Le diplomate sénégalais Babacar Gaye, 64 ans, qui dirigeait la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), a été renvoyé à la suite d’une série d’accusations d’abus sexuels contre des enfants commis par des casques bleus. Il « a remis sa démission à ma demande », a annoncé mercredi 12 août Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU).
« Il m’est impossible de mettre en mot la colère, le tourment et la honte que je ressens après ces accusations récurrentes au fil des années d’exploitation sexuelle et d’abus commis par des forces onusiennes (…). Je ne tolérerai aucun agissement de ceux qui remplacent la confiance par la peur (…). Assez, c’est assez », a dit avec insistance le secrétaire général.
Viol et homicides à Bangui
Cette annonce est faite au lendemain de l’ouverture d’une enquête sur des accusations de viol contre une fillette et l’homicide d’un adolescent de 16 ans et de son père qui auraient été commis par des casques bleus au cours d’une opération armée dans la capitale centrafricaine au début d’août.
Au moins cinq personnes, dont un casque bleu, avaient été tuées et des dizaines blessées pendant cette opération qui s’est déroulée les 2 et 3 août, et visait à arrêter un ancien chef de l’ex-rébellion Séléka dans l’enclave musulmane du PK5 à Bangui. La Séléka, à dominante musulmane, avait pris le pouvoir à Bangui en mars 2013, avant d’en être chassée l’année suivante, mais elle y a gardé des sympathisants, notamment dans le quartier du PK5.
Quatorze Français impliqués dans une autre affaire
L’enquête fait suite à plusieurs cas similaires mettant en cause des casques bleus marocain et burundais. Dans une affaire séparée, Paris enquête sur des allégations d’abus sexuels commis par ses soldats sur des enfants en République centrafricaine entre décembre 2013 et juin 2014. Ces accusations visent notamment 14 militaires français qui faisaient partie de l’opération « Sangaris » menée par la France en République centrafricaine et n’étaient pas sous le commandement de l’ONU.
Toutefois, l’ONU a aussi nommé une commission indépendante pour enquêter sur ce cas et plus précisément sur la façon dont les Nations unies ont géré l’affaire, après des critiques pointant du doigt la lenteur de sa réaction sur le dossier.
lemonde.fr titre xalima