La dame Awa Sarr va payer les pots cassés par son mari. Poursuivie pour abus de confiance pour lui avoir prêté l’argent de la tontine. Hier, elle a bénéficié d’une liberté provisoire, en attendant le délibéré prévu le 21 octobre.
Awa Sarr est une commerçante respectée dans son quartier, qui a réussi à convaincre certaines amies à se lancer dans une tontine. L’opération consistait à épargner le maximum d’argent par an pour pouvoir faire face aux besoins de la fête de Tabaski. Pendant trois ans, la commerçante n’a rencontré aucune difficulté à gérer l’argent de la tontine, remettant les sommes dues à temps. Cette année, les choses se sont beaucoup moins bien passées.
En effet, avant la fête, son mari l’a convaincue de lui prêter la somme de 4 millions. La dame refusa dans un premier temps, mais finit par se laisser convaincre. Son conjoint est venu à bout de ses résistances en lui confiant qu’il avait le projet de s’acheter deux voitures pour travailler en tant que chauffeur. Hélas, le mari a disparu, une fois l’argent en main, alors qu’il avait promis de rembourser dans les plus brefs délais. Le couple a quatre enfants.
Alors que la Tabaski approchait à grands pas, la commerçante s’est trouvée dans l’impossibilité d’honorer ses engagements. Les participantes à la tontine ont fini par porter plainte pour abus de confiance. Devant la barre, Awa Sarr 33 ans, la voix cassée, s’est réfugiée derrière son foulard, en confiant au juge que c’est son mari qui l’a entrainée dans cette situation. «Cela fait 4 ans que je gère cette tontine et je n’avais jamais rencontré de problème. C’est mon mari qui m’a forcée à lui remettre l’argent. Et depuis lors, je ne l’ai plus revu», a expliqué la prévenue.
Ces propos n’ont pas empêché le juge de lui faire des remontrances : «Si tu veux faire plaisir à ton mari, fais-le ! Mais, avec tes propres revenus». Awa gardant le silence, devant cette remarque, le procureur est intervenu : «tu faisais du suul buki, sulli buki», lui a-t-il dit d’un ton ferme, avant de demander l’application de la loi à son encontre. Auparavant, les parties civiles, au nombre de 8, avaient demandé, par le truchement de leur avocat, le remboursement de la somme de 2 millions, en tenant compte de la somme de 650 000 francs qui leur avait déjà été versée. La même somme (2 millions) a également été demandée par l’avocat pour réparer le préjudice subi par ses clientes.
A son tour, la défense a plaidé une application bienveillante de loi à l’endroit de sa cliente qui n’a jamais varié dans ses déclarations, en reconnaissant les faits. La robe noire a ajouté que sa cliente s’est retrouvée dans cette situation à cause de son mari qui est en fuite, depuis l’éclatement de cette affaire.
Awa Sarr sera fixée sur son sort, le 21 octobre. En attendant, elle a pu bénéficier d’une liberté provisoire sur la demande de son conseil.
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