Afrique : le Pulaar et les autres langues humiliés à SILEYMAANI BAAL à la fin de la semaine nationale d’alphabétisation. (Par Gondiel KA)

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Ce samedi 14 septembre 2019 était la journée de clôture de la semaine nationale de l’alphabétisation dans les langues nationales du Sénégal. L’évènement s’est déroulé à l’école Ceerno SILEYMAANI BAAL de Dakar avec une assistance qui n’était pas forte. Pourtant un appel dans la langue des fulbés aurait été lancé afin d’attirer une forte affluence. On ne peut pas dire cette invitation fortement médiatisé n’a pas été entendu. Les sénégalais de l’intérieur comme de l’extérieur ont été foudroyés par la désolation et l’amertume en constatant le très peu de place laissé au Pulaar et les autres langues du pays lors de cette prestation inédite. S’agissait-il d’une omission, d’un oubli, d’une maladresse ou d’un sabotage ?

Nos langues ont été oubliées pendant longtemps de la période coloniale et après. D’ailleurs, beaucoup d’observateurs prédisent déjà la disparition de certaines d’entre elles dont le Pulaar.  Ces dernières constituent notre riche patrimoine culturel. Apparemment, c’un organisme de la place qui était parmi les maîtres de cérémonie de cette journée dédiée à la mémoire de Mamadou Saidou Hane qui était un patriote aimé et respecté de tous et de toutes. Il était également un ardent défenseur du Pulaagu dans son ensemble. Beaucoup de prometteurs et défenseurs de la langue de Ceerno SILEYMAANI BAAL (1720- -1775) n’ont pas pu accéder au micro. Rappelons qu’il était un fin lettré et une grande figure politique du Fouta Toro. A la tête de la ‘’révolution toroodo’’ un mouvement de réforme qui mit fin au régime des Deeniyanké, fondé sur une monarchie absolue et un régime des castes à l’époque jugé très ancré au Fouta Toro, il va par la suite mettre en place un mode de gouvernance démocratique inédit au Sénégal : un modèle basé sur la bonne gouvernance, la justice et la liberté. Il était un homme exceptionnel qui mériterait que l’on enseigne son histoire dans les écoles. Ainsi des personnalités bien connus à travers le monde dans la promotion du Pulaagu actuel comme Dono Sampathe Diallo, Gallo Gourowa Diallo, Samba Djinda Ba et ABass Sall n’ont pas pu s’adresser à l’assistance pour livrer leurs expériences riches et variés. D’ailleurs, des milliers de personnes surtout de la Diaspora mais aussi de l’intérieur, attendaient leurs discours car c’était également une journée où le Pulaar était à l’honneur.

A la place, la parole a été donnée à des individus accusés à tort ou à raison comme étant des tombeurs et des destructeurs de nos langues nationales. C’était une cérémonie pauvre et l’essentiel du programme s’est passé dans une seule langue. Selon toute vraisemblance, quelques personnalités politiques ont craché quelques mots dans leur langue maternelle en Pulaar avant de s’excuser comme si c’était un crime de s’exprimer dans la langue des mbiimi et des mbidone. Un autre orateur aurait tout bonnement choisi de s’exprimer en français, pendant cette journée mémorable. C’est un manque de respect flagrant pour nos différentes cultures et identités. Il aurait peut-être oublié qu’il ne se trouvait pas en France. De toutes les façons, c’est un individu que la communauté des fulbés ne reconnait plus comme étant des leurs après avoir proposé lui-même, le renforcement de l’hégémonie du wolof dans la société sénégalaise. 

Le mot de la Diaspora

C’était une journée de clôture de l’alphabétisation dédiée la mémoire Mamadou Saidou Hane tenue à l’école Ceerno SILEYMAANI BAAL. Les origines culturelles de ces deux personnalités devaient dicter fortement la langue d’usage lors de cette célébration. Au contraire la langue Pulaar et les autres langues ont été humiliées. La déception a été très profonde surtout au niveau de la Diaspora. Les reaseaux sociaux se sont délectés de ce sabotage linguistique sans précèdent. Des commentaires de toutes sortes, venant des cinq continents ont pointé des doigts, certains de nos compatriotes qu’ils accusent de trahir leurs identités et leurs langues. Beaucoup de personnes surtout de la Diaspora, appellent leurs compatriotes à se ressaisir et à investir dans leurs langues locales. Ils invitent également nos artistes à regarder en arrière et à respecter leurs communautés qui leurs ont soutenu depuis leurs bas âges et qu’elles ont tout fait pour leurs voir réussir. Du côté de l’extérieur du pays, on s’attend à ce que nos porteurs de voix fassent leur mea-culpa et qu’ils s’excusent publiquement, pour la maltraitance et l’humiliation qu’a subi surtout la langue Pulaar.

Gondiel Ka

Secrétaire administratif et/ou membre

Kisal Deeyirde Pulaagu, Tabital Pulaagu Allemagne, Tabital Pulaagu Europe et Kibaaruji Pulaagu International.

Montréal, Canada

4 Commentaires

  1. Avant de parler de langue pulaar, j’aimerais bien que nous nous nous attelions à développer et moderniser le Fouta. Tout au long du fleuve qui passe par nos villes, on pourrait y ériger de belles villes modernes, des villages bien structurés, sur des kilomètres. On ne peut parler de ce Fouta en vivant tranquillement dans la région de Dakar et laisser nos villages péricliter. Mon arrière grand- père de M’bouba ne se perdrait pas dans son village, parce que peu y a changé. La langue pulaar est parlée au Sénégal, au Tchad, au Cameroun, au Nigéria et dans d’autres contrées de l’Afrique, elle ne disparaitra jamais !

  2. J’ai fait 7 ans au Fouta, et c’est là bas que j’ai appris à parler le Pular jusqu’à ce qu’on me croit autochtone. Je n’ai pas vu un abandon du parler Pular, au contraire, la plupart des allogènes wolof venus y faire des affaires s’expriment presque tous en Pular sans problème.
    Maintenant, si vous restez hors du pays où à Dakar, vous n’investissez rien du tout au Fouta, ne demandez pas aux autres d’y rester, car ils veulent réussir comme vous et ils iront dans les endroits où ils peuvent réussir.
    Le wolof étant dominant dans les grands terroirs économiques, il s’impose de fait.
    Si vous tenez vraiment à « sauver » le Pular, investissez au fouta afin que les jeunes n’aient plus besoin d’aller se perdre à Dakar, Thiès ou Saint Louis.

  3. Mais M. Kâ pourquoi tu n’as pas écrit ton texte en pulaar ? Ce serait plus logique non ? Mais tu ne le fais pas car tes potentiels lecteurs diminueraient drastiquement ! C’est la même chose pour le wolof. Des millions de sénégalais qui ne sont pas wolof du tout le parlent parce que cette langue leur permet de communiquer partout dans le pays. Donc ne vous trompez pas de combat. Personne n’est contre le pulaar, mais il y a de fait UNE langue nationale qui est le wolof et ça ne doit pas vous poser de problème. C’est plutôt une grande chance quand on est en Afrique.

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