Dans la nuit du 20 décembre 2007, des individus armés de fusils d’assaut font irruption dans le domicile de Chérif Samsidine Aïdara, chargé de mission du Comité des sages pour la paix en Casamance. Ils ouvrent le feu sur M. Aïdara, qui tentait de se sauver.
Les assaillants se retirent rapidement, en emportant avec eux une mallette contenant 60 millions de francs CFA et un téléphone appartenant à la présidence de la République, sous Abdoulaye Wade.
En se retirant du village de la victime, la bande armée braque un véhicule de transport public circulant sur l’axe Diouloulou-Bignona. Elle ouvre le feu sur le car, dont le conducteur, Amadou Badji dit Sakho, est atteint de deux balles, l’une à la poitrine, la seconde à la fesse droite.
Les corps sans vie de Chérif Samsidine Aïdara et d’Amadou Badji ont été transportés au district sanitaire de Diouloulou. Les enquêtes menées par la brigade de gendarmerie de Diouloulou ont permis d’arrêter, dans un premier temps, Samsidine Dino Kébanding Aïdara et Malanding Sonko.
Le premier nommé des personnes arrêtées est accusé d’avoir suivi son cousin Chérif Samsidine Aïdara de Ziguinchor à Mahmouda, dans le but d’aider la bande armée de le repérer. Il est reproché au second, Malanding Sonko, d’avoir distrait les enquêteurs, en les empêchant de suivre la piste de Yafaye Badji, l’oncle de sa fille qui travaillait comme domestique au domicile de la victime, Chérif Samsidine Aïdara.
Les enquêtes aboutissent à l’arrestation de Sifaye Diédhiou et d’Adama Sané, qui ont reçu des appels émis avec le téléphone portable emporté par les assaillants.
L’avocat général Gormack Tall a requis l’acquittement de Samsidine Dino Kébanding Aïdara et de Malanding Sonko, arguant que leur culpabilité n’est pas prouvée.
Il estime qu’il n’y a pas de témoins à charge contre Samsidine Dino Kébanding Aïdara, coordonnateur du processus de paix en Casamance et chargé de communication du Comité des sages.
Tous les témoins ont déclaré que Samsidine Dino Kébanding Aïdara ne convoitait pas le poste de chargé de mission qu’occupait Chérif Samsidine Aïdara, a fait valoir Me Ndéné Ndiaye, l’un des avocats des accusés.
Il souligne que son client, Samsidine Dino Kébanding Aïdara, n’a pas caché les divergences qui existaient entre lui et son cousin Chérif Samsidine Aïdara.
Selon Me Ndiaye, dans ce dossier, il est question de l’instabilité politique de la Casamance, qu’il qualifie de « monstre qui dévore ses propres fils ». « L’Etat a mis à la disposition des rebelles beaucoup d’argent, en pensant que c’était la meilleure solution », a-t-il soutenu.
« Nous faisons le procès face à la main invisible. […] Cette main invisible doit être forte, lourde et puissante. Il y a une main invisible qui voulait la tête de Samsidine Dino Kébanding Aïdara, le plus proche collaborateur de Chérif Samsidine Aïdara », a soutenu Me El Hadji Diouf, conseil aussi de la défense.
Il affirme que « cette main invisible a empêché les enquêteurs de s’occuper des vrais assassins, en se focalisant sur les complices ». Me Diouf déclare que « Samsidine Dino Kébanding Aïdara a perdu son épouse lors de son séjour en prison et sa famille s’est disloquée ».
Le second accusé, Malanding Sonko, a perdu l’usage de ses jambes et de ses yeux, à cause d’une maladie, lors de son séjour carcéral, selon Me Diouf.
Les autres avocats de la défense, Boubacar Badji, Ibrahima Sarr et Kaoussou Bodian, ont tous plaidé le non-lieu pour les accusés, invoquant l’absence de preuves de leur culpabilité.
La Cour d’assises de Ziguinchor a prononcé l’acquittement de Samsidine Dino Kébanding Aïdara et Malanding Sonko, poursuivis pour association de malfaiteurs, complicité d’assassinat et recel de malfaiteurs.