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Alioune Tine, président de la Raddho : «Un troisième mandat de Wade est un danger pour le Sénégal

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Hier dans un hôtel de la place, le président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) a indiqué qu’un troisième mandat de Abdoulaye Wade est un risque pour le Sénégal. Alioune Tine, qui intervenait lors de la présentation du rapport intitulé : Introspection, rétrospection prospection des 50 ans d’Indépendance, prévient aussi que face à une pareille situation, la seule manière d’accéder au pouvoir, c’est la rébellion. «La candidature du Président (Abdoulaye Wade) pour un troisième mandat est problématique», indique le rapport intitulé : Introspection, rétrospection, prospection des 50 ans d’indépendance. Ce rapport présenté hier dans un hôtel de la place précise que «l’article 104 de la Constitution (sénégalaise) dispose que le président de la République en fonction poursuit son mandat jusqu’à son terme. Toutes les autres dispositions de la loi lui sont applicables». C’est une disposition qui est sans équivoque sur le respect strict de deux mandats. Ce qui amène Alioune Tine à dire que le troisième mandat est un risque pour la République. «C’est une menace pour la République et la démocratie», remarque-t-il. Et dans ce cas, la seule manière d’accéder au pouvoir, c’est la rébellion, se désole-t-il.
Selon le professeur Penda Mbow, «c’est la crise de la démocratie et du leadership».
Ces points de vue défendus, hier, lors de la présentation du rapport sus cité, renseignent sur le niveau de régression de la démocratie au Sénégal. Ce rapport indique aussi qu’il y a des pays qui stagnent, qui régressent en matière de démocratie. Et c’est le cas du Sénégal et du Burkina. Ces pays, indique le rapport, sont des démocraties de façade «où le pouvoir personnel a pris des proportions démesurées au point d’affaiblir les institutions de l’Etat». Et presque tous les pays de l’Afrique de l’ouest en souffrent, souligne-t-on. Malgré l’Alternance connue en 2000 au Sénégal, il s’en est suivi une suite de révisions constitutionnelles pour renforcer le pouvoir du chef de l’Etat.

GOUVERNEMENT PERSONNEL
Dans ce rapport, il est plus question de la démocratie en Afrique de l’ouest, d’introspection profonde sur les pathologies telles que les institutions, les politiques, la mal gouvernance, la prédation des ressources, la relation irrationnelle et personnelle avec le pouvoir, l’extraversion des politiques et des intellectuels, qui ont inhibé le développement de l’Afrique. Ainsi, depuis le balbutiement des Indépendances obtenues grâce à un certain nombre d’évènements, l’Afrique traîne encore les pieds pour asseoir une véritable démocratie, car nos dirigeants s’appuient sur l’Etat pour détruire les institutions et fonder un gouvernement personnel. Selon Alioune Tine, président de la Raddho, la constitution des Etats africains s’est faite sur le système de l’exploitation humaine. Pour le président de la Raddho, qui présidait la cérémonie de présentation du rapport, «tous ceux qui n’étaient pas d’accord sur la position des dirigeants sont tués». On assistait ainsi à la mort clanique, dit-il. «Face à une telle situation, comment reconstruire cela», s’interroge-t-il. Une réponse face à cette préoccupation s’impose, poursuit M. Tine, en ce sens que le vent qui souffle au nord du continent ne manquera pas de souffler en Afrique de l’ouest qui ne fait pas exception, avec la crise en Côte d’Ivoire.
PROGRES ENORMES DU CAP-VERT, DU MALI, DU BENIN ET DU GHANA
Le président de la Raddho pense qu’il faut changer ou à défaut, périr. Cependant, le rapport note des avancées significatives de certains pays. C’est le cas du Cap-Vert, du Mali, du Bénin et du Ghana qui ont fait des progrès énormes. Dans ces pays, les civils bénéficient d’un respect, les institutions sont fortes et respectées. Il n’y a pas d’impunité par exemple au Bénin où les policiers sont interpellés pour des cas de torture.
Il faut aussi noter que certains pays sont en défaillance, la Guinée-Bissau, la Gambie, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigéria et la Mauritanie. Selon Madiambal Diagne, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), «nos pays n’ont pas beaucoup avancé en démocratie depuis les années 1960». Il déplore la conservation du pouvoir par les tripatouillages constitutionnels.
L’administrateur général du Groupe Avenir communication estime aussi qu’il n’y a pas de situation acquise dans nos pays, malgré les pays sus cités et dont les démocraties sont enviables. Car, «qu’est-ce qui garantit la durabilité de ces démocraties», s’interroge-t-il, si l’on sait que le Niger connaissait une telle avancée pareille avant de plonger dans sa situation actuelle. M. Diagne s’est aussi interrogé sur l’âge de nos dirigeants, notamment sur celui du Président Wade qui, dit-il, ne peut pas être en phase avec la jeunesse qui est âgée de 25 ans en moyenne. «Comment peut-on concevoir que le peuple majoritairement âgé de 25 ans puisse être dirigé par un homme de 86 ans. Il y a un décalage», soutient M. Diagne, qui pense aussi que les magistrats participent aussi à instaurer certains pouvoirs illégitimes. C’est le cas de la Côte d’Ivoire.
Le document propose des chantiers sur le leadership et la faiblesse de la société civile. De l’avis de Penda Mbow, «les conditions d’une véritable démocratie ne peuvent se limiter à l’élection. Il faudrait que les ressources puissent servir à l’ensemble de la population».
Le rapport pourrait aussi ouvrir des discussions sur le bilan de l’Alternance.

lequotidien.sn

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