrase était apprise par cœur par les élèves, collégiens et lycéens du Sénégal. Le monde occidental vivait encore le dilemme du choix entre le tout économique et le rouleau compresseur de la démocratie. Est si la démocratie était la bouffée d’oxygène nécessaire à l’économique dans un monde inéluctablement ouvert ? Question à moitié résolue, c’est-à-dire à moitié incandescente.
Le jeune lycéen que j’étais au milieu des années 80 voulait à travers la pièce dédiée à MoloÏse apporter sa part de pierre au combat. Il a fallu se documenter au niveau de la représentation de l’ANC et de la SWAPO à l’époque pour écrire cette pièce qui permit certainement d’apporter la pierre engageante, simple pierre face à la souffrance des milliers de combattants de la liberté.
C’est pourquoi, quand en 1990 Mandela franchit les portes de Robben Island dans le bon sens, immense fut ma joie de l’entendre déverser la parole du pardon. De lui, je venais d’avoir en plus de l’image du combattant, celle de la grandeur d’âme des intelligents qui n’ont pas l’aigreur des revanchards !
C’est pourquoi aussi dans mon premier recueil de poèmes d’adulte, je lui dédiais des vers que je voulais atemporels.
Je les redonne et les fredonne en entier pour cet homme immense qui part an paix en ce 05 décembre 2013 après 95 ans de mission assumée immensément au service de la justice.
Ci-dessous le poème :
CET HOMME QUI SEMA LA GRAINE
Aujourd’hui que danse le sud arc-en-ciel
En symphonie claire bleue ciel
Je repense à la potence de Maseleka
La souffrance de Benjamin MoloÏse Maseleka
Aujourd’hui que le sud lève la tête à Soweto
Comme ce renégat piqué de sitôt
Je revois l’ombre de Mandela
Nelson Rolilahla Mandela
Aujourd’hui que les chiens se cachent
Je revois un peuple en sueur
September Dulcie tombant à la fleur
Paterson Hector arraché par les lâches
Aujourd’hui encore je sens Tambo et Biko là-haut
Là perchés sur les feuilles de mes filaos
Jerry Semano Musololi arraché
Marcus Thabo Motung arraché
Des milliers et des milliers lâchement
Lâchement arrachés au firmament
Aujourd’hui
Aujourd’hui que le monde dit oui
Retentit ma clameur
Pour qu’à jamais ne meurt
La flamme libre
Dans ce monde noir rouge blanc et jaune libre
Aujourd’hui encore dans le calme dominical
Le cordon me lie ombilical
Au père Mandela qui prit les rênes
Cet homme immense qui sema la graine
Mamadou NDIONE
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Cadre APR
Spécialiste des questions portuaires et logistiques