XALIMANEWS: Nous sommes face à un « fléau » national qu’est la mauvaise prononciation de certains mots en français. En effet, il s’agit d’un phénomène qui touche l’intelligentsia sénégalaise et c’est très alarmant. C’est ainsi que Ahmet Sarr qui est conscient de la situation, a écrit un article là dessus. L’objet de cet article est juste de susciter un débat et de pousser les sénégalais à se corriger au fur et à mesure.
Voici in extenso l’article d’Ahmet Sarr que l’on vous propose de lire:
Le président Senghor doit se retourner dans sa tombe ! (Par Ahmet Sarr)
Des Sénégalais, parmi eux, des cadres de haut niveau dans l’administration, des hommes politiques, des magistrats, des avocats et des journalistes, qui peuvent être des ambassadeurs du Sénégal dans les fora internationaux, rudoient, quotidiennement, les normes de la prononciation de certains mots en français. Ce phénomène alarmant gagne de l’ampleur à tel point que l’ancien président Léopold Sédar Senghor doit se retourner dans sa tombe.
Certes, ils ne sont pas fautifs. Nous pensons qu’ils ont eu la malchance d’avoir des éducateurs, dans leur cursus scolaire, qui ont failli à leur devoir de rigueur dans cet aspect important du curriculum de l’école élémentaire.
L’objet de cette modeste contribution, que nous pensons utile, est de faire réagir les linguistes et les éducateurs du Sénégal, car le bon usage du français est fortement malmené. Ils ont un rôle primordial à jouer dans l’éradication de ce « fléau » national. Ils doivent proposer des solutions à moins que cette « nouvelle » norme de prononciation des mots ne soit tolérée dans ce monde francophone d’aujourd’hui.
Disons-le nettement ! Nous ne sommes pas un expert en linguistique. Nous ne sommes pas non plus un éducateur et nous n’en avons certainement pas la prétention et les compétences ; nous apprenons encore. Enfin, nous ne sommes pas un « mercenaire » au service de la Francophonie.
Nous sommes un Sénégalais soucieux du rayonnement de notre pays sur le plan international à travers ses cadres et du bon usage du français, qui reste encore notre medium officiel de communication et de transmission des connaissances.
Les linguistes pourraient dresser une liste exhaustive de mots qui se prononcent mal au Sénégal, mais nous n’en retenons que quelques-uns :
A. Le nom « baptême »
Beaucoup de nos compatriotes prononcent la lettre « p » de baptême. Ils disent « bap/tême ». On dit « ba/tê/me » ;
B. Le verbe « condamner »
La lettre « m » de condamner ne se prononce pas. On ne dit pas « con/dam/ner ». On dit plutôt « con/da/ner » ;
C. Le pronom démonstratif « ceux »
La lettre « x » ne se prononce pas. On dit tout simplement « ce » et non « ceus », comme on l’entend souvent ;
D. Le nom « gens »
Encore une fois la lettre « s » ne se prononce pas. On ne dit pas « gen/se ». Tout simplement, dites «gens ».
E. Les verbes « charger », « changer » …
« Charger » ne se prononce pas « sar/ger ». De même que « san/ger » pour dire « changer ». Le « ch » (cheu) doit être mis en exergue. Il en est de même de plusieurs mots qui commencent avec un « ch » ;
F. Les noms « stratégie », « statut », « stade », « stress » …
Enfin, « es/tra/tégie », « es/ta/tut », « es/ta/de » ou « es/tress »… ne se disent pas. La lettre « s » se prononce mais elle est atone.
Pour conclure, nous nous empressons de dire qu’un capital humain bien formé est une condition sine qua non pour l’émergence. La maîtrise de l’instrument linguistique, à côté de l’instrument technologique, reste un impératif, car nous sommes dans un monde compétitif où la moindre aptitude fait la différence dans le choix des hommes et des femmes au niveau national, sous-régional, régional et international. Nous devons adresser cette problématique aux acteurs de l’éducation et de la formation. La défense des intérêts matériels et moraux de ces acteurs est assurément louable, mais le devoir de former rigoureusement nos élèves demeure une exigence nationale.
Ahmet Sarr
New York, USA
[email protected]