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AGUENE ET DIAMBOGNE Au cœur des mythes Sérère et Diola

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L’histoire date d’on ne sait quelle année. Mais elle est tellement « vraie » dans la tête des Sérères et des Diolas qu’elle semble avoir eu lieu dans un passé très récent. Un ouvrage intitulé « Aguène et Diambone, mères des Sérères et des Diolas » d’après l’œuvre de Saliou Sambou adaptée par Mariama Kanté et illustrée par Lamine Diémé nous replonge au cœur même des mythes des cousins Sérères et Diolas.

L’histoire d’Aguène et de Diambogne (présumées ancêtres des Sérères et des Diolas) est bien réadaptée par Mariama Kanté d’après l’œuvre de Saliou Sambou, ancien Gouverneur de Fatick et de Dakar avec une illustration de Lamine Diémé. Publié en 2010 aux éditions BLD avec le concours financier du ministère de la culture du Sénégal. Cet ouvrage de 48 pages nous replonge dans l’univers du mythe, chez les Sérères et les Diolas. L’histoire commence à Kinara, « un village au Sud du Sénégal enveloppé de verdure » où sont « nées les deux sœurs jumelles ».

L’auteur nous narre l’histoire de « Kagoundia, le patriarche du village » et celle de « Djimbambou Kani » qui habitait « sur le chemin du marigot. Connue de tous pour « leur élégance et leur bonne éducation», Aguène et Diambone étaient convoitées. Elles avaient souvent l’habitude d’aller se baigner au marigot et devaient forcément passer par les domiciles de Kagoundia et de Djimbambou Kani. Ces deux personnages sont totalement différents comme le froid et la chaleur.

Alors que le premier est décrit comme « un sage », le second dont la case est décrite comme « lugubre » est donné pour le contraire. C’est d’ailleurs pour cette raison que les deux jumelles avaient l’habitude de fuir en arrivant à la hauteur de cette demeure sinistre. Un jour, Djimbambou Kani les guettant les interpella en ces termes : « Pourquoi passez-vous devant ma demeure sans me saluer, jeunes filles ? Vous aurais-je offensé sans le savoir ? » Ces paroles avaient beaucoup gêné les filles qui avaient ainsi décidé de pénétrer dans la cour de la maison de la vieille dame.

Il s’en suivit une discussion durant laquelle il est ressorti que la « vieille sorcière » avait perdu ses enfants et avait du ressentiment pour le manque de compassion des villageois à son égard. A la suite de cet entretien, les jumelles décidèrent « d’intégrer Djimbambou Kani dans leur cercle d’amis » et se proposèrent de lui rendre visite assez souvent. Malheureusement, elles ne savaient pas que la vieille dame avait une sinistre idée en tête. « En regardant partir les jeunes filles, Djimbambou Kani se dit qu’elle tenait sa vengeance. Ces deux filles n’étaient-elles pas les joyaux du village ?… Oui… qui les atteint, atteint tout le village », nous renseigne l’ouvrage.
La ruse de Djimbambou Kani

De fil en aiguille, Djimbambou Kani a réussi à mettre les deux jumelles en confiance. Pour se faire, elle leur prodigue des conseils, leur sert de bons plats et leur offrait même des fruits rares que son singe allait cueillir à l’intérieur de la forêt. « Les jumelles la trouvaient plus amusante que leur vieil ami Kagoundia, quelque peu trop sérieux à leur goût. Avec Djimbambou Kani ce n’étaient qu’éclats de rire », révèle l’auteur. Après avoir bien apprivoisé les deux sœurs, Djimbambou Kani leur avait un jour dit, contrairement à la coutume, qu’il était bien meilleur de « pêcher les mercredis et les vendredis sous prétexte que la rivière était plus poissonneuse ces jours-là ».

Le mercredi suivant, Aguène et Diambone décidèrent d’aller à la pêche. Et ce qui devait arriver arriva. « Elles prirent une pirogue et, sans s’en apercevoir, s’éloignèrent du rivage et parvinrent à Sangomar, là où le fleuve se jette dans l’océan », apprend-on. Et pour la première fois de leur vie, les jumelles « se trouvèrent en face de la mer, une infinie étendue d’eau scintillant au soleil ». Leurs cerveaux se vidèrent et elles ont eu une pensée pour leur vieil ami Kagoundia qui les eues bien mises en garde. Mais il était trop tard.

