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Accès Aux Filières Scientifiques Et Technologiques Et De L’ingenierie
Ces Stéréotypes Et Contraintes Qui Freinent Les Femmes Et Les Filles

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La Journée internationale des femmes et des filles de sciences a été célébré hier, jeudi 11 février dans le monde entier. En cette période de pandémie à Covid-19 le thème de cette célébration a porté sur «Les femmes scientifiques à la pointe de la lutte contre la COVID-19». En effet, bien qu’elles ne constituent qu’un tiers des chercheurs dans le monde et occupent dans les grandes universités des postes moins importants que les hommes, les femmes, qui représentent 70% du personnel de santé, ont été parmi les plus touchées par la COVID-19 et ont été souvent en première ligne des efforts pour la vaincre. Alors quelle est la place des femmes/filles dans les sciences au Sénégal ? Quelles sont les contraintes liées à leur accès aux filières scientifiques ? Comment les y intéresser ? Des acteurs posent le débat
 
AMINATA COLLÉ FAYE, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION DES FEMMES POUR LA PROMOTION DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE AU SENEGAL : «Pour motiver les femmes et les filles à rester dans les filières scientifiques, il faut leur octroyées des bourses, des aides, parce que…»

«En ce qui concerne les études, je pense que les facteurs qui éloignent les femmes et les filles des domaines liés à la science, c’est surtout une peur, une peur qui n’est même pas motivée. Les filles vous disent toujours que les mathématiques sont très difficiles. Mais, ce n’est pas difficile, c’est comme le français, comme l’anglais. Vous apprenez, vous appliquez et vous y êtes. Il y a également les facteurs qui font qu’à la maison, les filles n’ont pas assez de temps pour étudier. Alors, elles sont confrontées aux travaux domestiques, surtout dans les campagnes. Alors là, quand elles sont en classe, peut-être que les garçons les dominent un peu. Dès qu’un garçon a une moyenne supérieure à la fille qui est a côté, elle se sent frustrée et se dit : «ce n’est pas la peine». Mais c’est bien la peine, il faut juste apprendre. Elles ont une peur qui n’est pas motivée et cette peur est en train de disparaitre. Parce que si on regarde maintenant autour de nous, elles sont en train d’embrasser les filières scientifiques. Pour motiver les femmes et les filles à rester dans les filières scientifiques, il faut leur octroyées des bourses, des aides, pour qu’elles puissent aller continuer leur études dans les écoles de sciences. C’est assez difficile pour certains parents ; mêmes s’ils veulent que les enfants fassent ces études-là, ils n’ont pas les moyens. Le thème de cette célébration porte sur les femmes scientifiques à la pointe de la lutte contre la COVID-19. C’est tout à fait un thème très pertinent. Parce que la femme est la base de la société. Elles sont capables d’expliquer aux autres ce qu’est un virus. Donc, ces femmes scientifiques au niveau du ministère de la Santé vont permettre une plus grande vulgarisation de ces mesures (édictées) pour la lutte contre la COVID-19, en respectant tout ce qui a été dit.».

CHEIKH MBOW DE LA COSYDEP : «La majorité des filles opte plus pour la littérature que pour les séries scientifiques et ce par manque de courage»

«Pour apprécier la place des femmes et des filles de la science au Sénégal, il faudra d’ores et déjà mettre l’accent sur les intentions, c’est-à-dire qu’est-ce que la politique éducative prévoit, pour ensuite terminer par la réalité, en l’occurrence ce qui se passe sur le terrain. Dans les Intentions, il faut noter que le Sénégal opte pour une bonne politique quant à l’insertion des filles dans les systèmes éducatifs, plus particulièrement dans les sciences et technologies notamment avec un certain nombre de quotas qui leur est destiné dans les lycées et établissements scientifiques. Mais, dans la réalité, il est à noter qu’en réalité le taux de scolarisation de ces dernières est très faible aussi bien à l’élémentaire qu’aux niveaux supérieurs… Il est aussi à noter que, dans la réalité, à travers les concours et évaluations organisés tant au niveau national que sous régional, les filles sont de loin devant les hommes pour ne pas dire qu’elles excellent dans ce domaine c’est-à-dire les séries scientifiques.

LES TROIS CONTRAINTE MAJEURES A L’ACCES DES FILLES AUX MATIERES SCIENTIFIQUES

Sur les contraintes liées à l’accès en nombre important de femmes/filles aux filières scientifiques et technologiques, je pense qu’il y en a beaucoup. D’abord il y a des contraintes d’ordres socioculturelles : beaucoup pensent que les sciences ne sont réservés que pour les garçons ; ce qui justifie, par ailleurs, la faible présence des filles dans les matières scientifiques. L’autre facteur socioculturel, c’est lié au travail domestique. Les filles ont moins de temps à consacrer aux études, surtout en milieu rural. Elles sont sur-sollicitées à la maison et elles ont moins de temps que les garçons. L’autre contrainte peut être la faiblesse du dispositif d’orientation. On se doit de les aider afin de résorber le gap notoire quant à leur présence sur les séries scientifiques mais aussi et surtout les aider à démystifier ces dites séries. Le troisième facteur peut être les méthodes pédagogiques : l’Etat doit entamer une politique de rénovation des méthodes pédagogiques par rapport au Curricula mais aussi par rapport au support pédagogique face au manque de matériel. Quand on dit sciences, cela nécessité un travail à domicile. Donc disposer de matériels à la maison, de suffisamment de matières, pour nous, c’est aussi un élément important. Il faut aussi noter que la majorité des filles opte plus pour la littérature que pour les séries scientifiques et ce par manque de courage.

