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Aliou Dia, Coordonnateur de l’Ast : « C’est le moment de travailler et le président a indiqué la voie »

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Le député Aliou Dia, coordonnateur de l’Alliance sopi pour toujours (Ast), est catégorique. Selon lui, il n’y a ni malaise ni crise au sein de la coalition présidentielle. Dans cet entretien, M. Dia est revenu également sur l’interdiction de la mendicité et l’agression de son collègue, Wack Ly, par le préfet de Nioro, mais aussi la situation de son parti, la Crc.

M. Dia, moins d’un mois après votre nomination à la tête de l’Ast, 12 leaders de partis membres de votre coalition contestent votre leadership. Que répondez-vous ?

Douze leaders étaient annoncés, mais comme vous l’avez constaté, le lendemain de la conférence de presse, on n’a retrouvé que 5 leaders de partis. Lors de l’assemblée générale de l’Ast tenue le surlendemain, les 5 qui ont assisté à cette réunion ont clamé publiquement qu’ils ont été trompés. L’objectif de la constitution de ce groupe, ce n’était pas de dénoncer des attitudes malsaines au sein de l’Ast ou une crise ou bien même la nomination du député Aliou Dia. Mais, selon ces frondeurs, c’était pour contrecarrer les jeunes de l’opposition qui attaquent en permanence le chef de l’Etat. Ils ont dit qu’ils ont été trompés et, finalement, le G12 devient le G3. Et même les 3 cherchent une réconciliation, une médiation. Ils vont voir Mbaye Jacques Diop. Je ne peux pas dire que c’est une contestation. C’étaient des jeunes leaders de parti très pressés qui souhaiteraient certainement être entendus. Ce sont de petits problèmes qui auraient pu être étouffés dans l’œuf.

Votre prédécesseur Mamadou Diop « Decroix » a connu les mêmes problèmes. Votre mission ne risque-t-elle pas d’être difficile ?

Je ne croix pas que j’ai les mêmes problèmes que « Decroix ». Je peux dire que je n’ai même pas de problème. Le problème de « Decroix », c’est que lorsqu’il a été élu, les statuts disaient qu’il fallait une durée de trois mois pour le coordonnateur. Au bout de ce mandat, on procédait à son renouvellement. « Decroix » a fait 7 mois et les leaders de partis ont protesté et ont demandé au président de la République d’user de ses prérogatives pour nommer un nouveau coordonnateur. C’est là où il y avait problème. Moi, en ce qui me concerne, ce n’est pas un problème de délai. Je venais d’être nommé et d’autres certainement ont voulu installer un malaise ou créer une crise à l’Ast pour prouver que c’est une coalition que personne ne peut diriger ou pour dire qu’Aliou Dia n’a jamais été dans la mouvance prési­­dentielle et n’a jamais participé aux réunions de l’Ast. Ce qui est totalement faux. J’ai été membre du directoire de campagne de Me Wade lors de la présidentielle de 2007. Je faisais partie des porte-paroles. Je crois qu’un leader politique ne peut pas ignorer cela. Vouloir dire que je n’ai jamais été dans la mouvance présidentielle, c’est être de mauvaise foi.

L’autre aspect, c’est que l’Ast n’a été créée qu’en janvier 2010, et dès le mois de mars, mon parti a signé un accord de partenariat avec le Pds. C’est en ce moment que nous avons adhéré à l’Ast. Mais ce que voulaient certains, c’est de nous entraîner dans un camp pendant la guéguerre, ce que nous n’avons pas accepté. C’est pourquoi je vous dis que je ne suis pas dans la même situation que « Decroix ». Aujourd’hui, l’essentiel est déjà fait, c’est-à-dire pouvoir choisir les superviseurs qui vont installer les directoires départementaux comme l’avait recommandé le chef de l’Etat. Ces superviseurs sont proposés et cela a été accepté par la conférence des leaders, en assemblée générale avec la présence de 67 chefs de partis ou de plénipotentiaires. C’était également de mettre sur pied les commissions techniques et thématiques. 45 commissions techniques sont mises sur pied avec leurs présidents et vice-présidents et 45 autres commissions thématiques sont installées. On attend d’être reçus par le président Wade le 14 septembre avec les superviseurs pour aller sur le terrain installer les instances et commencer le travail. Nous n’avons plus de temps à perdre. C’est le moment de travailler, et le président a indiqué la voie. En tant que coordonnateur, j’ai travaillé avec le comité des sages et le permanent, que le président a désigné, et un plénipotentiaire de la Cap21 qui regroupe plus de 65 partis. Il n’y a ni malaise ni crise au sein de l’Ast.

Quelles sont vos ambitions pour l’Ast ?

Mes ambitions, c’est qu’il y ait l’unité au sein de l’Ast, une franche collaboration et que nous puissions occuper le terrain politique et l’espace médiatique au niveau du Sénégal et à l’extérieur, pour donner la bonne information à la diaspora et pour la réélection du président Wade en 2012.

Des constitutionnalistes et responsables de l’opposition soutiennent que Me Wade ne peut pas se représenter en 2012. Quelle est votre position ?

