Elément déterminant de la vie économique, le budget de l’Etat concocté pour l’exercice 2014 vise à relancer la machine économique, avec un accent mis sur les priorités du monde rural, les infrastructures, l’Energie, entre autres. Sauf que sous le prisme de la structure des dépenses budgétaires, l’Etat semble allouer la majeure partie de son enveloppe financière aux dépenses improductives.
Une politique budgétaire orientée relance. C’est l’objectif affirmé du gouvernement à travers ses orientations budgétaires 2014 qui prétendent mettre la priorité sur les dépenses favorables à la croissance et à la réduction des inégalités sociales, tout en annonçant une programmation des charges budgétaires, « marquée par la rationalisation des crédits » de fonctionnement et l’augmentation des ressources destinées à l’investissement. Ces orientations sont appréciées à travers les prévisions de dépenses du budget général qui s’établissent à 2732 milliards soi une hausse de 200,9 milliards (+7,9%) par rapport à 2013. Il apparaît cependant qu’entre dépenses courantes et dépenses d’investissement qui constituent essentiellement les dépenses publiques, le déséquilibre favorable aux premières est assez révélateur d’une cadence gouvernementale de « fonctionnement » plutôt que de relance.
Les dépenses courantes sont prévues pour 1704,4 milliards de FCFA et au titre de ces dépenses, les dépenses ordinaires (dépenses de personnel (traitements et salaires), service de la dette publique) sont prévus respectivement à 491,6 milliards et 523,4 milliards contre 467,1 milliards et 440,8 milliards un an auparavant. Rapportée aux recettes fiscales, la masse salariale devrait ainsi ressortir à 31,5%, soit en-dessous du plafond de 35% retenu au niveau communautaire. Les autres dépenses courantes (compte non tenues des dépenses au titre du FSE), sont quant à elles projetées 689,4 milliards en 2014 contre 630,3 milliards projetés en 2013.
En revanche, les dépenses d’investissement prévues à seulement 942 milliards n’affichent qu’une augmentation de 30 milliards (soit 3,2% en valeur relative). Une hausse imputable principalement aux investissements financés sur ressources internes.
Quand on sait que les dépenses courantes, de nature improductive, peuvent avoir un effet négatif sur la croissance et que l’impact des dépenses d’investissement, surtout en infrastructure, est généralement positif, on comprend mal les allocations congrues accordées à ces types d’investissement.
SITUATION AGGRAVEE
En tentant d’appréhender, à travers les données d’une trentaine de pays à faible revenu comme le Sénégal, l’effet de la politique budgétaire, de la structure des dépenses publiques et du financement du budget sur la croissance, il apparaît qu’une hausse des dépenses publiques courantes exerce plutôt un effet négatif sur la croissance, alors que les dépenses d’équipement favorisent la croissance. Ainsi, la progression des dépenses courantes doit être contenue au profit des dépenses en capital porteuses de croissance. Pour la simple raison que les dépenses courantes ne servent qu’au fonctionnement de l’administration dans son ensemble, mais aussi à honorer les versements d’intérêt au titre de la dette et au paiement des subventions et transferts. En revanche, les dépenses d’investissement sont celles qui visent à renouveler ou à accroître le capital public.
Or, le niveau des traitements et salaires est passé de 4% du PIB en 2002 à 6,2 % du PIB en 2012. La situation s’est donc aggravée dans les projections de dépenses budgétaires, à travers une hausse significative de 9,4% des dépenses courantes (dépenses de personnel et service de la dette publique) consécutive à l’impact du recrutement de 5591 nouveaux agents et à l’intégration dans la fonction publique d’environ 4 000 contractuels de l’Education. Sans compter les autres dépenses courantes (compte non tenues des dépenses au titre du FSE), qui passent de 630,3 milliards 689,4 milliards en 2014. Pendant ce temps, les dépenses de santé n’augmentent que de 7,95 milliards en valeur absolue.
En somme, si les dépenses courantes sont indispensables au fonctionnement des services publics, l’Etat ne devrait pas cependant allouer la majeure partie de son enveloppe financière à ce type de dépenses improductives. Malgré une progression non négligeable de 12% des dépenses d’investissement, l’orientation des dépenses publiques en capital et en ressources internes vers des secteurs de soutien à l’activité privée, notamment l’investissement public en infrastructures en plus d’une rationalisation plus accrue des dépenses courantes, devraient se refléter davantage dans les allocations des ressources budgétaires prévues. La tendance des dépenses en capital devraient aller autour de 20%.
De 4 % du PIB sur la période 2001-2006, les dépenses en capital sur ressources intérieures sont passées à 6,5 % du PIB entre 2007 et 2012. En revanche, les dépenses, financées sur ressources extérieures sont restées stables depuis 2001 (3,6 % entre 2001 et 2006 et 4,2 % entre 2007 et 2012). Au regard de son importance dans la croissance, il est important de maintenir le cap des dépenses d’investissement publics tout en améliorant certes leur efficacité.
Les dépenses publiques constituent ainsi un instrument privilégié de relance économique, mais leur impact dépend également de leur structure. Sous ce rapport, la priorité du gouvernement à travers ses prévisions de dépenses, ne semble pas être accordée aux dépenses favorables à la croissance.
Par Sudonline.sn