26 août 1958. Des militants du Parti africain pour l’indépendance (PAI) agitent des pancartes à la place Protêt (actuelle place de l’indépendance). Parmi eux, une femme de 25 ans, menue, le visage ovale participe à l’histoire de la souveraineté du Sénégal. Elle a aujourd’hui 77 ans. Dans le clair-obscur de sa chambre à la cité Keur Khadim, elle apparaît figée au milieu de son lit. Seule, silencieuse, stoïque. Silhouette fragile ou menaçante ? On hésite. L’interrogation, elle, demeure. C’est tout Adji Maguette Diop ça. La capacité intrinsèque à susciter le trouble, le mystère.
« LES COLONS NOUS TRAITAIENT COMME DES MOINS QUE RIEN… »
Les souvenirs ne sont livrés que dans la mesure où ils permettent la réflexion, les réflexions ne sont explorées que dans la mesure où elles éclairent le souvenir. La vieille dame explore ses souvenirs, la réflexion est là, mais l’âge tue les dates. On les évoque pour elle, mais le récit est tout à fait époustouflant. Il a pour scène 1958. Du 20 au 27 Août, le général de Gaulle a effectué une tournée africaine, dans le cadre du référendum de 1958 et dont l’objectif était de recueillir les Oui et les Non, selon l’aspiration d