Six agents d’Al-Qaïda ont été arrêtés la semaine dernière pour avoir ourdi un complot visant à assassiner le président afghan Hamid Karzaï, ont annoncé mercredi les autorités afghanes.
«Les services de renseignement afghans (NDS) ont arrêté un groupe de six personnes en lien avec un complot visant à assassiner le président», a déclaré le porte-parole du NDS, Lutfullah Mashal.
Plusieurs influentes personnalités proches de M. Karzaï ont été assassinées ces derniers mois, soulignant la fragilité du gouvernement face à une rébellion des talibans qui a gagné du terrain et mène des attaques de plus en plus audacieuses, y compris au coeur de la capitale Kaboul.
«Ces six personnes avaient été recrutées par Al-Qaïda par l’intermédiaire de Sayed Aqa, un professeur de théologie à l’Université médicale de Kaboul», a précisé M. Mashal, sans mettre en cause les rebelles talibans, à qui M. Karzaï a proposé en vain des négociations de paix ces dernières années.
Un garde du corps de M. Karzaï, Muhibullah Ahmadi, originaire comme le président du village de Karz, dans la province de Kandahar (sud), était impliqué dans ce complot, a-t-il ajouté.
Sayed Aqa était en contact avec un Égyptien et un Bangladais établis dans la zone tribale pakistanaise du Waziristan du Nord, où tous les comploteurs, à l’exception de Muhibullah, s’étaient rendus il y a un mois. Dans ce bastion des talibans et d’Al-Qaïda, ils avaient reçu des vestes piégées servant à commettre des attentats-suicide et un entraînement, a ajouté M. Mashal.
Un responsable afghan a ajouté sous couvert d’anonymat que les services de renseignement continuaient de rechercher d’autres acteurs présumés de ce complot, dont des professeurs, des étudiants, des fonctionnaires et un journaliste.
Le 20 septembre dernier, l’ancien président Burhanuddin Rabbani, chargé de négocier la paix avec les rebelles talibans, avait été assassiné à Kaboul par un kamikaze qui se présentait comme un négociateur taliban.
Dimanche, la présidence afghane avait assuré que le meurtrier de M. Rabbani était un Pakistanais, et que l’attentat avait été planifié dans le sud-ouest du Pakistan, où se cacherait le commandement suprême des talibans.
Le gouvernement afghan a multiplié ces derniers jours les déclarations mettant en cause le Pakistan, accusé de soutenir clandestinement les talibans.
L’annonce de ces arrestations intervient alors que M. Karzaï effectue une visite en Inde, ennemi héréditaire du Pakistan, avec laquelle il a signé mardi un accord de partenariat stratégique.
Hamid Karzaï, 54 ans, dirige l’Afghanistan depuis la fin 2001, lorsque les troupes occidentales ont chassé les talibans du pouvoir.
Porté à la tête du pays avec le soutien des États-Unis, M. Karzaï a été élu président en 2004, puis réélu en 2009 lors d’un scrutin controversé car entaché de fraudes massives.
Ce Pachtoune du sud a survécu à plusieurs tentatives d’assassinats, la dernière en avril 2008 lors d’une parade militaire dans la capitale Kaboul.
Cette attaque avait selon certaines sources été organisée par le réseau taliban Haqqani. Cette branche des talibans proche d’Al-Qaïda, très puissante le long de la frontière pakistanaise, dans l’Est afghan comme côté pakistanais (dans le Waziristan du Nord notamment), est considérée aujourd’hui par les États-Unis comme leur pire ennemi en Afghanistan.
Washington a récemment accusé les services secrets pakistanais d’avoir fait du réseau Haqqani leur bras armé en Afghanistan.
avec cyberpresse