La météo est à l’orage et le temps s’assombrit, encore plus, sous le ciel d’Abdoul Mbaye. Le quotidien «L’As» titrait en ouverture de son édition d’hier : «Le Pm rattrapé par son passé!» Diable ! J’avais à l’esprit, en lisant cela, l’affaire Hissène Habré, qui venait de connaître une soudaine accélération avec la mise sous mandat de dépôt de l’ancien Président tchadien. L’on ne sait que trop, en effet, que le nom du Premier ministre ainsi que celui de son père d’ailleurs, avaient été prononcés à propos de cette affaire et de très nombreuses fois.
Quand le Pm n’était encore que banquier, il avait accueilli des fonds emmenés de Ndjamena par l’alors, réfugié, ex président. L’on a dit – et cela, à ce jour, n’a pas été démenti – que des «bons de caisse» ont été émis puis perçus par quelques personnages soit par libéralité pure et simple soit pour paiement de services signalés et rendus. Et le géniteur du banquier lui-même parangon de vertus a t-on accoutumé de croire aurait figuré parmi les bénéficiaires de ces fameux bons de caisse.
Qu’en est-il de tout cela ? Le Pm quand il avait été banquier, avait-il recelé de l’argent à la provenance douteuse et son père ni banquier ni politicien ni donneur d’ordres a t-il touché à cet argent et si oui, pourquoi ?
Les autorités tchadiennes actuelles, encore qu’elles soient assises maintenant sur des monceaux de pétrodollars sonnants et trébuchants tant que toute la dépense de ce procès inouï leur incombe, n’en sont pas encore à cracher sur des milliards qu’elles estiment leur appartenir.
C’est ainsi que la Rfi, l’un de leur porte-parole a indiqué qu’elles savaient, pour l’avoir bien retracé, le circuit par où «leur» argent était passé et qu’elles comptaient bien le récupérer dût-il se trouver dans des poches sénégalaises.
Mais ce n’était pas du tout à propos de cette affaire que «L’As» avait fait sa «Une». Il s’agissait plutôt d’une histoire de «faux en écritures» opposant la banquier Abdoul Mbaye à l’un de ses clients. On dirait qu’une sorte de malédiction poursuivait ainsi notre Premier ministre. Car à chaque fois que l’une des casseroles qu’il traîne s’avise de faire du bruit, une seconde et, comme en écho, lui répond aussitôt.
Comme un fait exprès, systématiquement quoi ! A ce duo de casseroles est venue s’ajouter une troisième voix. A présent l’on est en plein concert puisque de Lausanne nous est venu un bien curieux son de cloche. Là, le Pm y était allé, dès Obama parti, déposer ses références afin de soutenir sa candidature au Cio. Ces références consistaient en un panégyrique du «grand-homme» qui fut une grande figure de l’olympisme comme de la magistrature. Officiellement s’entend car, pour de vrai, c’est sous strict bénéfice d’inventaire.
Dès Obama parti donc, le Pm a filé à Lausanne pour y battre campagne. Et campagne contre qui ? Rien moins que contre le candidat de son propre pays, de son propre comité national olympique et de son propre président de la République ! Rien que ça ! Si Abdoul Mbaye avait mis, ne serait-ce que le 10e d’un tel aplomb et d’une telle audace et opiniâtreté à défendre les vrais dossiers du Sénégal devant Obama, nul doute que celui-ci n’aurait pas attendu d’être en Afrique du Sud ou en Tanzanie pour annoncer qu’il va mettre 7 milliards de dollars pour régler les problèmes d’électricité en Afrique. Mais pour lui son esprit n’était qu’à Lausanne dans les pas de son père…
Au lieu donc d’accompagner dans ses choix le Président qui l’a nommé et fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, Abdoul Mbaye se croit pouvoir et devoir jouer sa propre partition. Car, pour lui, si le président Macky Sall a un projet et un agenda, lui, Abdoul Mbaye fils de Kéba Mbaye a son memento et son vade-mecum ! Non mais ! Mais ça veut dire la même chose, non ? Justement car c’est ainsi que l’on montre déjà toute sa différence. «Lui c’est lui et moi c’est moi» disait déjà Laurent Fabius à propos de Mitterrand. Avec les résultats que l’on sait pour le premier qui pourra pourtant se dire qu’il est ministre des Affaires étrangères de Hollande sous un gouvernement Ayrault ! L’arrogance et la désinvolture de Monsieur Abdoul Mbaye peuvent paraitre sans limites, mais, comme ont dit familièrement : «laisse mouton p… Tabaski viendra !»