«POUR SUFFISAMMENT DE PSYCHOLOGUES-CONSEILLERS ET PLUS DE FEMMES DANS LE CORPS ENSEIGNANT DES FILIERES SCIENTIFIQUES»

Pour intéresser les filles aux matières scientifiques et technologiques il faut voir le lien entre les dispositions littéraires et les sciences. Aujourd’hui, il y a des filles ou des jeunes, de manière générale, qui peuvent avoir des difficultés à performer en sciences, pas parce qu’elles en sont incapables, mais parce que la matière d’enseignement est faite telle sorte qu’elles ont des difficultés d’accéder aux connaissances. Aujourd’hui, pour nous, la langue d’apprentissage c’est un élément essentiel parce qu’elle va permettre aux enfants de mieux comprendre ses filières. Ça, c’est un élément. Pour un autre élément, il faut qu’on ait suffisamment de psychologues-conseillers. Au Sénégal, il n’y a qu’un psychologue-conseiller pour 9600 élèves. Vous voyez donc que les enfants ne sont pas tous suivis pour qu’on soit capable de détecter leurs talents et les mettre en confiance à l’école. Donc ça c’est un système d’orientation aussi qu’il faut interroger pour que les enfants puissent prendre conscience de leurs talents. Le troisième élément, c’est qu’il faut aussi lever les faux arguments. Tout ce qui est préjugés, il faut les lever à travers évidemment beaucoup d’initiatives. Déjà, si nous avons des femmes modèles qui ont réussi en sciences et qui portent leurs plaidoyers, ça peut être excellent. Mieux, plus de femmes dans le corps enseignant des filières scientifiques ça peut encourager. Il faut aussi Initier les enfants dans les matières scientifiques dès le bas âge. Il ne faut pas entendre qu’elles soient en classe de Terminale où en Seconde pour s’intéresser à la place des filles dans les sciences. Faites le dès le bas âge et puis le préscolaire ; il faut commencer déjà à les mettre dans des situations de recherche, de questionnement, de découverte… C’est ça qui fera que très tôt elles commencent à démystifier la science, à avoir l’amour de la science et, progressivement à l’élémentaire, au moyen et secondaire. Donc, pour nous, installer ce réflexe scientifique dès le premier âge, c’est aussi un élément essentiel si nous voulons y aller.»
 
EL KANTARA SARR, SECRETAIRE GÉNÉRAL DU SIENS : «Le développement des sciences et de la technologie est marqué par de grandes figures féminines de renom qui ont changé le monde, mais insuffisamment reconnues comme modèle…»
 
«Cette Journée internationale des femmes et filles de sciences contribue hautement à la promotion et au renforcement de la participation pleine et équitable des femmes et des filles à la science, en permettant de rappeler que les femmes et les filles jouent un rôle essentiel dans la communauté scientifique et technologique. En effet, le développement des sciences et de la technologie est marqué par de grandes figures féminines de renom qui ont changé le monde, mais insuffisamment reconnues comme modèle de sorte à susciter, malgré les multiples barrières socioculturelles et d’egos, des vocations chez les filles. Par ailleurs, malgré certaines avancées notables, il est établi, selon un rapport du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) que les besoins du continent africain, notamment le développement de ses infrastructures, son industrialisation, la modernisation de son agriculture, l’essor de son secteur privé et l’amélioration de ses systèmes de gouvernement et de redevabilité, ont pour dénominateur commun la nécessité de disposer de personnes en mesure d’acquérir des compétences scientifiques et technologiques. Aucune amélioration n’est envisageable dans la qualité de vie des africains sans que l’on ne consente des investissements en matière de compétences professionnelles, de matières scientifiques, de technologies et d’innovations. En effet, on constate que les investissements engagés par des pays dans ces domaines, ont apporté des gains indéniables en termes de développement économique. De la même manière, ces pays ont profité de l’inclusion de la dimension genre, par laquelle des femmes sont outillées au même titre que les hommes, en connaissances et en moyens d’accès à la science et la technologie dans tous les domaines ; ce qui leur permet de résoudre les problèmes auxquels elles sont confrontées dans leur vie de tous les jours.

