C’est hier, un peu avant 19h, que Hissène Habré a reçu le coup de fil d’un ami lui annonçant que le gouvernement a suspendu la décision de l’expulser vers le Tchad. « C’est une bonne nouvelle. Je m’en réjouis pour moi-même et pour l’image du Sénégal », a-t-il réagi, visiblement soulagé. Comme, en novembre 2005, lorsqu’il avait annoncé son intention de l’expulser vers le Nigeria pour le remettre à Olusegun Obasanjo, alors président en exercice de l’Union africaine (UA), Abdoulaye Wade recule à nouveau. Cette fois-ci face au tir de barrage de toute l’opinion nationale et internationale. Le communiqué lu par le ministre des Affaires étrangères, Madické Niang, évoque comme motif du volte-face l’opposition du Haut commissaire aux droits de l’homme de l’Onu, Navi Pillay. Mais ceci n’est que l’argument officiel. Dès que la décision d’expulsion a été annoncée, le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, n’a, en effet, pas cessé de recevoir des réactions de toutes sortes, de la part de différentes autorités du pays. Serigne Mansour Sy, khalife général des Tidjanes, protecteur et guide religieux de Habré, est intervenue. La famille maraboutique de Touba en a fait de même. Selon une source proche, Serigne Bass Abdou Khadre, porte-parole du khalife général, reçu par Wade le 9 juillet, lui en a touché un mot. De même que le guide des Layènes ainsi que le Grand Serigne de Dakar, Bassirou Diagne Marème Diop. Des personnalités de l’entourage présidentiel, connues pour avoir de bons rapports avec Hissène Habré, n’ont pas dû être en reste. Le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, et le chef de la diplomatie, Madické Niang, ont été ses avocats. Iba Der Thiam et Thierno Lô n’ont pas dû se taire, compte tenu de leur position sur la question. Mais il y a aussi que Wade ne pouvait agir qu’en accord avec l’UA. Or, ni le président en exercice de l’organisation continentale Teodoro Obiang Nguema, ni le président de la commission Jean Ping ne sont d’accord pour une extradition vers le Tchad. Abdoulaye Wade aura tout de même réussi, à travers cette menace suivie d’une reculade, à internationaliser l’affaire et à amener l’Onu et l’UA à se pencher davantage sur le cas Habré.
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