La fatwa lancée contre Taïb Socé, sur la 2 STV et la Rfm, est révélatrice du fanatisme ambiant. Les paroles prêtées à Taïb Socé, ont-elles été vraiment été les siennes ? Sont-elles le fruit d’une mauvaise interprétation ?
En tout cas le prêcheur incrimine Moustapha Diakhaté de la radio mouride « Lamp Fall » par qui, selon lui, tout est arrivé. Ce dernier lui cherche des poux, si on en croit ses déclarations. Des propos qui, selon toujours M. Socé, sont sortis de leur contexte, avec pour seul objectif, de l’accabler. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de s’excuser même si, estime t-il, les propos prêtés à lui, ne sont pas les siens.
Mais au-delà de toute cette polémique quant à au fait de savoir si Taïb Socé est coupable de dénigrement ou non, se pose la question de savoir si l’on a droit de lancer des Fatwas contre un individu en terre sénégalaise. Une attitude illégale, puisqu’on ne demande ni plus, ni moins à des talibés, de s’en prendre à Taïb Socé. Que signifie « répondre au coup par coup », « aucun mouride ne doit rester passif… » ? Il semble qu’il faille de la mesure en toute chose, et lorsqu’on s’adresse à des individus animés pour certains par l’instinct grégaire, puisque n’ayant pas vérifié la teneur des propos ainsi que leur véracité, la responsabilité implique que l’on n’entraine pas un groupe d’individus dans un mouvement de masse de cette envergure là.
Taïb Socé, est certes « dur » selon certains dans ses prêches, mais l’on peut aussi se demander s’il est aussi fou pour avancer de tels propos, connaissant les Mourides et leur attachement inébranlable à leur confrérie et guide ? Il ne prendrait certainement pas ce risque. On ne va quand même pas l’accuser de conspiration contre le Mouridisme. En a-t-il la capacité ? Assurément non. A t-il le pouvoir d’effacer la vérité ? Certainement pas.
Il semble que cette confrérie est si solidement ancrée sur cette terre sénégalaise et rayonne jusqu’à l’étranger dans des zones insoupçonnées pour que de simples paroles l’ébranlent, si tant est que ses paroles ou l’interprétation qui en est faite, correspondent aux propos du prêcheur. D’où vient-elle alors cette idée de s’en prendre à un individu sans au préalable faire preuve de retenue, de discernement ?
Mais au fond, si l’on y réfléchit bien, il n y a pas de contradiction entre l’œuvre de tous ces grands et saints hommes. Tous n’avaient qu’un seul objectif, servir Dieu et participer au rayonnement de l’Islam, et ils y sont tous ensemble arrivés. Ceux-là n’étaient pas dans une logique de concurrence, ils le faisaient tous au nom de l’islam. Que les Talibés veuillent tirer la couverture à eux pour mettre en avant leur confrérie, c’est une attitude qui peut certainement se comprendre et pour laquelle, la liberté peut être laissée à chacun d’entre eux.
Ce que l’on peut au fond retenir, c’est que Bamba a réalisé son œuvre sur terre et n’a demandé ni plus, ni moins, aux talibés de suivre son exemple. La bonne question à se poser, est de savoir ce que toutes ces personnes, mourides ou non font pour suivre au quotidien les prescriptions de ce saint homme qui n’appartient à aucune confrérie, ni à aucune religion. Il appartient à tous, ses principes sont universels. Ces hommes là qui se réclament de lui, essaient-ils de faire le bien, de moins mentir au quotidien, de donner l’aumône, de ne se livrer ni à la corruption, ni au recel, encore moins à la médisance voire la violence … Ce sont là les bonnes questions à se poser.
Sachant que le seul but dans la vie de Ahmadou Bamba était de se conformer scrupuleusement dans ses actes aux prescriptions divines, d’où son nom de Mouridoulahi, il ne serait pas venu dire aux manifestants d’hier, qui le faisaient aux cris de « Serigne Touba n’a pas d’égal !!! », que seul Dieu n’a pas d’égal, et que lui, parmi d’autres n’avait fait à l’égard de Dieu, que son devoir. Pour le plus grand rayonnement de l’Islam au Sénégal.