Si la participation de quelques chefs d’Etat a rehaussé d’éclat l’inauguration du monument de la Renaissance, l’absence de certains leaders du continent ainsi que ceux des pays occidentaux partenaires du Sénégal, suscite interrogations. Me Wade a-t-il réellement réussi le challenge sur le plan diplomatique, comme on veut le faire croire ? Par Gilles Arsène TCHEDJI
Le service protocolaire de la Présidence sénégalaise avait récemment annoncé la participation de vingt trois chefs d’Etat à l’inauguration du monument de la Renaissance. Aussi, le ministre des Affaires étrangères Madické Niang, pour attester des bonnes relations diplomatiques qui existent entre le Sénégal et les autres pays a indiqué que 40 délégations seraient représentées à cette cérémonie d’inauguration dont 22 chefs d’Etat, deux Premiers ministres, cinq présidents de Sénat, de Conseil économique et social ou d’Assemblée nationale. Il avait également signalé qu’à leurs côtés, se trouveraient plusieurs personnalités politiques et culturelles dont Olusegun Obasanjo, Jean Ping, le révérend Jesse Jackson, Manu Dibango et Akon. «Une magnifique réussite diplomatique !», a du coup estimé certains proches de Me Wade qui n’ont pas manqué de clamer que «le président de la République, Me Abdoulaye Wade a réussi un challenge en faisant se déplacer plus d’un tiers des dirigeants du continent».
Selon ces «beaux flatteurs», à l’instar de Mamadou Bamba Ndiaye, porte-parole du président de la République, «il est rare de voir un seul pays accueillir plus d’une dizaine de chefs d’Etat pour ce genre d’événement. Cela témoigne de leur adhésion au projet du Président sénégalais». Des propos qu’il convient toutefois de «relativiser». Car s’il est vrai que pour cette inauguration, l’on a pu noter la présence des Présidents du Bénin, Cap-Vert, Congo (Brazzaville), Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Liberia, Mali, Mauritanie, Zimbabwe et du Malawi Bingu wa Mutharika notamment, cela entre dans le cadre de la célébration de cinquantenaire de l’Indépendance de bon nombre de pays africains, surtout francophones. Tous ces Présidents obtiendront au moment de la célébration de ces moments par leur pays ces mêmes civilités. Le Sénégal se devra d’assister à l’anniversaire de leur accession à la souveraineté nationale. «Ce n’est donc pas forcément pour s’approprier le rêve de Me Wade ou admirer le monument de la Renaissance africaine que ses chefs d’Etat africains sont venus à Dakar», analyse certains observateurs, qui font également remarquer qu’il ne s’agit nullement d’une grande prouesse diplomatique. Surtout que «pour la prestation de serment de Me Wade en 2000, il y avait plus de Présidents que pour cette cérémonie d’inauguration et de célébration du cinquantenaire».
D’ailleurs, ils ne manquent pas de se demander si c’est vraiment le quota de chefs d’Etat qu’attendait Me Wade, pour l’inauguration de ce monument ? De toute évidence non. Car, certains observant que «certains grands absents», pourtant très proches du président de la République et très en phase avec son projet de renaissance africaine, manquent à l’appel. Ce sont analysent-ils, «ceux-là, dont la présence aux côtés de Me Wade pendant ces cérémonies auraient donné non seulement un cachet plus spécial, au vu de leur poids sur le continent, mais également participerait à mieux solidifier la force de l’Afrique à tendre réellement vers l’union, vers une véritable renaissance africaine». Ce sont citent-ils, outre le Président Ghanéen John Atta Mills, le Guide Libyen Mohamar Khadaffi, le Président Brésilien Lula, le Sud Africain Jacob Zuma, l’Egyptien Mouhammed Hosni Moubarak, pour ne citer que ceux là. Même Thabo Mbeki qui a eu à prendre part à la pose de la première pierre, n’a pas honoré le rendez-vous de l’inauguation. Des absences qui du reste poussent les plus sceptiques à affirmer que «la vraie raison qui a poussé certains chefs d’Etat à honorer de leur présence le cinquantenaire du Sénégal, c’est seulement parce qu’ils tiennent à avoir Me Wade à leurs côtés, pendant la prochaine célébration de leur fête d’Indépendance».
L’autre absence très remarquée et qui fait encore couler beaucoup de salive, c’est celle des Etats occidentaux notamment la France. Le président de la France, ancienne puissance coloniale, Nicolas Sarkozy absent à la cérémonie d’inauguration a, dit-on envoyé un message écrit à son homologue sénégalais et s’est fait représenter par son ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux. Mais là encore, estiment certains de nos interlocuteurs, «Brice Hortefeux n’a fait le déplacement vers Dakar sur la demande du Président Sarkozy, que dans le seul objectif de ne pas créer d’autres tensions sur le plan diplomatique, après celles que suscitent déjà le départ des bases françaises de Dakar». Pour preuve fait-on remarquer : «La France n’a pas daigné participer au rêve de renaissance du continent. Elle n’est pas fière du monument inauguré par Me Wade. Brice Hortefeux, censé venir représenter la France a par conséquent choisi exprès de ne pas assister à l’inauguration du monument de la Renaissance, mais de venir simplement à la tribune officielle du défilé du cinquantenaire».
lequotidien.sn