« Comme pour confirmer leurs craintes, un orage éclata sans crier gare. La pluie se mit à tomber drue. Les éclairs striaient le ciel. Les coups de tonnerre se succédaient à un rythme incroyablement rapide, créant un vacarme d’enfer. Le vent animait ce tableau d’apocalypse en soulevant des vagues monumentales », nous décrit toujours l’auteur. A la fin des courses, la pirogue jetée contre les palétuviers se brisa en deux, et les « deux jeunes filles se retrouvèrent dans les flots emportées par des courants opposés ». Mais, elles réussirent quand même « chacune à s’agripper à une moitié de pirogue ». C’était la dramatique séparation. Alors qu’Aguène voguait vers le Sud, Diambone se dirigeait vers le Nord.
La séparation

Sira Badral, mère des jumelles ne verra plus ses filles bien aimées. Le village de Kinara porta finalement le deuil pendant sept mois, annulant du coup toutes les festivités qui étaient prévues. C’est trois années plus tard que les villageois s’étaient décidés à organiser les funérailles des deux sœurs. « Ils enveloppèrent de manière symbolique les vêtements appartenant aux deux sœurs dans un drap et attachèrent le tout dans une feuille de rônier. Il y eut une cérémonie, puis on enfouit les effets. On arrangea enfin deux tumulus censés être les tombes d’Aguène et de Diambone », nous dit-on. En réalité, c’est une nouvelle vie qui avait commencé pour les deux jumelles.

Après deux jours de dérive, Aguène accosta à la plage, « s’allongea ensuite sur le sable fin et s’endormit profondément ». Elle s’enfonça dans la forêt après son réveil et « découvrit un village casamançais, Kalobone » où elle s’installa et se maria à un grand cultivateur de riz… C’est là l’origine de l’ethnie Diola. Diambone avait elle aussi réussi à atteindre le rivage et en entrant vers les terres intérieures, elle avait rencontré « un solide jeune homme au teint d’ébène tenant un filet et deux pagaies ». Celui-ci qui s’apprêtait à aller à la pêche lui offrit spontanément l’hospitalité. « Il finit par l’épouser. Ils remplirent la contrée de petits Sérères, pêcheurs et grands lutteurs. Leur adresse dans ce sport est connu de toute l’Afrique de l’Ouest », reconnait l’auteur.
Maan et Debo recherchent leurs sœurs

Ayant remarqué que leur maman était dans le chagrin et s’isolait de plus en plus après la disparition de ses sœurs, Maan, la puinée (celle ou celui qui par ordre de naissance venait après l’ainé) décida à la recherche de ses sœurs et prit la direction du Nord en traversant des forêts de manguiers, des bolongs, des ravins et des forêts d’arbres géants. Maan s’était arrêté devant un petit village et demanda à boire. Mais dès qu’elle eut terminé de formuler sa requête, on entendit une voix qui disait « Djifer » (refusez) et ceux-ci lui refusèrent à boire.

Elle venait ainsi de perdre toute chance de rencontrer Diambone dont le village, Diakhanor, se trouvait juste après ce petit village. Finalement, dans sa pérégrination Maan arriva à un carrefour et entendit une voix murmurer : « Diamniadio » (apportes-tu la paix ?). Maan va passer à Sangalkam et à Yoff (la cache en diola) sans voir sa sœur. Débo, l’autre sœur reconnue pour sa beauté légendaire s’était elle aussi lancée à la recherche de ses sœurs. Elle va passer à « Betteni », actuel « Betinti » et entrepris un long voyage qui va le mener dans une région montagneuse où elle rencontre un berger.
De cette union naquit les « Haal Pulaar ».

Il en ressort de ce récit que les Diolas, Sérères, Lébous, et Peulhs sont tous des cousins. Ce petit livre illustré au dessin par Lamine Diémé est fortement recommandé aux ethnies susmentionnées, en ce sens que qu’il y a toujours une certaine part de vérité dans le mythe.

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