Le grand Magal de Touba a un impact positif sur l’économie du Sénégal. C’est ce qu’a déclaré l’expert comptable et financier Abo Sall, membre du Comité d’organisation du Magal de Touba.
Selon lui, il y a quelques années, il y avait un débat de deux courants de pensée: l’un disait que le Magal plombe l’économie national et l’autre soutenait que le Magal booste l’économie du pays. «Mais je pense qu’aujourd’hui, ce débat n’est plus d’actualité parce que des études que nous avions commanditées, il y a de cela quelques années auprès du consultant Moubarack Lo, avaient déjà démontré que le Magal avait un impact économique positif sur l’économie nationale. Parce que tout simplement la consommation augmente et elle est soutenue. Pour relancer l’économie, l’un des leviers qu’utilisent les politiques économiques, c’est de relancer la consommation».
Donc le Magal, «c’est l’occasion pour réfectionner leurs maisons, de prépare l’accueil. On constate que Touba a une spécificité parce que toutes les personnes qui s’y rendent ne dépensent rien, ils sont accueillis bénévolement, ce qu’on dépense en terme de biens de consommation alimentaire, c’est extrêmement important.
Tous les opérateurs économiques constatent que leurs ventes augmentent de façon prépondérante pendant cette période. Les études qui ont été faites montrent que certains commerçants réalisent 50% de leurs chiffres d’affaires la période du mois de safar».
Donc l’impact économique est important aussi bien sur les entreprises et les chiffres d’affaires augmentent. Les taxes augmentent parce qu’il y a également une taxe sur la valeur ajoutée. Tout sénégalais qui consomme un produit paye la taxe ajoutée», souligne-t-il. Et d’ajouter que «si on part de l’hypothèse que le Magal draine des centaines de milliards, il y a une dizaine de milliards qui rentrent dans les caisses de l’Etat. L’impact économique du Magal se ressent dans tous les secteurs de l’économie: les transports terrestre et aérien, les biens de consommation, que ce soit les boissons, le riz ou d’autres denrées alimentaires».
Interroge sur la manne financière générée par le Magal, Abo Sall soutient que «cela demande des études que devrait mener la Direction nationale de la statistiques et de la démographie du ministère des finances qui doit publier de façon précise ce phénomène économique. On peut faire des extrapolations: quand vous prenez un pèlerin qui dépense un prix du transport et 5000 F Cfa de consommation et en moyenne 3 ou 4 millions de pèlerins comme l’avait dit le ministre de l’Intérieur de l’époque Me Ousmane Ngom. S’il y a 4 millions de pèlerins et que chaque pèlerin dépense en moyenne 10.000 F Cfa, vous arrivez à un chiffre 40 milliards. Et, en deux jours, cela donne 80 milliards F Cfa. L’état pouvait profiter de cette manne financière pour développer le tourisme religieux».
L’économiste note que «Touba, ce n’est pas seulement les mourides qui s’y rendent, beaucoup de gens y vont pour découvrir et pour connaitre. C’est un levier économique que pourrait utiliser l’Etat d’autant plus que le tourisme classique connait des difficultés.
Le tourisme est entrain de mourir de sa belle mort au niveau de la petite cote. Le nombre de touristes est passé d’un million à 300.000 à cause des problèmes liés à l’érosion côtière et du phénomène du terrorisme. Cela veut dire que l’Etat doit chercher d’autres leviers, en l’occurrence le Magal de Touba, d’autres événements religieux comme le Gamou de Pire ou de Tivaouane pour booster l’économie sénégalaise».
Sur l’apport des dahiras, il pense qu’«il y a un impact social. Si on permet à des personnes de manger gratuitement pendant 3 à 4 jour, il y a un impact social et les dahiras jouent un rôle important a l’image de Matlaboul Fawzaïni qui compte plusieurs membres à l’étranger et qui a fait beaucoup d’investissement tel que l’hôpital Matlaboul Fawzaïni. Tout cela montre la capacité financière des mourides», martèle-t-il.
Sud Quotidien