C’était la promesse faite il y a trois mois pour la Bundeswehr. L’annonce de ce fonds inédit de 100 milliards d’euros avait été perçue comme un tournant dans un pays qui a longtemps délaissé son armée. Le fonds sera pérennisé en étant inscrit dans la Constitution et ne sera pas comptabilisé dans le déficit budgétaire. Des discussions laborieuses ont été nécessaires avant l’accord de dimanche.
« L’Allemagne a besoin d’avions qui volent, de bateaux qui prennent la mer et de soldats qui sont équipés convenablement ». Dans son discours au Bundestag quelques jours après l’invasion russe en Ukraine, Olaf Scholz avait surpris son monde avec une annonce qui devait rompre avec le sous-financement chronique de la Bundeswehr. Un fonds de 100 milliards d’euros devait permettre de remettre à niveau une armée sous-équipée. Le fonds doit être ancré dans la Constitution pour être garanti, ce qui nécessite l’accord des conservateurs pour atteindre la majorité qualifiée des deux tiers nécessaires.
Utilisé uniquement pour des équipements militaires
Pour le ministre des Finances – libéral – qui veut revenir l’an prochain aux règles budgétaires strictes suspendues pour cause de pandémie, le fonds a l’avantage de ne pas être pris en compte dans le calcul du déficit.
Des discussions laborieuses ont précédé l’accord, ce dimanche 29 mai. Le fonds sera uniquement utilisé pour des équipements militaires comme le souhaitaient les chrétiens-démocrates. L’Allemagne veut, à moyen terme, respecter l’objectif fixé par l’Otan de consacrer 2% de son produit intérieur brut aux dépenses militaires. Mais le ministre des Finances, qui veut réduire les déficits, l’acceptera-t-il ? Et la manne budgétaire sera-t-elle utilisée à bon escient ? Les délais extrêmement longs entre les commandes d’équipements et leur livraison impliquent des réformes de structure à la Bundeswehr qui prendront du temps pour que l’argent supplémentaire ait du sens.