Plusieurs commentateurs et analystes politiques n’ont pas manqué de répondre positivement à cette interrogation, en mettant mal à l’aise notre majorité politique qui gouverne notre pays depuis la chute historique du régime de Wade, le 25 Mars 2012.
Cette position repose sur l’octroi de la liberté provisoire à Bartélémy, et le refus de cette même liberté provisoire à Béthio, alors qu’ils sont tous les deux présumés coupables de meurtre !
Ce malaise résulte du fait, que nos adversaires, et mêmes certains des membres ou sympathisants de notre majorité politique, considèrent que c’est une violation de notre « crédo de respect strict de l’indépendance du Pouvoir judiciaire » par rapport à l’Exécutif et au Législatif.
Pis encore, en faisant élire Barthélémy, « Député » à l’Assemblée nationale, notre majorité donne l’impression de le soustraire à la Justice de notre pays, en lui permettant d’acquérir une « immunité parlementaire », alors qu’il ne jouit que d’une liberté provisoire !
Les professions de foi, répétées à maintes reprises, de Barthélémy Diaz, sur ses « dispositions à demander la levée de cette immunité » dès que la Justice aura besoin de continuer la procédure pendante le concernant, n’ont pas, apparemment, convaincu beaucoup de monde.
Pour ce qui est de Béthio Thioune, par contre, le respect de l’indépendance du Pouvoir judiciaire dans le cadre du nouveau régime de notre majorité politique dirigée par le Président Macky Sall, est attesté par la neutralité, publiquement affichée, des plus hautes Autorités du « Muridism », dans lequel, le prévenu jouit du statut de « Cheikh ».
Cela est illustré par le fait, qu’en dehors de ses fidèles appelés « tchiantacounes », aucune Autorité du « Muridism », ou aucun groupement s’y réclamant, n’a appelé la Confrérie pour faire pression sur notre régime. Ce qui témoigne du sentiment qu’ils ont, dans cette « Affaire », que, sous le régime de Macky, l’indépendance du Pouvoir judiciaire est assurée.
Leur vigoureuse interdiction du « port du gourdin » durant la campagne électorale pour la Présidentielle de Février 2012, lorsque le Khalif Général des « Murids », était convaincu, que les « tchiantacounes » allaient en user pour violenter les populations, à la demande du Président sortant, illégalement candidat à sa propre succession, qui faisait face à une puissante mobilisation populaire pour son départ, a montré leuur refus de cautionner les violences gratuites, encouragées par l’impunité d’acteurs et autres commanditaires qui se prévalent de la protection de l’Etat.
C’est ainsi que, malgré les tentatives, du PDS, de présenter l’ « Affaire Béthio Thioune , dès le départ, comme un exemple « d’acharnement contre les guides religieux », ils ont laissé le pouvoir judiciaire travailler sereinement , tout en veillant au respect strict des procédures de Droit en la matière, sans tolérer d’ interférence d’aucune sorte,
Dans ces conditions, face aux accusations, portées contre nous, d’ attitudes partisanes dans la gestion de cette « Affaire », le sentiment de culpabilité qui taraude dans la conscience de notre majorité politique, ne peut s’expliquer que par les effets dévastateurs de l’ « immunité parlementaire » qu’elle a permis à Barthélémy d’obtenir, à l’issu de son élection comme Député.
En effet, si Wade était élu, Barthélémy irait certainement aux Assises.
Ce sentiment inhibe les réactions politiques de notre majorité, pour défendre l’indépendance du pouvoir judiciaire, qui est le socle de tout Etat de Droit, que nous avons l’ambition de construire.
Il faudrait donc lever cette « immunité », pour donner un signal fort à l’opinion, afin qu’elle comprenne, que notre majorité politique ne cherche pas à le soustraire de la Justice. Barthélémy est prêt pour cela. C’est donc à notre majorité, à l’Assemblée nationale, de s’assumer, pour faire cesser les amalgames sur ces « Affaires », afin de permettre à l’opinion de se convaincre définitivement, qu’avec nous, « le règne de l’impunité est fini ».
L’opinion a besoin de cela pour pouvoir être en mesure d’être édifiée sur le fait, que le PDS, sous couvert de la lutte pour libérer Béthio, exploite en fait cette « Affaire », pour mener, comme son expérience dans l’opposition l’indique, une campagne politicienne de pression sur notre Gouvernement, afin de sauver la tête de ses principaux animateurs, épinglés par leur mauvaise gestion.
L’opinion ne devrait pas perdre de vue, la nature violente du PDS, qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition, encore moins, sa culture, dans l’opposition, de recours au vandalisme, à la destruction des biens publics et privés, et même à l’assassinat d’un Juge du Conseil Constitutionnel, pour semer la peur dans les rangs du pouvoir, afin d’y négocier une place, s’il n’arrive pas à le renverser.
