Dans la forme, il y a de quoi s’offusquer dans l’affaire Lamine Diack du nom de l’ancien patron de l’athlétisme mondial mis en examen pour corruption et blanchiment aggravé. Dans le fond, les enquêteurs spécialisés de la brigade financière de Nanterre disposent d’un dossier extrêmement solide.
En effet, en lieu et place d’une convocation régulière, Lamine Diack a été accueilli comme un vulgaire délinquant. C’est dans la matinée de samedi dernier que les enquêteurs de la brigade financière ont fait irruption dans un hôtel très connu de la capitale française où ce dernier logeait. Il sera aussi informé de sa garde à vue avant de se voir embarquer.
Presque au même moment, son conseiller juridique, Habib Cissé, était intercepté par une autre équipe de la brigade financière agissant sur ordre du juge Renaud Van Ruymbeke qui a ouvert, depuis le 1er octobre dernier, une information judiciaire pour les chefs de corruption, recel, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs.
Pendant les quarante-huit heures de sa garde à vue, Lamine Diack sera interrogé sur les soupçons de corruption qui pesaient sur lui, mais aussi confronté à Habib Cissé et à Gabriel Dollé, l’ancien monsieur anti-dopage de l’Iaaf qui était aussi au violon.
Selon des sources du journal, les enquêteurs ont eu la trace de trois versements effectués par la fédération russe pour couvrir ses athlètes. Ces versements, qui tournent autour de 650 000 dollars, ont eu lieu en 2012. Or, les enquêteurs ont pu établir qu’ils ont eu lieu à la suite de rencontres entre Habib Cissé , Papa Massata Diack et Valentin Balakhnichev, président de la fédération russe, dans un hôtel de Moscou.
Le cas le plus singulier concerne l’athlète russe Liliya Shobukhova. Cette dernière a dû verser 450 000 euros à la fédération russe pour se couvrir alors qu’elle avait été contrôlée positive par la cellule anti-dopage de l’Iaaf. Mieux, alors qu’elle a menacé, plus tard, de dénoncer le réseau 300 000 euros ont été virés dans le compte de son mari. La presse a relaté que ces fonds proviennent d’une société basée à Singapour du nom de Black Tidings.
Les enquêteurs ont pu confirmer la véracité de cette transaction en plus de découvrir un détail troublant : Black Tidings a été monté par Massata Diack et un partenaire chinois. De plus, la société n’avait ni siège social ni personnel. En clair, la société écran idéale.
Libération