Curieuse démarche !
A défaut d’obtenir la tête de Me Augustin Senghor, le Premier ministre, Abdoul Mbaye s’est offert celles des 2ème, 3ème et 6ème vice-présidents de la Fédé que sont respectivement, Moussa Diaw Dieng, Ibrahima Traoré et Cheikh Ahmet Tidiane Seck.
Il va certainement faire sauter le garrot pour que le sang coule de partout afin d’installer une structure d’exception, comme cela se murmure un peu partout au Sénégal. On se croirait au Cameroun où le très peu enviable président de la République, Paul Biya, s’est permis de sélectionner des joueurs devant défendre les couleurs de son pays.
Mais c’est au Sénégal que cela se passe. Le comble, ce n’est pas que l’instance fédérale a échoué. Mais, ce serait plutôt parce que le président de l’instance fédérale a osé voter contre la honteuse proposition de Raouraou qui stipule que désormais : «tout candidat aux élections à la présidence de la Caf, outre les compétences nécessaires, devra être ou avoir été membre du Comité exécutif de la Caf».
L’objectif clairement affiché, étant de faire rempiler à nouveau pour un 6ème mandat, après 24 ans d’exercice, Issa Hayatou.
Sans avoir dit qu’il était contre cette candidature, Me Senghor a voté non. Six pays seulement avaient osé dire non à cette proposition qui est une entorse à la démocratie, le 3 septembre dernier, aux Seychelles. Il s’agit du Liberia, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mali, du Niger et du Burundi.
Si c’est pour son courage que l’on veut envoyer Augustin Senghor à la guillotine, alors, notre pays aura encore perdu-là une occasion de s’affirmer dans le concert des nations du refus de l’injustice. Au cas où le Premier ministre Abdoul Mbaye l’aurait oublié, «on nous tue mais on ne nous déshonore pas».
D’ailleurs le président de la FSF s’interroge : «Pourquoi devons-nous partir ? Qu’on nous l’explique et surtout que l’opinion sache pourquoi on part. Je ne me suis pas gêné pour faire comprendre à l’autorité que si aller promouvoir les idéaux qui sont ceux du Sénégal, c’est-à-dire la démocratie, la liberté au sein même de la Caf, constitue un péché véniel, alors je ne sais pas où on va et je me pose des questions».
Pour avoir dit non à cette fallacieuse et honteuse proposition, Me Senghor mériterait plutôt des applaudissements et une reconnaissance de tout le monde du foot.
En revanche, si c’est la récente défaite des «Lions» face aux «Eléphants» de Côte d’ivoire ainsi que les incidents du stade Léopold Sédar Senghor qui ont poussé Abdoul Mbaye a demandé à Me Augustin Senghor de se démettre, alors le Premier ministre ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
Parce que la responsabilité est bel et bien partagée. En premier celle de l’Etat du Sénégal qui a en charge de veiller sur la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire. Alors pourquoi le Premier ministre ne demanderait-il pas au ministre des Sports, El Hadji Malick Gakou de se décharger de ses fonctions, pour commencer. D’amères défaites, nous en avons connues. Face au Togo (2005), puis devant la Gambie (2008). Mais jamais un match n’a été interrompu.
Qui a envoyé les pseudo-supporters dans les gradins ? Qu’est ce que le public de la lutte, connu pour sa violence inouïe vient faire dans un match de football ?
Et pendant que nous y sommes, pourquoi Abdoul Mbaye ne demanderait-il à son ministre de l’Intérieur de quitter le gouvernement après l’échec inédit des forces de sécurité face aux «Thiantacounes» ? Quid du directeur de la sûreté nationale et des renseignements généraux ?
Il est vrai qu’au lendemain de sa nomination, la presse avait fait état de ses dossiers encore pendant devant la justice, mais le Premier ministre a pourtant préféré s’accrocher…
par Abdoulaye THIAM