Par un nouveau rebondissement, l’avocat de la femme de chambre qui accuse Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle, Nafissatou Diallo, a annoncé samedi qu’il pensait que les poursuites allaient être abandonnées contre l’ancien patron du FMI. DSK pourrait être fixé sur son sort dès lundi.
Me Kenneth Thompson a indiqué au New York Times que le procureur lui avait adressé un courrier afin de convoquer Nafissatou Diallo à 15H00 lundi. « Mon interprétation de cette lettre, c’est qu’ils vont annoncer qu’ils classent complètement l’affaire, ou abandonnent certains des chefs d’accusation », a précisé Kenneth Thompson au quotidien new-yorkais. « S’ils ne s’apprêtaient pas à abandonner les poursuites, ils n’auraient pas besoin de la rencontrer », a-t-il ajouté. « Ils iraient juste au tribunal le lendemain et diraient : nous allons poursuivre l’affaire ».
M. Thompson a précisé qu’il se rendrait avec sa cliente chez le procureur lundi. Si l’affaire est classée, Dominique Strauss-Kahn, qui avait plaidé non coupable le 6 juin de sept chefs d’accusation, dont tentative de viol, agression sexuelle et séquestration, sera libre de rentrer en France. En principe, une nouvelle audience de M. Strauss-Kahn est prévue mardi à New York.
Elle a déjà été repoussée à deux reprises pour complément d’enquête, le procureur Cyrus Vance ayant des doutes sur la crédibilité de la femme de chambre guinéenne qui accuse l’ex-favori à la présidentielle française de l’avoir agressée sexuellement le 14 mai dans une suite du Sofitel de Manhattan.
Plainte au civil contre l’avis du procureur
Depuis des semaines, les relations sont extrêmement tendues entre le procureur et les avocats de Mme Diallo, qui, en parallèle à la procédure pénale, ont intenté une action civile le 8 août, pour obtenir de DSK des dommages et intérêts. Après trois mois d’un extraordinaire feuilleton judiciaire qui à coûté à DSK son poste de directeur général du Fonds monétaire international, de nombreux experts ont prédit un abandon des charges, en raison des doutes sur la crédibilité de la femme de chambre.
« Il y a une bonne chance que le procureur classe l’affaire », estime ainsi l’avocate Toni Messina. « Le fait que la plaignante ait porté plainte au civil, contre l’avis du procureur, le fait qu’elle ait tous ces problèmes de crédibilité affaiblissent considérablement son dossier », explique-t-elle à l’AFP.
Le 30 juin, le procureur Cyrus Vance avait fait savoir que Nafissatou Diallo, 32 ans, avait menti à plusieurs reprises sous serment, notamment pour obtenir l’asile aux Etats-Unis en 2004. Dans le cadre de l’affaire DSK, elle aurait menti en relatant ce qu’elle avait fait après l’agression présumée. Les avocats de Mme Diallo ont depuis fait feu de tout bois pour restaurer son image. La jeune femme illettrée a notamment donné fin juillet une longue interview télévisée, racontant avec force détails et mimiques la brutalité de ce qui se serait passé dans la suite 2806 du Sofitel.
La plainte au civil rentre également dans tous les détails de l’agression « violente et sadique » dont elle aurait été victime, et comment M. Strauss-Kahn l’aurait brutalisée, arrachant ses collants, la blessant au vagin et à l’épaule et la contraignant à genoux à une fellation. Le rapport médical, rédigé après l’hospitalisation en urgence de Mme Diallo le 14 mai, a également fuité ces derniers jours. Il mentionne des blessures dont il précise: « Cause des blessures: agression, viol ».
Nouvelle révélation
Mais vendredi, une nouvelle révélation a encore ajouté au trouble: elle faisait était d’une rencontre secrète fin juin, à l’initiative des avocats de Mme Diallo, pour essayer de parvenir à un règlement financier amiable avec les défenseurs de l’ancien ministre français. Les avocats de la femme de chambre ont dénoncé une « nouvelle attaque sans fondement » visant selon eux à faire oublier que DSK avait agressé une innocente femme de chambre.
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