C’est le portrait d’un homme promu chef suprême des héros du ciel. Ceux là dont la disparition sur terre n’est que manifestation d’un désir de s’éclipser, afin d’éterniser leur geste envers le seigneur sous une autre forme.
Le patriarche du 20e siècle n’est point parti. Il est quelque part dans ces espaces intermédiaires qu’il aimait à décrire dans ses discours, et qu’il connait autant que les coins et recoins de la capitale du Sénégal. « Dites à ces hommes en manteaux et écharpes habillant leur prétention sans mesure aucune que je n’ai nullement entrevu leurs visages dans nos rencontres de la haute galaxie », déclara t-il en public. Haute galaxie qu’il connaît autant que le Boulevard Saint Germain qu’il aimait à fréquenter. Sauf qu’à défaut de se joindre à un philosophe aussi tonitruant que Sartre, il y conversera avec ces aristocrates mystiques appelés Cheikhal Khalifa Ababakar Sy, Seydina Alioune ou encore Abdoullahi Ibn Abass.
Serigne Cheikh Ahmad Tidiane Sy est un cadeau du ciel. Une créature que le divin a taillé avec les traits de personnalité les plus nobles. Comme si cela ne suffisait pas, il su lui léguer un verbe dont l’élégance des mots, la cadence des paroles et paraboles ne laisserent personne indifférent. Son sens de la rhétorique, sa maîtrise de la langue arabe, ses connaissances profondes de l’histoire sainte, son talent pour la poésie, sa pédagogie dans l’éducation, sa capacité à anticiper sur la moralisation des systèmes, son « intelligence spirituelle », son charisme débordant, son élégance morale, son port altier, sa noblesse, sa psychologie profonde, son courage moral, son combat pour la justice, son legs mystique, et, pour couronner le tout, sa vie, témoignent autant que possible d’un fait : Allah, ce Dieu qu’il déclare « favori de la compétition inter-universelle», n’est pas que le propagateur de virus faisant sonner le glas. Il sait aussi, quand il le faut, nous « offrir des vicaires » dont la seule préoccupation est de forger des races d’hommes dont lui et son prophète ne peuvent qu’être fiers.
En 1971, interpellé sur la question de la présence de Neil Armstrong sur la lune deux années auparavant par des journalistes français, le grand père spirituel des Moustarchidines précise : « Oui, cela est bien possible. Sauf que si les prophètes dont les religions ont eu affaire revenaient sur terre, ils allaient former des disciples qui, à défaut d’aller dans la lune, voyageraient à travers les univers. » C’est pour dire que l’islam, dans sa « forme rituelle », n’a d’yeux que pour l’accomplissement d’actes de piété. Mais il n’en demeure pas moins que sa dimension mystique, elle, met plutôt en exergue d’autres réalités.
Les exigences de la nature profonde de l’être tendent à faire de celui-ci cet élément de synthèse méritant le nom d’homme. Le monde actuel est comme prit dans une tournure faisant que les humains basculent de crise en crise. Et la pensée d’Al Maktoum demeure une lanterne à même d’éclairer le chemin parsemé d’embûches de quiconque, et ceci du musulman adepte des prêches de l’imam au chrétien écoutant religieusement le discours du prêtre, en passant par le rabbin imbu d’une profonde maîtrise de la Thora. L’essentiel, c’est qu’il y ait cet élément moteur que l’on appelle vertu, et qui se doit de conditionner notre vie d’ici bas. « Un saint vertueux et un laïc vertueux… », aimait-il à dire à ses contemporains, et à écrire avec sa plume témoin de grands événements de l’histoire.
Al Maktoum ne git point dans une tombe. Il est dans les cœurs de ses inconditionnels. Il suffit de faire rayonner en soi l’éclat de cette lumière appelée « affection » (thiofeel) pour se rendre compte qu’il n’est point éloigné.
Maam Cheikh
Chroniqueur
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