Il n’est donc pas étonnant d’entendre le Coordinateur du PDS, déclarer, en Conférence de Presse, que : « Nous allons rencontrer ceux qui organisent actuellement la lutte (pour la libération de Béthio) pour voir comment coordonner ensemble le combat », lors du premier jour de manifestations violentes des « tchiantacounes » à Dakar, émaillées de casses de bus.
Le lendemain, ce fut l’horreur au Centre- ville de Dakar, avec 123 véhicules saccagés, et le Centre des Oeuvres Universitaires (COUD de l’UCAD), incendié par une horde d’étudiants !
C’est la manifestation, sous sa forme la plus hideuse, de toute la marque de la culture de violence du PDS dans l’opposition.
C’est de cette manière qu’il obtenait l’impunité face à un Président Diouf terrorisé, et il espère en faire de même avec Macky !
C’est pour cette raison, que notre gouvernement, avec à sa tête, le Président Macky Sall, devrait être intraitable avec les faiseurs de troubles à l’ordre public.
Pour cela, il ne suffit pas seulement de mener une enquête pour traquer les auteurs et commanditaires de cette forfaiture.
Il est nécessaire, aussi, qu’une enquête de la Police des Polices soit diligentée, afin de faire toute la lumière sur les raisons de l’absence scandaleuse de réactions rapides des Forces de Sécurité ce 22 Octobre de triste mémoire, et sur les défaillances manifestes des Renseignements Généraux, qui se sont avérés incapables de prévenir un tel désastre au cœur de la Capitale.
De même, une enquête indépendante devrait être lancée, pour déterminer la responsabilité du Préfet et du Gouverneur de Dakar, dans le laxisme noté chez les Forces de Sécurité.
L’opinion ne pourrait pas comprendre, que malgré leur professionnalisme avéré, nos Forces de Sécurité aient pu faire preuve d’une carence aussi grave, sans que les responsabilités ne soient pas clairement situées, et les coupables identifiés et sanctionnés de façon exemplaire, étant donné que, sans procéder à une « chasse aux sorcières » quelconque, il est de notoriété publique, que Wade avait ses hommes dans la hiérarchie des Forces de Sécurité, dans les Renseignements, et dans l’Administration territoriale.
Les populations ne se sentiront pas en sécurité, tant que des sanctions ne seront pas prises et portées à leur connaissance, du fait de la culture de violence qu’elles connaissent du PDS.
Il y va de la Défense de notre République Démocratique qui, à cet effet, s’est forgée de solides armes institutionnelles, et s’est dotée de ressources humaines de qualité.
C’est pour cette raison, que ce serait une erreur stratégique grave, qui risque d’être fatale à notre République Démocratique en phase de maturité, que de se donner le devoir de la défendre par nos militants, en affrontant ses ennemis dans la rue, comme le préconisent certains membres de notre coalition au pouvoir.
Ce serait, en effet, faire le jeu du PDS, en l’affrontant dans la rue, à la place de le combattre politiquement et idéologiquement, en se substituant ainsi aux Institutions et aux Ressources humaines que la République Démocratique s’est dotées pour se défendre.
C’est de cette manière que l’on aura donné du crédit aux affirmations d’« absence de l’Etat » que des analystes, souvent bien intentionnés, ont soutenue, en qualifiant ainsi la situation créée par le « le laxisme » des Forces de Sécurité ce 22 Octobre, sans qu’ils aient conscience, que c’est cela qui fait le lit aux ennemis de la République Démocratique, pour prendre le pouvoir et suspendre les libertés, sous prétexte de restaurer l’Ordre ! C’est pourr cela, que ce qui s’est passé ce 22 Octobre, ne devrait pas être considéré comme anodin, et que l’offensive du PDS, par « tchiantacounes » interposés, devrait être prise très au sérieux, en évitant de la banaliser.
En présentant les auteurs et les commanditaires de cette forfaiture comme de probables « victimes » d’un « acharnement » du pouvoir, l’on crédite la thèse de la nécessité de les soustraire des mains de la Justice.
Notre peuple a suffisamment bavé pour cet « angélisme » de mauvais aloi, sous Abdou Diouf.
Plus que jamais, il est donc nécessaire de défendre l’Indépendance du Pouvoir judiciaire contre toutes pressions et autres immixtions dans le traitement des dossiers pendants devant la Justice, et de laisser aux Forces de Sécurité assainies, le soin de s’acquitter convenablement de leur mission régalienne de défense de l’ordre public, républicain et démocratique, dans le respect strict des Droits et libertés, que la Constitution reconnaît aux citoyens et à leurs organisations légalement constituées.
Fait à Dakar, le 25 Octobre 2012
Ibrahima Sène/ BBY
Je crois qu’il est normal que deux poids fassent deux mesures! Alors,la bonne formule n’est elle pas « un poids, deux mesures »? QUI PEUT M’ÉCLAIRER?