En raison des tensions nées entre les deux pays depuis la crise de la dette, le quart de finale de l’Euro 2012 qui les oppose vendredi soir est devenu très politique, notamment en Grèce. Angela Merkel assistera à la rencontre.
Quand football, économie et politique se mélangent, cela donne Allemagne-Grèce en quart de finale de l’Euro 2012 de football. Alors que les relations ont rarement été aussi détestables entre les deux pays -même si Angela Merkel a adouci sa position depuis la victoire de la Nouvelle-Démocratie (droite) aux législatives grecques de dimanche dernier (lire notre article : « Grèce : Premier ministre, Samaras aura sa coalition droite-gauche »), les deux sélections nationales jouent plus qu’un match vendredi soir à Gdansk, en Pologne.
Comme souvent, le ton est donné par les journaux. « Aujourd’hui à 20h45, il y a un cours de rattrapage pour les Grecs sur l’euro. Les garçons, jouez la comme la chancelière : dur mais juste ! », s’exclame ainsi BZ. La tabloïd berlinois offre aussi à ses lecteurs un poster de la « Mannschaft » avec les visages des onze joueurs remplacés par celui d’Angela Merkel avec différentes expressions (voir photo ci-dessus).
« Briser le béton grec »
« Aujourd’hui nous ne pourrons pas vous sauver », lance pour sa part le quotidien populaire Bild, le plus lu d’Allemagne et surtout l’un des plus virulents pour critiquer la Grèce depuis le début de la crise de la dette. Le journal, qui fêtera ce week-end ses 60 ans d’existence, parle du match « le plus difficile de la chancelière ». Bild se demande aussi Angela Merkel pourra vraiment exprimer sa joie en cas de but de l’Allemagne. « Se montrera-t-elle contenue ? » ou « se lâchera-t-elle complètement ? », s’interroge Bild qui se dit par ailleurs certain que le sélectionneur de la Mannschaft, Joachim Löw, « brisera le béton grec ».
Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a choisi pour illustrer sa Une une photo légendée extraite d’un film des Monthy Python, montrant un faux Socrates et un faux Hegel se serrant la main avant le coup d’envoi d’un match de foot. Le quotidien financier prédit d’ailleurs un match de « philosophes » en affirmant qu’en tant que « peuple de poètes et de penseurs, les Allemands égalent les Grecs ».
Merkel sur place
En Grèce, où l’intransigeance allemande passe très mal, ce match est devenu une question d’orgueil national. « Ruinez-LES ! » demande ainsi le journal sportif Sport Day à ses joueurs (voir photo ci-dessus). « Angela, tenez-vous prête ! Vous avez vu comment vos débiteurs se sont qualifiés ? », avait-il déjà titré dimanche.
Même le très respecté Kathimerini qualifie les joueurs allemands d’ennemi. « Quiconque ne verra qu’un jeu dans le match d’aujourd’hui se trompe », écrit-il, en soulignant qu’il s’agit de « politique -voire de guerre- par d’autres moyens ». « Pour de nombreux Grecs, une victoire représentera le triomphe des faibles contre la richesse, la force et l’arrogance des puissants. La victime humilierait son bourreau. Si les Allemands gagnent, ils verront cela comme la confirmation de leur zèle, de leur stratégie, de leur talent et de leur esprit d’épargne », conclut-il.
Dans les tribunes, il n’aura pas de match en revanche. Si Angela Merkel assistera à la rencontre, son homologue grec Antonis Samaras n’a pas fait le déplacement.
TF1.fr