Après avoir morcelé et vendu une bonne partie des terres de l’Aéroport Léopold Sedar Senghor de Dakar, les autorités se rendent compte que les chantiers des promoteurs immobiliers accentuent les facteurs d’insécurité sur la plateforme, d’autant plus que les moyens en ressources humaines ne suivent toujours pas.
Par Safiétou KANE
Après avoir procédé au morcellement de l’emprise de l’Aéroport Léopold Sedar Senghor (Lss) de Dakar, les responsables de l’Etat commencent à se rendre compte que cette opération, au-delà de ses avantages financiers, comporte également de nombreux inconvénients. Parmi les plus graves, se trouve la question de la sécurité au sein de l’aéroport. Le Quotidien avait, en son temps, parlé des cas de vol et d’agression dont ont été victimes des voyageurs et des propriétaires de jet privé, dans des zones théoriquement sécurisées. Il y a également, comme s’en inquiètent l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) et l’Agence nationale de l’aviation civile au Sénégal (Anacs), des cas de vol de matériel technique nécessaire à la sécurité de la navigation aérienne.
Au cours d’une réunion tenue en août dernier, les représentants de différents secteurs impliqués dans la sécurité de l’aéroport ont, sous la présidence de Mathiaco Bessane, le directeur de l’Anacs, fait le constat de la «recrudescence d’actes de vandalisme sur les installations techniques de l’aéroport Lss». L’un des plus importants est celui survenu dans la nuit du 2 au 3 août dernier, avec un vol de câbles servant à la communication. La plainte de l’Asecna a permis à la Gendarmerie de mettre la main sur deux des malfrats et de retrouver le matériel volé. Il n’empêche que, le Directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile, M. Mathiaco Bessane, a voulu «rechercher des solutions avec les responsables des structures de la plateforme aéroportuaire, impliqués dans la mise en œuvre des opérations de sûreté», comme le dit le compte rendu de la réunion du 19 août dernier. Ladite rencontre a permis de mettre à jour les difficultés auxquelles se heurtent les agents chargés de la sécurité de l’aéroport.
Le représentant de la Gendarmerie a ainsi fait part des difficultés que ses collègues et lui rencontrent dans l’exercice de leur fonction. Il a fait remarquer que le mur de clôture de l’aéroport est peu étanche, et «la nouvelle configuration de l’aéroport, avec la présence de plusieurs ouvriers et engins sur les chantiers des promoteurs immobiliers dans l’enceinte de l’aéroport, rend très difficile la surveillance de l’enceinte de l’aéroport». En plus de cela, du fait de l’insuffisance des effectifs, seuls deux éléments sont basés sur la piste 36, ce qui ne leur permet pas d’avoir une vue sur le reste de l’aéroport.
Mais ce qui est dramatique, c’est que la dotation en carburant n’est que de 1 000 litres par trimestre, ce qui ne permet pas d’effectuer toutes les patrouilles requises au sein de la plateforme. Certains chemins de ronde, devenus impraticables, en ajoutent aux difficultés. Les gendarmes ont demandé la construction d’une nouvelle grille de séparation de la zone fret et du parking avions. La réunion a permis aussi d’apprendre que des agents de la Gendarmerie font rétribuer les services qu’ils offrent à certains propriétaires d’aéronefs. Alors que, sur les lieux, c’est la Gendarmerie qui a la responsabilité de la surveillance. Ces services rétribués n’introduisent-ils pas une inégalité dans le traitement des usagers de l’aéroport ? La question mérite d’être posée, si l’on s’interroge sur la manière dont le jet d’un ressortissant suisse a pu être «visité» sur le tarmac protégé de l’aéroport, avec la présence des forces de sécurité.