Le leader du Front des alliances patriotiques (Fap) a initié une caravane qui l’a conduit dans différentes localités de Dakar et Thiès. a l’entrée de Thiès, le convoi marque le pas et Ahmed Khalifa Niasse, le président du présidium du Fap, en a profité pour faire une déclaration, la même qu’il a reprise quelques heures après à la Promenade des Thiéssois, ex-Place de France de Thiès, où il a tenu meeting au cours duquel il a appelé les Thiessois à tenir bon, car «le système répressif de Wade touche à sa fin».
Par Oumar Seydou BA
ImageLes bons comptes font les bons amis. C’est certainement ce que s’est dit Ahmed Khalifa Niasse, le leader du Front des alliances patriotiques (Fap) en tournée, via une caravane, dans la cité du rail. M. Niasse a pris fait et cause pour «les dignes fils de Thiès, victimes, selon ses propres mots, de l’ostracisme de Wade», dans le bras de fer qui les oppose au régime. Il a pris, à ce titre, en guise d’exemples, le maire de Thiès, Idrissa Seck, et l’entrepreneur Bara Tall, originaires de cette ville. D’après le chef de file du Front des alliances patriotiques, «Idrissa Seck est une victime innocente du système Wade». Son tort, d’après Ahmed Khalifa Niasse, «c’est d’avoir perçu tôt et dénoncé à temps le projet monarchique de dévolution du pouvoir de Me Abdoulaye Wade à son fils». A Karim Wade, il lance?: «Avant de contrôler un pays, il faut d’abord contrôler le Pds (Parti démocratique sénégalais) et non chercher à se faire parachuter.» S’érigeant en bouclier de l’actuel maire de Thiès, M. Niasse a laissé entendre, face à des militants surexcités, chauffés et tout acquis à sa cause?: «Idy n’a rien fait?; Idy n’a commis aucune faute.» Vantant les mérites de l’ex-Premier ministre de Wade, il enfonce : «C’est quelqu’un qui a été trahi, mais lui n’a jamais trahi et ne trahira jamais, surtout pas la cause de la Nation.» S’agissant de l’entrepreneur Bara Tall, le leader du Fap a affirmé que le Président Wade veut casser du Thièssois à travers lui. Le schéma de la faillite programmée de l’entrepreneur Bara Tall, qui est un bâtisseur qu’on veut ligoter dans le seul but de le réduire en silence entre, d’après l’ex-conseiller de Wade, dans ce cadre. «On veut l’empêcher de travailler», a clamé encore Ahmed Khalifa Niasse, surveillé comme du lait sur le feu par sa femme qui l’encourage de temps à autre par des sourires radieux. Rassuré par la présence à ses côtés de Mme Niasse, son aile protectrice, le leader du Fap, visiblement remonté contre la famille du Président, assène?: «Si Wade se comporte ainsi, c’est uniquement par jalousie. Wade est jaloux des emplois que Bara Tall fournit. Aux populations de Thiès, il faut refuser cette humiliation et surtout tenir bon».?«Je sais que les Thiéssois ont la volonté de vaincre les difficultés. Vous n’êtes pas seuls dans votre combat», a rassuré M. Niasse. Avant d’ajouter?: «Je suis là pour vous accompagner?; je vous accompagnerai dans cette entreprise, ô combien noble?! L’avenir de la ville est entre les mains de ses fils et filles. Je sais que vous êtes à la fois décidés et combattifs. C’est pourquoi on vous combat, on combat vos fils.» Puis de rassurer son auditoire?: «Je suis sûr de votre victoire», car argumente-t-il, «le système répressif de Wade touche à sa fin. C’est la 3e chute à laquelle je vais assister, après celles de Senghor et Diouf».
Pour Ahmed Khalifa Niasse, «la ville de Thiès est capable de nourrir 150 millions de personnes dans le monde». «Comment», s’interroge-t-il. Avant de répondre : «Par son agriculture, son tourisme, son potentiel historique et industriel, par ses enfants qui sont son premier capital.»
Par ailleurs, venu présenter ses respects à Cheikh Sadibou Aïdara, chérif et grand notable musulman de Thiès, le leader du Fap s’est vu reprocher son manque de solidarité par ce dernier. Pourtant, que n’a-t-il pas fait, M. Niasse, pour rester dans les bonnes grâces de M. Aïdara?? Il s’est même voulu humble et a tenu un discours on ne peut plus conciliateur. «Vous êtes, dit-il, un descendant direct du Prophète. Celui par la grâce de qui quelque chose peut venir ici, car c’est ici que tout se trouve.» Mieux, M. Niasse ajoute?: «Je suis à vous, votre esclave?; je viens pieds et mains liés. Vous ferez de moi ce que vous voudrez.» A peine a-t-il terminé que M. Aïdara bondit?:?«L’année dernière à la mort de mon père, je vous ai officiellement saisi par écrit à deux reprises, mais vous m’avez royalement ignoré.» Pris de court par la fermeté des propos, Ahmed Khalifa Niasse balbutiera?: «Ces lettres ne me sont jamais parvenues.» Non satisfait de cette réponse, Cheikh Sadibou Aïdara revient à la charge?:?«Il y a des choses qu’on ne peut pas dire en public?; je te les dirai une fois dans la chambre.» A ces mots, le visiteur sollicita des prières. Ce à quoi M. Aïdara a souscrit, même s’il n’a pas jugé utile de raccompagner son hôte.
lequotidien.sn