 SEULS 34% DES CHERCHEURS SONT DES FEMMES, EN AFRIQUE

Pour les contraintes liées à l’accès en nombre important de femmes/filles aux filières scientifiques et technologiques, aujourd’hui encore, des femmes et des filles se heurtent à des obstacles supplémentaires rien que pour bénéficier d’une éducation de base. La répartition traditionnelle des rôles selon le sexe se manifeste également dans le monde scolaire et universitaire où seule une minorité de femmes s’engage dans des disciplines scientifiques et technologiques avec des effets négatifs sur nos sociétés. Partant, seul le tiers des chercheurs du monde sont des femmes. Et, en Afrique, le pourcentage est de 34%. Cette situation découle principalement de l’existence d’un «plafond de verre» pour les femmes dans certains domaines, la faible sensibilité au genre et de fortes inégalités dans l’offre de services éducatifs et dans la mise en œuvre des politiques éducatives, la discrimination en défaveur des filles dans l’accès à certaines filières pour plusieurs raisons qui peuvent être liées à des croyances et réalités socio culturelles, de modèles éducatifs incitatifs à l’orientation et au maintien des filles dans les filières scientifiques,…

«DES DONNEES MONTRENT QU’IL EST PLUS QU’URGENT D’OPTIMISER LE POTENTIEL LATENT DES FILLES/FEMMES…»

Le Sénégal a une structure de population (2019) légèrement en faveur des femmes (50.2%) par rapport aux hommes (49.8%). En écho à cette vision, l’Etat ambitionne à tous les niveaux d’enseignement, de réorienter le système éducatif vers les sciences et la technologie, (CNAES et ANEF) et formule dans ses documents de politique éducative, l’ambition de promouvoir l’inclusion des filles ainsi que la lutte contre les inégalités et les discriminations tout en œuvrant à l’égalité des genres et l’autonomisation des filles et des femmes, ainsi que le renforcement de l’accès et du maintien des filles dans les filières de Sciences et Techniques Industrielles (STI). Du point de vue des performances scolaires, le dernier rapport d’évaluation du PASEC a révélé sur un échantillon aléatoire avec un indice de parité en faveur des garçons/hommes (élèves/enseignants), qu’il n’y a pas eu de différence significative absolue entre les filles et les garçons en mathématiques et en fin de cycle primaire contrairement aux résultats enregistrés en début de cycle. Ces données montrent qu’il est plus qu’urgent d’optimiser le potentiel latent des filles/femmes de sorte que la tendance positive constatée en début de scolarité se maintienne jusqu’au supérieur et que cela se traduise concrètement dans le choix des filières prioritaires et en termes de performances et débouchés.

COMMENT INTERESSER LES FILLES AUX MATIERES SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES ET INVERSER LA DYNAMIQUE NEGATIVE ?

 Pour intéresser les filles aux matières scientifiques et technologiques, il faut informer et travailler à démontrer en : 1, qu’ il convient de recruter les meilleurs talents pour la science et la technologie abstraction faite du genre ; deuxièmement, que l’investissement dans l’éducation des filles et la formation des femmes apporte des bénéfices à la société ; troisièmement, que plus une communauté de chercheurs est diversifiée, plus ses résultats et les questions étudiées seront diversifiés et intéressants pour le développement des connaissances et enfin en 4, que chaque individu a le droit de réaliser son potentiel, quel que soit son sexe. La création d’écoles d’excellence uniquement réservée aux filles et une politique systématique de modélisation d’exemples de réussite dans les créneaux d’excellence, la détection précoce des talents, leur accompagnement, orientation et protection contre les risques de décrochage socialement provoqués pourraient, entre autres éléments, contribuer à inverser la dynamique négative de ce point de vue.».

USA – FEMMES DE SECIENCES : Distinction de la mathématicienne sénégalaise Marième Ngom (31 ans)

La jeune sénégalaise Marième Ngom, 31 ans, titulaire d’un doctorat en mathématiques de l’Université de l’Illinois à Chicago, figure parmi les 28 mathématiciens noirs nominés ce mois de février, par le réseau des minorités en Sciences Mathématiques. D’après le communiqué parvenu à Emedia, l’institut Mathematically Gifted and Black célèbre la diversité dans le domaine universitaire en Sciences Mathématiques, et met en lumière des mathématiciens et mathématiciennes noirs talentueux qui contribuent fortement à l’avancée de la recherche pure ou appliquée.
Dr Marième Ngom a grandi à Mboro, dans la région de Thiès, et est titulaire d’un baccalauréat S1. Ayant fait les classes préparatoires aux grandes écoles, elle quitte la France avec un diplôme d’ingénieur et deux masters en informatique et mathématiques, avant de s’envoler aux Etats-Unis pour y faire un PhD. « Nous sommes ravis de mettre en lumière 28 mathématiciens noirs chaque février et de partager leurs histoires avec vous. Vous pouvez voir des visages familiers ou inconnus, et nous espérons que vous apprendrez quelque chose de nouveau », lit-on sur leur site
PAR SEYNABOU BA (STAGIAIRE) & ID
sudonline.sn

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