Ce sont des commentaires d’intellectuels. Je respecte beaucoup ces constitutionnalistes, mais ils ne peuvent pas faire autrement. Quand on est à l’université, dans les salons d’intellectuels, on ne peut qu’agiter des débats de la sorte pour visiter et revisiter intellectuellement notre Constitution et même nos lois. Mais je crois que ni l’esprit, ni la lettre de notre Loi fondamentale n’écartent la candidature Me Wade aux élections de 2012. Comme vous le savez, Me Wade a été élu en 2000. Dès son accession à la magistrature suprême, il a proposé une nouvelle Constitution, votée en 2001. Il avait un mandat de 7 ans et a estimé qu’il fallait limiter les mandats à deux et revoir leur durée. Cette loi n’est pas rétroactive. Donc le premier mandat de 7 ans de Me Wade ne peut pas être comptabilisé. Il a droit à un deuxième mandat. C’est sur cela que nous devons nous atteler pour faire le travail qu’il faut pour que tous les Sénégalais comprennent l’esprit et la lettre de notre Constitution. Rien n’empêchera le président de la République de se représenter en 2012. Prions pour que le Tout-Puissant lui accorde une bonne santé, et je suis sûr que les Sénégalais qui ont sanctionné positivement deux fois sa candidature, le feront une troisième fois.

Vous êtes le secrétaire général de la Crc. Que représente ce parti aujourd’hui sur le l’échiquier politique sénégalais ?

La Convergence pour le renouveau et la citoyenneté est un parti qui est représenté à l’Assemblée nationale. Je crois que pour mesurer la vitalité d’un parti, il faut le faire lors des élections, surtout aux législatives. La Crc, dès qu’elle est née, en moins de 3 mois, s’est présentée aux élections, contrairement à certains partis qui, depuis leur création, n’ont jamais osé aller aux élections, mais préfèrent se retrouver dans des coalitions pour soutenir et toujours soutenir. Le Sénégal doit revoir cette situation. Quand on crée un parti, c’est pour solliciter le suffrage des Sénégalais et occuper au moins des parcelles de pouvoir. Mais si c’est pour autre chose, ce n’est plus un parti, mais un groupement d’intérêt économique. En tant que politique, nous devons réfléchir sur cette situation. La Crc est un parti qui compte. Elle fait partie des rares partis qui, pendant les élections législatives, avaient présenté des listes dans tous les départements du Sénégal. Nous sommes dans les coins les plus reculés du Sénégal. C’est un parti que personne ne peut plus ignorer ni marginaliser.

Le gouvernement a interdit la mendicité dans les rues de la capitale. Quel commentaire vous inspire cette mesure ?

Je crois que c’est la manière dont la mesure a été annoncée qui a posé problème. La mendicité, comme vous le savez, ne peut être éradiquée dans le monde. Personne, quelles que soient les dispositions prises, ne pourra éradiquer la mendicité et le vol. Le Tout-Puissant l’a prévue. Tant qu’il y a des riches, il y aura des pauvres. Ces pauvres, il faut qu’on les organise pour pouvoir leur donner leurs droits. Si on n’organise pas la mendicité, excusez-moi du terme, les mendiants vont nous agresser au niveau des feux rouges, des banques, des mosquées, des rues. Finalement, on trouve toute sorte de mendiants. Il fallait une concertation avec les khalifes généraux, les chefs religieux, les maîtres coraniques, les associations impliquées, la société civile, les hommes politiques pour qu’on puisse accompagner cette loi. Mais, vouloir coûte que coûte lancer la mesure comme un œuf, parce que les bailleurs ne sont pas contents de la manière dont on gère la mendicité, c’est ça qui me pose problème. C’est pourquoi je demande qu’il y ait une large concertation autour de la question avec tous les acteurs pour trouver une solution et savoir qui est mendiant et qui ne l’est pas.

Votre collègue, le député Wack Ly, a été agressé par le préfet de Nioro. Quelle est votre réaction ?

Je condamne cette agression. Je ne m’explique pas comment un administrateur civil, de surcroît un préfet en activité, peut arriver à cette situation. Quels que soient le comportement de Wack Ly et la situation qu’il y avait entre eux, ce sont des responsables. S’il y a échange de paroles acerbes, c’est honteux, à plus forte raison en arriver aux mains. Nous devons le condamner et prendre toutes les mesures pour que cette situation ne se reproduise plus. L’honorabilité du dé­puté a été violée. Nous avons même suivi le communiqué de l’Amicale des administrateurs civils du Sénégal, ce que je ne partage pas. Si les députés agissent de la sorte, on aura une confrontation entre le Parlement et le commandement territorial. Il faut que les gens reviennent à la raison. Mais quel que soit le comportement de Wack Ly, les préfets n’ont jamais agi de la sorte. J’invite aussi bien l’Association des administrateurs civils que les députés à savoir raison garder pour qu’on n’arrive pas à une confrontation. Nous sommes des partenaires et nous devons collaborer et toujours collaborer.

Propos recueillis par Aliou KANDE

lesoleil.sn

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